5 : Animaux

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Je vais voir Alessio après m'être lavé les mains. Il méritait tout ce qu'on vient de lui faire. Mais mon père n'a pas été assez satisfait, donc il y reste.

Je le vois en train d'admirer un oiseau dans le jardin, assis sur l'une des chaises. Il adore les animaux, on dirait.

— Alessio ?

Le petit oiseau s'envole en m'entendant et il tourne la tête vers moi.

— Tu as déjà terminé ?

— Ça fait une heure moins quart, Alessio. dis-je en m'asseyant à côté de lui.

Il regarde sa montre.

— J'ai pas vu le temps passer. dit-il en soupirant. On va ramener ton frère dès que mes hommes auront fini de retirer tous les cadavres. À part si vous ne voulez pas rester ici ?

— Le temps de trouver une autre maison, je pense qu'on restera ici.

Il n'a pas l'air d'aller bien, honnêtement.

— Tu m'as beaucoup mentionné quand tu parlais.

— Bah, je peux plus dire la fille d'Espanto, donc je dis la femme d'Alessio.

— Et bientôt ex-femme.

— Oui, bientôt. Et d'ailleurs, il faut une bague. Si tu veux faire croire tout ça à ton père, il faut s'investir.

— Ne t'inquiète pas,Vera, je m'occupe de tout. Tu auras juste à mettre une robe et des talons, et à faire comme si tu étais amoureuse de moi.

Je garde le silence quelques secondes, les yeux plongés dans le vide.

— Pourquoi tu es tout le temps avec des animaux ?

— J'aime bien les animaux. Je trouve qu'ils sont bien mieux que les humains. Un animal domestique, si tu lui donnes de l'amour, il te le rendra, parce qu'il le sentira et il sera reconnaissant. Il t'aimera. Alors que chez les humains, tout ce qui compte, c'est le fric. Les animaux n'ont aucune pensée, Vera, tout ce qu'ils demandent, c'est un peu d'attention, et ils passeront les nuits avec toi, sinon ils gratteront à la porte.

— Tu parles de Blacky, là ?

Il ricane faiblement.

— Ouais, elle le fait souvent. J'aime les animaux, ils vivent dans un autre monde, on est juste venu le détruire.

— Tu as un amour réel pour les animaux.

Il hoche la tête.

— Ça me vient de ma mère. Elle, elle adorait les oiseaux. Surtout les perroquets, mais mon géniteur ne les supportait pas, donc avec ma mère, tous les jeudis matins, on se levait en avance pour aller à l'animalerie, et ma mère pouvait rester pendant des heures si elle le voulait. Mais une seconde fois, mon géniteur n'acceptait pas.

— Ta mère n'était pas en prison. Alessio, il n'avait pas le droit.

— Si, elle l'était, Vera. Son amour l'enchaînait, et elle a fini par se faire tuer. Elle ne l'aimait pas. Elle restait avec lui pour nous. Mon père est le pire humain de ce monde.

— Pourquoi tu ne le tues pas ?

— Il possède trop de choses sur le business que je n'ai pas encore récupérées. Sinon je l'aurais tué depuis si longtemps.

Je prends ma chaise et m'assois face à lui. Mettant mes jambes entre les siennes.

— Alors vole et tue-le.

Il ricane et se penche en avant.

Ses mains se posent sur mes cuisses, me faisant frissonner.

— Tu vois les choses de façon si simple, Vera.

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