Epilogue 1

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6 mois plus tard

Juliette

Estéban me coince adroitement contre l'évier de la cuisine. Le voyou s'empare sans scrupule du chiffon que je tiens dans mes mains pour essuyer le bout de mon nez.

C'est vrai que j'ai de la farine étalée sur le visage, mais la faute lui revient entièrement. Après tout ce temps passé à cuisiner ensemble, on aurait pu croire que mon mec comprendrait ce principe de base qu'on enseigne même aux enfants: on ne joue pas avec la nourriture. Mais non, c'est plus fort que lui. Qui dit «farine» dit «bataille» !

Je me laisse faire et ferme les yeux pour profiter du moment, surtout celui où il scelle l'armistice de cette farine-fight avec un baiser sensuel.

— J'ai pas signé pour ça, putain ! proteste mon frère, indigné.

Ah oui! Il y a Thomas et j'avais presque oublié sa présence. Mon homme – j'adore dire ça – s'écarte de moi et lance une boule de pâte à pizza en direction de mon frère.

— Réflexe !

Thomas attrape habilement la pâte avant qu'elle n'atteigne sa tête et la renvoie à mon petit ami en riant.

— Les gars ! Arrêtez de jouer avec notre repas, s'il vous plaît !

Mon mec et mon frère sont de vrais gamins, mais je les aime tous les deux d'un amour inconditionnel.

***

Le repas se termine avec un jeu que mon frère et Estéban ont élaboré pour célébrer en grande pompe l'ouverture de mon food truck.
Thomas bande mes yeux tout en m'expliquant les règles.

— Morales et moi avons concocté quelques desserts. Nous n'avons pas pu utiliser tes recettes, étant donné que mademoiselle garde ses secrets bien enfouis et ne les partage même pas avec les deux hommes les plus importants de sa vie, proteste-t-il d'un ton taquin.

Je n'arrive pas à retenir mon rire pendant qu'il continue:

— Ton défi sera de deviner non seulement le nom du dessert, mais aussi le créateur entre Morales, toi et moi.

De la cuisine, mon copain lance un cri de mise en garde:

— La pression monte, Love !

Je lui fais un signe de la main pour le rassurer.

— T'en fais pas, je vais tout défoncer, réponds-je avec assurance.

Au milieu du brouhaha des assiettes, couverts et autres préparations, des rires et des chuchotements arrivent à mes oreilles. Je me surprends à douter de ma décision de faire confiance à ces deux pitres. Après tout, ils sont friands de jeux délirants, adeptes des plans farfelus et de blagues en tout genre. Finalement, je ne crois pas avoir envie de recevoir leurs félicitations.

— Ouvre la bouche, frangine ! s'exclame Thomas d'un ton enjoué.

J'expire doucement, me préparant psychologiquement à accueillir la portion de dessert. C'est une tarte à la fraise qu'il enfourne dans ma bouche. Je mâche et l'amertume m'envahit instantanément. Ma grimace est très expressive.

— C'est certain, c'est votre chef-d'œuvre, les gars. À moins que vous ne pensiez que le sel puisse se substituer au sucre ? lancé-je d'un ton sarcastique, un sourire en coin. C'est bien une connerie que pourrait faire mon frère...

— P'tain Thomas ! Tu étais en mode pilote automatique ou quoi ? se moque son complice.

— Ouais, désolé.

Deuxième bouchée, je découvre une tarte au citron. Très clairement, les saveurs sont parfaitement équilibrées, il n'y a pas d'erreur possible.

— C'est ma tarte aux citrons !

Mon frère valide.
On m'en présente un autre; c'est une cuillère de tiramisu cette fois-ci. C'est plutôt bon, voire délicieux. Je lèche la crème restante au coin de ma bouche.

— Ce n'est pas mon tiramisu, il est un peu trop alcoolisé. Mais je suis certaine que c'est Estéban qui l'a cuisiné. Tu es doué, Love.

— Pas plus que toi.

Il m'embrasse.

— Arrêtez de vous embrasser, ça me dégoûte là ! grogne To' dans mon dos.

— Encore un. Mâche bien ! me prévient Estéban.

J'ouvre la bouche et accueille le délice à la pomme. C'est ma création. Enfin, c'est ce que je pensais jusqu'à ce que je sente quelque chose de dur dans ma bouche. C'est rond, solide...

Oh !

Je retire rapidement le chiffon qui m'aveuglait et mon regard se pose sur Estéban, un genou en terre devant ma chaise. Je fais mine de m'étouffer, de tousser. Je me lève d'un coup. Mon futur mari - oui, c'est vrai, j'ai volontairement saboté sa demande en mariage, mais c'est tellement hilarant - se lève d'un bond et me donne un petit coup dans le dos pour m'aider.

— Juliette, tu vas bien ? s'inquiète-t-il. Elle s'étouffe avec la bague !

— Attends, je... je veux... bien..., fis-je en jouant le jeu.

Je tire la langue, sors la bague de ma bouche et regarde l'amour de ma vie, le regard rassuré.

— Je veux bien t'épouser, Estéban.

Ses yeux s'écarquillent de joie, de bonheur. Il s'avance, rassuré de me savoir en vie et prend le bijoux de ma main pour le glisser à mon doigt.

— Tu m'as fait peur, chuchote-t-il.

— C'était plus fort que moi, désolée.

Pendant ce temps, Thomas passe à côté de nous, lance un clin d'œil amusé, attrape le foulard et le dépose devant ses yeux.

— C'est bon, vous pouvez vous embrasser, je ne vois rien.

La scène est irrésistiblement drôle et touchante à la fois. Elle symbolise parfaitement la complicité et l'amour qui règnent entre nous.

Ma vie est parfaite et mon cœur est comblé.


Il reste un Epilogue 2 et un chapitre BONUS ♥

Petit cadeau - Morales Estéban

Petit cadeau - Morales Estéban

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