The science of love

Chapitre 5

Thomas disparaît dans les toilettes. La serveuse nous sert nos cocktails et s'éloigne de notre table, non sans décrocher un clin d'œil suggestif au bel Espagnol en face de moi.

— Mon frère mange chez moi deux fois par semaine et on se mate souvent des films ensemble.

— Alors nous en sommes là ? rétorque Morales en buvant sa bière blonde directement au goulot.

— Comment ça ?

— La garde alternée de ton frangin.

— Ne crois pas une seconde que vous allez passer toutes vos soirées entre potes à comparer la taille de vos pénis, OK ?

Il étire ses lèvres, les pince, se retient d'exploser de rire dans tout le restaurant. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Il déclenche en moi un tsunami de rage. Je suis partagée entre l'envie de l'étriper et celle de goûter à ses lèvres. Quel goût ont-elles ?

Quelqu'un a drogué mon verre, j'en suis certaine !

Comment pourrais-je m'intéresser à cet énergumène ? Il est beau d'accord, mais le physique n'est pas aussi important que ce que cache un cœur. Et lui, il dévoile tout de son caractère de merde au grand publique, sans aucune honte.

— Je ne suis pas un briseur de jumeaux, largue-t-il.

Il se lève, pose ses mains sur la table et se penche vers moi.

— Sauf que ton frère viendra accompagné à tous ses repas avec toi, me menace-t-il.

Mes joues s'empourprent; mon palpitant s'affole alors qu'il ne le devrait pas. Morales me toise et, à cette distance, j'arrive à détailler son iris cerclé d'un bleu de cobalt. A l'intérieur, c'est un bleu aigue-marine presque transparent qui perfore ma pupille; ses reflets verts me font plonger au plus profond de son âme. Ma bouche est sèche, ma peau est couverte de chair de poule et mon sang se glace. J'ai l'impression d'être une ado face à la star du lycée.

Je suis pathétique...

— Morales, tu recules ! intervient la voix de mon frère à ma droite. Je t'ai dit interdiction de l'approcher à moins de soixante centimètres, renchérit-il.

— Nous étions en train de nous battre pour toi. Maman veut ta garde exclusive !

À aucun moment, il ne détourne son regard du mien. Il reste là, penché, sans se soucier un seul instant de la plainte de mon frère. En plus de cela, il donne clairement la raison de notre désaccord.

— Et papa compte s'in-vi-ter à la maison quand tu seras chez moi, grogné-je.

— Oh putain! Vous êtes complètement tarés tous les deux, réalise Thomas.

Il prend place sur sa chaise, saisit sa bière et trinque rapidement avec son pote avant de boire sa première gorgée.

Mon frère a zappé de trinquer avec moi. Je déteste ce connard de Morales !

Cette fois, c'est un serveur du nom de Mathias qui vient prendre notre commande. J'opte, comme mon frère, pour des Enchiladas à la mexicaine tandis que l'intrus de la bande choisit un Birria d'agneau. Ce restaurant mexican est notre fief, notre petit coin à nous. J'adore venir ici. Alors que Morales continue de voler toute l'attention de mon frère, je bous à l'intérieur de moi. L'envie de l'étriper devient un besoin presque viscéral. Je me lève, me dirige vers le bar et interpelle la serveuse.

— Excusez-moi, j'ai oublié de demander la double dose de piment dans le Birria, s'il vous plaît. Table 12.

— Êtes-vous sûre, mademoiselle ?