11 : Court appel

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Alessio
Je fixe son numéro sur l'écran de mon téléphone.

J'ai appris qu'elle avait avorté il y a à peine une semaine. Mais qu'est-ce que je vais lui dire ? "Salut, joyeux avortement" ?

Je vais attendre qu'elle m'appelle. Et si elle ne le fait pas, je le ferais.

- Alessio.

Je relève la tête vers Alex, mon premier petit frère.

- T'es sur la lune ou quoi ?

- Désolé, on parlait de quoi ?

- Du gala Bol shoy, tu sais celui que tout le monde attend toute l'année pour faire les plus grosses affaires de Noël.

Je récupère ma cigarette du cendrier.

- On invite Vera ou son père ?

- Invitez les deux. Ils gèrent le business ensemble.

Il note sur sa feuille.

- Tu as passé les commandes ? Je demande à Alexio.

- Oui, on devrait tout recevoir demain. De toute façon on laissera les employés assister à leurs réveillons, ils prépareront tout le matin.

- Et la tâche que je t'ai donné ?

- Il faut que j'aille chez le bijoutier pour récupérer le collier.

- Le budget est respecté ?

- 10 000 comme tu nous as dis.

- Parfait. Je vais faire un tour au club, j'ai des rendez-vous. Dis-je en me levant.

- Dit juste que tu vas aller mater nos strip-teaseuses.

- Non j'ai vraiment des réunions.

Je récupère ma veste et sors de là.

J'allume mon téléphone, et bien sûr le numéro de Vera est la première chose que je vois.

Je n'arrête pas de penser à elle. Matin, midi, soir. Elle ne sort pas de ma tête.

Cette nuit qu'on a passé ensemble, j'aurais pensé que ça aurait définitivement clôturé ma relation avec elle, mais non. Ça a empiré les choses.

Je décide d'appuyer sur le numéro, de longues et longues sonneries retentissent avant qu'elle ne décroche.

- Alessio ? Pourquoi tu m'appelles ?

- Je voulais... savoir comment tu allais. J'ai un peu suivi tout ce qui s'est passé.

- Tu me surveilles ?

- Pas du tout ! Les infos circulent vite c'est tout.

- Si tu le dis, je ferais semblant de te croire.

- Je t'ai réveillé ?

- Je n'étais pas en train de dormir, donc ça va.

- Mais il est cinq heure du matin chez toi ?

- Pour être honnête, je ne trouvais pas le sommeil à cause de certaines choses qui se passent.

Son avortement j'imagine...

- Et toi ? Avec toute honnêteté, pourquoi tu m'as appelé ?

- Bah... même si ça a l'air égoïste et arrogant quand j'ai vu que c'était terminé avec Livio j'ai réussi à oser t'appeler. Parce que tu me manques, vraiment... le seul son de ta voix me fait du bien.

Je crois que jamais je n'ai dévoilé mes sentiments de cette façon à quelqu'un, ça me fait si peur... mais je ne peux m'en empêcher.

- Toi aussi tu me manques...

Je soupire.

- Je veux que tu viennes en Russie Vera... je sais que je t'en demande énormément. Mais je te jure que j'ai tout essayé, même l'hypnose mais j'y arrive pas.

- L'hypnose ?

- Je suis parti voir un psy !

Elle rigole.

- Et qu'est-ce qu'il t'a dit ?

- Il m'a dit que j'avais des tendances meurtrières trop dangereuses. Il a voulu appeler la police.

Elle explose de rire à mes paroles.

Je suis content d'entendre à nouveau sa voix.

- En réalité... la première cause de ma rupture avec Livio était toi. Parce que à la base c'était seulement un pansement...

- Et tu es tombée enceinte.

Elle soupire.

- De toute façon on pourra en parler face à face si tu viens à mon gala.

- Je viendrais, à part si je meurs avant.

- Vera dit pas des choses comme ça tu vas porter malheur.

Elle ricane.

Et à partir de là, je goûte au bonheur de discuter avec elle.

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