J'évitais de lever la tête un peu trop longtemps par peur de croiser son regard.
Je traversais le paddock avec un air étrange.
Le paddock est rempli et il est difficile de le traverser.Pourtant je finis par atteindre le garage. Les pilotes sont là.
Je les salue et finis par le blond qui depuis le début de ce week-end est toujours souriant.
Il est aux côtés de Lewis Hamilton que je viens de saluer.
Les pilotes vont partir pour la parade.
Le chien du septuple champion du monde traîne dans nos pieds avec un air d'innocence.
Pour tout le monde le voir traîner est normal. Seulement je ne peux pas m'empêcher de le regarder.
Finalement il finit par me regarder moi aussi faiblement je m'accroupis pour enfin le caresser.
Ma caméra que je porte dans une main filme le petit bout.
- Coucou toi.
Je n'aime pas parler aux chiens car j'avais conscience que c'était parfois ridicule.
Le changement de voix et les compliments. Tout ça était parfois trop pour un chien il faut le dire.
Pourtant le chien semblait apprécier mes caresses car sa bave finit vite par m'envahir la main.
- Il ne comprend pas le français.
Son maître sûrement protecteur m'avait regardé agir.
- Il pourrait. C'est pas compliqué le français.
J'avais parlé le plus naturellement possible avec le chien que j'avais oublié les différentes langues qui nous séparent.
- Pas vrai tu me comprends?
Il se secoue de manière inattendue. Ce chien comprend le français.
J'entends le rire de Lewis Hamilton.
- Il comprend le français rien que pour toi Maëlle.
C'est à mon tour de rire et de me remettre debout.La course débuta enfin et tout devient silencieux aussitôt.
Seul les mécaniciens faisaient du bruit le temps d'un arrêt qu'on avait à peine le temps de voir.
Sur l'écran se battent deux pilotes pour la première place laissant le public sans souffle.
Les pilotes Mercedes continuent de se battre la troisième place sans relâche.
Parfois lorsque mes yeux finissent par se perdre dans le bas du classement. Ils trouvent rapidement leur destination. Une fois que son nom apparaît.
C'est ainsi que je comprends que leur séance de qualification n'était pas la meilleure.
L'homme à l'écurie orange semble se battre pour la douzième place. Lui aussi sans relâche.
Lorsque les caméras changent et que je l'aperçois. Je crois que je compatis. Discrètement.Les fans sont pris de folie par ce podium. L'ensemble du public s'est avancé pour apercevoir ce podium de plus près. Réunissant trois pilotes de différentes écuries.
L'équipe Mercedes fait partie de celles qui se mettent à courir pour regarder l'un de leurs pilotes célébrer.
Je suis le mouvement sans réfléchir prise aussi par la folie.
J'aime voir à quel point certains sont passionnés. Des énormes sourires se créent sur plusieurs visages.
J'aime savoir que c'est un petit pas qui rend heureux. L'équipe peut enfin souffler, admirant leurs pilotes et acceptant leurs améliorations.
Je n'imagine pas le bonheur qu'un podium peut avoir pour tous les membres d'une écurie.
Alors j'admire la douche de champagne sans cesser de sourire.Le soleil est en train de se coucher. Le garage est presque vide pourtant je reste là.
- Elle va traverser le garage et tu reculeras petit à petit.
À travers mon écran de téléphone je me recoiffe avant d'être filmée.
Je fais attention que mes cheveux ne me donnent pas l'impression d'être sortie du lit.
- D'accord et on fini devant le garage?
J'entends les consignes et me prépare à les exécuter.
Comme par magie je retrouve mes habitudes. Celle de parler avec les mains à la manière d'une journaliste.
- Quel week-end! Merci de nous avoir suivis à travers les yeux de ces talentueuses femmes.
Inutile de préciser que j'ai fini par un discours encourageant pour les jeunes remplis de rêves.C'est ainsi que tout se termine.
Je finis par marcher seule, mon sac rempli de vêtements que l'écurie m'ont offert.
Mon avion m'attend dans à peine quelques heures et pourtant je me sens incapable de quitter cet endroit.
Pas parce que j'ai envie de vivre ici plutôt parce que j'ai peur de ne plus jamais être appelé.
Je ressens au fond de moi de la peur de ne plus jamais revenir, de me contenter de mon canapé et de ma télévision.
