Chapitre 1

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« Bordel ! Tu m'as pété une côte ! »

Je regarde l'homme dans mon rétroviseur gesticuler dans tous les sens pour se détacher de ses liens, mais menotté comme il est, il a peu de chance de s'échapper. Nombreux sont ceux qui ont essayé, personne n'a jamais réussi à casser mon installation. J'ai fait les soudures moi-même. Le harnais est fixé à même la carrosserie.

« Arrête de m'emmerder ! Tu aurais une côte de cassé, tu ne t'agiterai pas comme ça.

— J'ai mal.

— Il ne fallait pas essayer de t'enfuir et résister.

— Tu n'avais pas le droit de me cogner comme ça, j'ai des droits constitutionnels.

— Tu avais surtout le droit de te présenter devant le juge. À partir du moment où tu t'enfuis, j'ai tous les droits. Je suis payé pour te ramener.

— Connasse ! »

En souriant, je regarde l'homme qui va me rapporter deux mille dollars pour deux jours de travail. Derrière la grille acier, il me fixe du regard avant de se remettre à m'insulter, parlant de ma mère en des termes peu flatteurs, pensant m'atteindre.

« Mais ferme ta gueule ! Putain que tu es bruyant, je n'entends même plus la musique ! »

Je fais coulisser la plaque de métal pour m'isoler et appeler la société de cautionnement.

« Salut Margot, je ramène Murray Wilkes. Je serais là vers quinze heures. Dis à Charles de préparer mon chèque, je ne traîne pas pour discuter, j'ai du travail. Merci. À tout à l'heure. »

Je monte le son, laissant la musique country envahir la cabine de mon cargo van que j'ai légèrement adapté pour mon travail. Je n'entends plus mon passager, il n'y a que moi, le soleil, la route et la country. J'ai l'impression d'être en vacances, je ne pense à rien, je roule tranquillement. Chasseur de primes n'est qu'un à-côté, me permettant de récolter de l'argent rapidement, enfin si mon client est coopératif et facile à localiser. Murray lui a été très facile à retrouver, il était retourné chez sa mère. Manque de chance, je l'attendais. Vu le nombre d'appels téléphoniques chez sa mère, il était évident que le petit Murray est un fils à maman.

Je ne dis pas que j'ai reçu la meilleure des éducations, mon enfance est loin d'avoir été traditionnelle, mais j'ai quelques valeurs qu'il me reste de mes passages en maison d'accueil. Profitant d'un arrêt dans une station service pour faire le plein, j'achète une bouteille d'eau et récupère une paille pour mon colis. Je m'éloigne un peu afin de ne pas attirer l'attention, sachant pertinemment que Murray va se montrer grossier. Je ne voudrais pas qu'un enfant entende de vilaines choses ou que l'on me voit lui foutre mon poing sur la gueule.

À peine ai-je fait coulisser la porte qu'il commence à m'expliquer tout ce qu'il va me faire une fois que je l'aurais détaché. J'attends, les bras croisés, le regardant alors qu'il est enchaîné sans possibilité de bouger. Lentement, je dévisse le bouchon de la bouteille, y glisse la paille avant de l'approcher de sa bouche, mais il préfère me cracher dessus.

« Donc tu n'as pas soif. Garde ta salive, tu vas en avoir besoin. »

Il me regarde pousser une plaque de métal, cachant ainsi les trappes de ventilation. Je referme la porte et m'essuie le visage, en l'entendant hurler.

« Quoi ?

— Ouvre !

— Quoi ? » redemandais-je, la porte à peine ouverte.

« Tu n'as pas le droit. Il n'y a pas de fenêtre ! Je vais cuire dans cette boîte de métal !

— Il reste deux heures de route, dors.

The Lone wolf & The Lost Souls MCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant