Le hangar est spacieux et lumineux. J'avance vers le comptoir et demande à la responsable si quelque chose a bien été réservé au nom de Patrick. La dame, vêtue d'une blouse marron, tape sur son clavier et hoche la tête.
— Nous pouvons débuter un cours d'ici vingt minutes. Veuillez attendre ici.
Elle nous désigne deux canapés bleu canard qui font face à toute une collection de céramiques, posée sur des étagères. Mon accompagnatrice paie pour accéder au cours et pose ses fesses sans délicatesse à côté de moi.
— Il a prévu combien d'activités, Roméo ? me questionne-t-elle.
Je hausse les épaules, me lève, avance jusqu'à la grande machine noire et pousse quelques pièces dans la fente dorée. La machine vrombit, claque et un verre apparaît. Le premier café coule. Je retire la boisson et fixe mon regard sur la seconde qui est prête en quelques instants.
— Estéban a parlé d'une journée en amoureux, donc j'imagine que nous en avons encore pour un bon moment. Tiens, un café.
Elle accepte la tasse, souffle sur la fumée et aspire la première gorgée avec précaution pour ne pas se brûler.
— Pourquoi choisir les comédies romantiques comme fil conducteur ? s'enquiert-elle.
— Parce que j'en suis fan et il le sait. Je ne sais pas si c'est son style de film, mais il fait l'effort de s'y intéresser en tout cas; j'apprécie.
— Ce n'est pas monsieur 76% pour rien, réalise-t-elle. Et tu n'as pas peur de...son physique ?
Une moue déformée et assumée se crée sur son visage. Bien sûr que j'appréhende le fait qu'il ne me plaise pas, mais en soit, je me dis que si des papillons arrivent déjà à se former dans mon estomac quand il m'envoie des messages, notre rencontre ne peut être autrement qu'explosive.
— Je suis flippée pour tout, rié-je. Je panique à l'idée de le rencontrer, mais il est censé être fait pour moi. Regarde, la preuve, aujourd'hui, avec cette matinée. Ce mec est juste comme j'aime.
Je souris dans le vide, perdue dans mes pensées.
— Toi, t'es déjà amou...
— Mesdames, si vous voulez bien me suivre, nous interrompt notre professeure du jour.
Nous terminons notre café et emboitons le pas à la baba cool au baggy kaki.
— Je m'appelle Séraphine.
Nous nous présentons à notre tour pendant qu'elle fait glisser une grosse porte de grange en bois. Elle pénètre dans l'espace de création et nous invite à rejoindre une place pour débuter l'atelier.
— Bon, nous allons fabriquer un pot pour planter une succulente. Il faudra revenir chercher votre création d'ici une semaine. Le cours dure deux heures. C'est bon pour vous ?
— Let's go! nous motive Evangéline.
Séraphine nous procure des tabliers, des élastiques pour maintenir nos cheveux en hauteur et nous montre les premiers gestes à effectuer. D'une main, je pince délicatement le bord du bol, tandis que de l'autre je lisse le contour. Je retire l'excédent de céramique, rince mes phalanges dans la bassine. Mon amie se débat avec sa pâte, s'énerve contre sa main qui tremble. De mon côté, j'arrive à débuter quelque chose, mais tout se casse la figure peu de temps après. J'imagine le rire d'Estéban, nos échanges de regard, les moqueries mutuelles sur nos créations, mais aussi le rapprochement que nous aurions pu vivre ensemble, ici.
— Juliette, tu rêvasses ou quoi ?
Je sursaute, découvre les dégâts que j'ai faits pendant que j'étais perdue dans ma douce imagination. Evangéline ne me laisse pas répliquer et ajoute, moqueuse :
VOUS LISEZ
The science of love
Romance♥️🧪📱🇨🇵 Parisienne et pâtissière hors pair, Juliette n'aime pas les fioritures et encore moins se mettre en avant. Sa vie se résume à lire dans son canapé, à regarder des films romantiques et à manger avec son jumeau, Thomas. Cependant il lui ma...