Je crains que je ne trouverai plus de mail au nom d'une célèbre écurie qui souhaite m'avoir à leurs côtés.
Alors j'aimerai figer le temps. Rien qu'un instant pour rester ici.À l'aéroport je sens un énorme poids qui semble presque me faire mal.
Le poids de la peur.
J'essaie de le faire disparaître en me perdant sur mon téléphone et malgré moi son nom apparaît.
Son message toujours sans réponse est accompagné d'un tout nouveau.
" Tu vas mieux? Avec des pilotes on sort pour profiter de Miami ça te dit?"
Il prend son rôle de protecteur un peu trop au sérieux mais je mentirai si je disais qu'il ne m'avait pas volé un sourire.
Je suis touchée qu'il puisse penser de m'inviter mais je n'y serais jamais y aller.
Je n'ai toujours aucune envie d'être vue avec un des pilotes et encore moins dans un contexte comme celui-ci.
Se parler dans le paddock ou apparaître avec un d'entre eux me convient bien.
Seulement être vue dans une boîte de nuit est synonyme de photos mises sur internet et ensuite de rumeurs.
Je lui réponds ma situation, que je suis assise dans un aéroport dans l'attente de mon avion.
C'est presque instantanément qu'il me répond. Était-il dans l'attente de ma réponse?
Ou se perdait-il sur son téléphone?
" Déjà? Bon retour, j'espère te voir à Monaco."
Monaco.
Il s'agissait déjà du Grand Prix de Monaco et je n'y serai même pas là.
La tristesse me fait presque oublié qu'il avait partagé son envie de me revoir. Je crois que je n'y croyais tellement peu pour réagir.
J'avais toujours cette impression qu'il voulait absolument s'assurer que j'allais bien comme traumatisé de m'avoir aperçu en larmes.
Comme un ami d'un grand frère. Je ne voyais pas pourquoi il agissait de cette manière.
Plus tard je lui répondis qu'il ne risquerait pas me croiser à Monaco.
Plus tard encore je me retrouvais dans un avion pour retrouver mon chez-moi.Un soir alors que je m'étais enfin décidé d'avancer pour ma prochaine vidéo.
Il m'a écrit et je me suis presque jeté sur mon téléphone sans trop savoir pourquoi j'avais réagi de cette manière. Je l'avais fait c'est tout.
Son profil était abonné au mien et parfois il aimait mon contenu.
Charles l'avait-il déjà fait une seule fois? Me suivait-il ou s'était-il contenté de simplement m'envoyer un message?
Parfois lorsque je n'arrivais pas à m'endormir. Il traînait là dans ma tête. Tard dans la nuit noire. Je pensais à lui. À ce regard lorsqu'il n'a pas voulu répondre à mes questions.
Je lui en voulais beaucoup plus que ce que j'essaie de montrer.
Il ne m'avait jamais donné une raison. Je crains qu'il ne m'a plus jamais regardé.
Je détestais le fait que tout me ramenait à lui.
Lando Norris finissait par me ramener au monégasque.Pourtant l'homme à l'écurie orange faisait tout me faire oublier mes larmes.
Chaque jours je recevais un message de sa part et ce soir. Je crus un instant de ne plus savoir lire.
" J'ai réussi à t'avoir un pass. Tu viens à Monaco du coup!"
Alors peut-être que oui il n'avait pas menti et souhaitait vraiment me revoir.
Je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire.
Refuser aurait été trop dur.
Accepter voulait pour autant dire beaucoup de choses.Accepter voulait dire que j'acceptais de finalement apprendre à le connaître.
Ça voulait aussi dire que j'acceptais de nouveau de discuter avec un pilote.
Ça voulait dire des milliers de choses.
Accepter voulait dire que j'étais ce que le public pensait de moi.
Après tout ça est-ce qu'il fallait vraiment franchir ce pas?
Je n'avais aucune réponse à toutes ses questions.
Aucune.
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Trust me
Fiksi Penggemar"Ces derniers jours ont été à usage unique. Peut-être que je l'étais aussi. Moi. À usage unique. Pour lui." Lorsqu'une journaliste rencontre le monde des pilotes et les failles qu'ils représentent. Entre joies et tristesses finira-t-elle par re...