chapitre trois

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Comme si quelqu'un m'entendait.
Mon seul vœu s'exauce rapidement.
Ma valise est à nouveau faite et je suis excitée de partir à nouveau.

Lors d'un appel téléphonique avec ma responsable.
J'apprends le programme qu'ils m'ont réservé pour ce week-end de Grand Prix.
Je serai en binôme de consultant, envoyé spécial.
Je vais passer ma journée à me promener dans le paddock, à parler de certains sujets. Parfois même discuter avec les pilotes qui passent.
C'est tout nouveau pour moi.
J'imagine le stress que l'ont doit avoir lorsqu'il s'agit d'un direct pourtant rien de tout ça m'enlève l'excitation que j'ai.

Jeudi après-midi. J'atterris enfin.
Je découvre une nouvelle chambre d'hôtel, une nouvelle ville.
Quelques instants après avoir allumer ma caméra. Le prénom de mon collègue me traverse l'esprit. Je me souviens qu'il m'avait confié qu'il était déjà sur place.
Alors tout d'un coup je n'ai plus envie de rester seule.
La sonnerie ne dure qu'un très peu de temps car il décroche.
- Tu es arrivée c'est ça?
Je pouffe de rire et admets.
- Exactement. Tu fais quelque chose?
- Pas du tout..Sors dans le couloir.
C'est ce que je fais. Sans oublier ma caméra.

Au fond du couloir de cet hôtel. Il se tient là.
Je me mets à le filmer s'approcher.
- Prêt pour ce week-end?
- Je suis toujours prêt. Est-ce que toi tu es prête?
Il penche sa tête pour me regarder derrière la caméra.
- Prête.
C'est à son tour de pouffer de rire.
- Je sors. Tu viens avec moi?
J'accepte et je me retrouve à l'accompagner dans l'achat de ses courses.
Je découvre la nourriture du pays et je finis par moi aussi acheter de quoi manger.

Les cheveux encore mouillés. Je suis assise sur ce lit.
Je me perds sur mon téléphone.
Au fond de moi j'essaie de noyer le stress qui commence à se créer.
Je lis les retours sur ma dernière vidéo. Beaucoup sont positifs.
Certains me font sourire et je finis par m'endormir.

- Aujourd'hui on va principalement parler des nouvelles modifications. Sur le circuit comme sur les voitures.
J'acquiesce en silence tout en écoutant attentivement.
- On va se promener devant les garages et discuter. Je suis drôle alors ça devrait le faire.
Il finit par une pointe d'humour qui relâche un peu la pression qui s'est installée.
- D'accord. Ça va le faire.
L'homme me tente un micro que je vais devoir tenir.
- On va aller dans le paddock.
Silencieuse. Je me contente de le suivre.

On passe un long moment sur l'allée principale.
Le caméraman en face de nous. Marchant à reculons me stresse.
Je m'imagine les pires scénarios, qu'il tombe ou qu'il heurte quelqu'un.
Pourtant rien de tout ça ne se produit.
Lorsque nous passons en direct, c'est notre moment à nous.
- Effectivement aujourd'hui on va se pencher sur les monoplaces qui vont subir de nouvelles modifications.
C'est à mon tour. Je prends la parole.
- Elles sont nombreuses. On attends donc des essais libres surprenants ici. À Baku. Ferrari ont annoncé "avoir trouvé la solution à leurs problèmes". Qu'est-ce qu'on en pense?
Mon binôme reprends parfaitement la parole.
Puis nous continuons notre marche.

