Chapitre 6

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Le soleil trouve le chemin de ma chambre, se reflétant sur mon miroir. Il m'éblouit de bon matin et me force à me lever. Je saute sur mon téléphone et découvre un message de mon, peut-être, âme-sœur, Estéban.

Estéban : Salut toi. Tu es plutôt café, jus d'orange ou thé, le matin ?

Il joint à son message une photo du thermos de café Starbucks qu'il tient dans sa main, son prénom écrit dessus. Ses mains très masculines sont grandes et fortes. Je les imagine déjà entourer mon visage ou se poser sur mes hanches. Je frissonne à cette idée.

Moi : Tu as oublié le chocolat chaud... mais j'ai une préférence pour le café, bien sucré avec un nuage de chantilly. Tu vas travailler ?
Salut toi.

Estéban : Je commence la journée par un peu de sport. Et toi ?

C'est un sportif. Du coup je me sens un peu mal à l'aise de lui dire que ce n'est pas mon truc.

Moi : Oh pareil. Je me lève, je fais une dizaine de pompes, un footing aux Champs-Elysées et ensuite je vais travailler dans mon cabinet d'avocat...

Pour lui faire comprendre, avec humour, que ce n'est pas vrai, je prends ma chambre en photo. Il comprendra que je suis encore dans mon lit.

Moi : Mais je suis motivée pour aller poser des CV en ville, même si je déteste sincèrement ça : timidité quand tu nous tiens. J'ai constamment peur d'échouer et de rêver à trop grand.

Le regret s'empare immédiatement de moi quand je réalise que j'ai déjà envoyé mon message. N'est-ce pas trop de parler de mes défauts dès le départ ? Ne suis-je pas censée me mettre en valeur et lui énumérer toutes mes qualités ?
En réponse, mon interlocuteur m'envoie une autre photo, celle d'une jolie phrase motivante : « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles. » *

Estéban : Je ne peux que t'offrir un soutien virtuel pour le moment, mais si d'ici notre rencontre, tu ne trouves pas la force nécessaire pour dépasser ta timidité, je te promets de venir avec toi. En revanche, si tu décroches un job avant, je pourrai t'emmener fêter ça dans un très bon restaurant parisien. Est-ce que ça te tente ?

Mon cœur fait un salto dans ma poitrine. Ce mec n'est pas en train de me juger, de me dire que je dois dépasser mes craintes et mes peurs. Il se propose d'être un soutien, de m'épauler du mieux qu'il le peut. Avoir un travail ne relève pas forcément d'un exploit, mais il souhaite quand même fêter ça si j'arrive à en dégoter un. Il est...

— Parfait, soufflé-je en m'enroulant dans la couverture.

Après m'être brossée les dents et avoir enfilé une robe, je me pare de mon manteau et sors sous le soleil brillant, motivée pour la recherche d'emploi. Je pousse la porte d'une boutique de pâtisserie, tremblotante et déjà moite. J'avance, indécise, et sens ma poche vibrer. Je sors mon portable de la poche et découvre un message d'Estéban.

Estéban : Bonne chance miss 76%!

Ma respiration reprend. Je ne m'étais à peine rendue compte que j'avais arrêté de respirer quelques secondes.

Un homme en tablier blanc plonge ses mains dans la vitrine et en sort une parfaite tarte à la framboise. Le sourire aux lèvres, il dépose la gourmandise dans un carton transparent et engage la conversation avec sa cliente qui trépigne d'impatience. Elle veut croquer dans ce délice fruité et je la comprends.

— Que puis-je faire pour vous ? s'enquiert-il.

Il nettoie ses mains sur son vêtement de protection et son visage s'illumine quand il se tourne vers moi.

The science of loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant