ALVE

30 : Deux années

Verana
Ce jour, cette année, ce mois, cette heure, cet avion.

Je vais enfin le revoir...

Beaucoup de temps est passé, énormément de temps.

Je me suis débarrassée de tous ces problèmes, je n'y suis plus mêlée.

Mes filles ont déjà perdu leur père, elles ne peuvent pas me perdre.

Mais aujourd'hui, il revient, après deux ans...

Il a pu m'appeler qu'une seule fois, en deux ans.

Oh mon dieu, c'était une torture. Être loin de lui est la pire des souffrances qu'on puisse m'infliger.

Il m'a appelé une seule fois et il a tout risqué.

Il m'a appelé le soir où j'ai accouché de notre fils. Malgré le risque que la police retrace l'appel.

Ensuite, il m'a donné l'île où on a emménagé, l'année, le mois, le jour, l'heure.

Je le vois sortir de l'avion, mes deux princesses à côté de moi.

Je sens mon cœur s'arrêter quand je le revois.

En deux ans, il n'a pas changé.

Je suis dans un rêve ? Il est réellement là.

Il est vraiment revenu...

Il s'approche de moi à petits pas. Quand il arrive face à moi, je le regarde dans les yeux un instant avant de l'enlacer.

Son odeur n'a pas changé, rien n'a changé.

Mes larmes commencent à couler et les siennes aussi.

C'était une vraie torture. Je ne sais même pas comment j'ai réussi à survivre sans lui.

— Mon amour...

Ses lèvres se scellent aux miennes.

La douceur de ses lèvres m'avait manqué. Je la redécouvre enfin.

On reste enlacés de bonnes minutes avant qu'il ne se détache de moi et qu'il s'accroupisse pour voir nos filles.

— Maman... disent-elles en se cachant derrière moi.

Elles ne se souviennent pas de lui, il faut qu'elles se réhabituent.

— C'est votre papa, les filles.

Je m'accroupis à mon tour.

— N'ayez pas peur. Tu te souviens quand j'ai dit que ton père allait revenir ? Il est revenu. C'est lui.

Elles s'approchent doucement et l'enlacent.

Il les embrasse et les câline un moment aussi. Elles s'habituent vite aux autres, elles n'auront pas de mal avec leur propre père.

— Et notre fils ?

— Il est à la maison, il fait sa sieste.

Son sourire est rempli de bonheur alors qu'Alice rigole comme un petit ange.

Je les installe dans la voiture et il conduit.

— Tu vas bien, moya lyubov' ? me demande-t-il en enlaçant sa main dans la mienne.

J'hoche la tête.

— Tu m'avais manqué. Alessio... il faut que tu me dises où tu étais.

— Je t'expliquerai tout quand on sera seuls.

— Le monde ne veut vraiment pas qu'on se marie.

Il ricane.

— Je crois qu'on devrait même abandonner le mariage, on n'a pas besoin de ça pour savoir qu'on s'aime, Vera.