Lors de la pause entre les deux essais libres de la journée.
Je me retrouve à traverser le paddock à toute vitesse pour trouver des toilettes.
Je me sens observée. J'ai sûrement l'allure d'une folle mais c'est maintenant ou jamais.
Une fois les toilettes trouvés, me voilà soulagée. Je peux enfin respirer et marcher à une vitesse toute à fait normale.
- Maëlle?!
Je m'arrête un instant, complètement surprise d'entendre mon prénom. Crier de cette manière, venant d'une voix qui me paralyse légèrement.
- Là.
J'ai envie de disparaître quand je réalise qu'il s'agit de Charles Leclerc qui vient de crier mon prénom et qu'il est là avec ses quelques amis.
Je m'efforce à sourire mais au fond je n'en ai aucune envie.
Je sens tous les regards braqués sur moi lorsque je fais demi tour vers lui.
Évidemment qu'on regarde une femme qui se dirige et qui se fait interpeller par un homme comme lui.
- Salut.
J'arrive à sa hauteur et il me fait la bise.
Je salue ses amis. Sans trop savoir de qui il s'agit.
- Ça va? Je t'ai pas vu aujourd'hui aux interviews.
Ses yeux se plantent dans les miens.
- C'est normal. Je fais pas d'interviews ce week-end.
Son visage s'éclaircit et ses sourcils se lèvent.
Je vois les hommes à ses côtés me dévisager.
Peut-être qu'ils me jugent.
Est-ce que leur ami avait parlé de moi?
- À plus tard alors?
- Oui à plus tard.
Je pars en lui faisant un signe de main sans me retourner par peur qu'ils me regardent encore.

- Justement nous sommes devant le garage de Charles Leclerc. Qui a réalisé une très bonne première séance d'essais libres. Qui a donc réglé les problèmes qu'il avait pu avoir avec l'arrière de sa voiture quelques semaines plus tôt.
Le garage derrière nous est rempli. Plusieurs mécaniciens sont autour de la voiture.
- C'est ce que les essais libres de ce matin nous font comprendre. Il termine deuxième pourtant aucune modification n'est visible à l'arrière de la voiture.
Je me sens à l'aise. J'aime parler dans ce micro.
Tout devient presque naturel.
Notre caméraman nous quitte pour venir filmer de plus près le pilote de cette monoplace rouge.
Il est en combinaison.
Je le vois regarder la caméra puis me regarder moi.
Je reste immobile car mon collègue me regarde à son tour.
Charles Leclerc ne sait pas être discret. Il plonge son regards dans le mien pour finir par me faire un clin d'œil.
N'importe qui aurait pu réaliser qu'il m'était destiné et je suis visiblement entourée de gens très intelligents.
Car même le cameraman semble perdu.
J'avoue que je n'apprécie pas ce moment. J'ai l'impression d'être sous les lumières d'un interrogatoire.
De plus nous sommes en direct et que je travaille.
Je me dois d'être professionnelle et surtout me faire discrète. Mon contract n'a rien de sûr. Je suis nouvelle et je suis facilement remplaçable.

Peu importe j'évite son regard à tout prix et ne sourit presque plus.
Il ne faut pas qu'il me déstabilise. Lui et ses yeux.
Je respire et me revoilà en direct.
Rien ne sort lorsque je dois reprendre la discussion.
Des millers de secondes se passent, d'interminables secondes. Qui me semble durer toute une éternité.
- Les lumières sont Charles Leclerc et son coéquipier Carlos Sainz. Baku qui n'a pas réussi aux Ferrari ces derniers années.
Le regard noir de l'homme qui porte la caméra me ramène tout à coup à la réalité.
Je suis en train de tout rater.
Je baisse la tête comme pour me faire taire intérieurement. Inspire un bon coup et regarde la fiche que je tiens dans ma main pour essayer de revenir naturellement à mon travail.
"Redbull"
- Celui qui est aussi sous les lumières. C'est Sergio Pérez. C'est un circuit qu'il apprécie énormément. Alors on s'attend à une réelle bataille dès demain pour les qualifications.
Mon collègue me regarde. Un sourire de professionnel sur les lèvres.
Il est parfaitement où il devrait être.
- Justement Maëlle! On va s'approcher des Redbull et de leurs pilotes.
C'est ainsi qu'on redonne le direct à nos collègues disposés un peu partout autour de ce circuit.

- On m'avait dit qu'il t'avait remarqué le Charles mais je ne pensais pas à ce point là.
Les deux hommes se mettent à rire.
- Tu fais ce que je veux tu sais? Mais essaie de ne pas être perdue..Je comprends c'est Charles Leclerc après tout!
Bien que ce ne soit pas mon truc. Je ris jaune tellement qu'il a dû le voir.
- Je m'y attendais pas.
- C'est pas très grave. Tu as su revenir.
C'est avec beaucoup de gêne que je finis ma journée.
Ma seule envie fut de m'allonger dans ma chambre d'hôtel. Loin du direct. Loin de garages.

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