Je dépose un de mes tee-shirts dans un sac qui est immédiatement scellé. Il possède mon odeur, car j'avais pour obligation de le porter pendant trois nuits afin qu'il s'imprègne de mes phéromones. La dame colle une étiquette avec mon numéro de candidature dessus et me demande de suivre le chemin tracé au sol pour la suite.
Cette fois, c'est à mon tour de renifler les vêtements des vingt prétendants. Je porte à mon nez le premier, inspire profondément et retiens une forte envie de vomir. Le tabac me retourne le bide. Je note donc que je dois me calmer sur la dose à sentir pour les prochains.
Le deuxième empeste la moisissure, un autre le raisin sec, le suivant cocotte le Yves Saint-Laurent. Le sixième est plus fade, mais les notes poivre et café ne me dérangent pas. Quant au dixième, c'est à se demander s'il n'a pas couru un marathon tellement la transpiration se dégage du tee-shirt.
J'arrive au douzième et, là, je dois dire que c'est un coup de foudre olfactif : c'est épicé et boisé. L'effluve du tissu est juste exquise, à tel point que j'aimerais cacher le vêtement sous ma robe et m'enfuir avec pour qu'aucune autre ne puisse s'imprégner de cette émanation presque orgasmique.
Je continue et renifle l'avant-dernier sac qui sent très bon aussi. C'est une fragrance plus délicate, musquée. Je note donc les trois numéros qui m'ont fait vibrer et les trois qui m'ont répugnée, avant de filer dans la pièce suivante.
J'entre dans cette grande salle de classe, remplie de tables et de chaises en bois. Je me glisse à côté d'une jeune femme, la trentaine, cheveux roses et piercing aux creux de ses joues. Elle me sourit et engage rapidement la conversation.
— J'espère qu'ils vont me dégoter un métalleux. Tu sais, le genre tatoué, percé, avec de longs cheveux soyeux.
— Je te le souhaite de tout cœur.
— Et toi, c'est quoi ton genre ?
— Un gars sympa, attentionné et doux, rêvé-je.
Elle m'adresse un sourire crispé et lance un «ennuyant» qu'elle pense discret. Après quoi elle se lève pour rendre sa fiche complétée de toutes les informations la concernant. Puis elle me souhaite bonne chance et disparaît.
Une autre nana débarque et s'assied à ma droite.
Bon, question une... Avant un coup de téléphone, répétez-vous à chaque fois ce que vous allez dire ? Pourquoi ?
Je rigole nerveusement.
Ouais, c'est totalement moi. Je note même sur un bout de papier les informations importantes. Et si je peux communiquer d'une autre manière, par mail ou message, je le fais volontiers passer avant l'appel téléphonique. Appeler me fout un stress de malade, mais le pourquoi m'échappe totalement. Maintenant j'espère surtout qu'on va me trouver un gars moins timide et qui n'a pas cette appréhension du téléphone, sinon on est dans la panade pour régler toutes les affaires, les rendez-vous ou les réservations.
Question suivante... Votre maison, qui contient tout ce qui vous appartient, prend feu. Après avoir sauvé votre famille et vos animaux de compagnie, vous avez le temps de récupérer en toute sécurité une seule chose. Quelle serait-elle ? Pourquoi ?
Je mordille l'ongle de mon pouce, réfléchis sérieusement à cette mise en situation et panique à l'idée de donner une mauvaise réponse. Je sais pourtant qu'elle n'existe pas, que c'est très personnel.
Ma guitare ? ...
Je rature ce que je viens d'écrire. Je me dis que tout peut se racheter, que ce sont seulement des biens matériels. Par contre, l'album photo de la naissance de Thomas et moi a plus une valeur sentimentale. Je note cette réponse, sûre de moi.
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The science of love
Romance♥️🧪📱🇨🇵 Parisienne et pâtissière hors pair, Juliette n'aime pas les fioritures et encore moins se mettre en avant. Sa vie se résume à lire dans son canapé, à regarder des films romantiques et à manger avec son jumeau, Thomas. Cependant il lui ma...