CHAPITRE QUATRE

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HUGO

Une main me caresse doucement la joue, tandis que j'émerge d'un sommeil de plomb. Je peine à ouvrir les yeux, quand une lueur vive m'éblouit. Je grimace doucement et une voix résonne dans mes oreilles :

- Mon chéri... réveille-toi doucement... je suis là, c'est moi, maman...

Je n'arrive pas tout de suite à ouvrir complètement les paupières. C'est lorsque j'y parviens que je peux constater que maman est assise juste à côté de moi, sur le bord de mon lit. Je peux voir des larmes qui menacent de couler sur son doux visage.

Putain qu'est-ce qu'il s'est encore passé ?

Le regard un peu perdu, j'observe tout ce qui se trouve autour de moi. Des machines, des perfusions, un masque sur mon visage. Une petite machine sur mon index gauche prend ma tension. Cette chose m'écrase vraiment l'ongle. Je tourne une nouvelle fois mon regard vers ma mère qui me caresse doucement les cheveux.

- J'appelle le médecin, mon fils...

Elle se penche et appuie sur le bouton d'appel. Puis elle se réinstalle à côté de moi pour me tenir doucement la main. Je ne la quitte pas du regard et je peux voir qu'elle sourit doucement, avec de la peine dans son regard. J'essaie de faire quelques mouvements, mais mon corps ne réagit pas.

Je me sens encore très faible.

Rapidement, la porte s'ouvre et le docteur Jacob entre seul dans la chambre. Il s'approche de moi et ma mère s'écarte. Lorsqu'il arrive à ma hauteur, il jette un coup d'œil vers mes machines avant de regarder ma mère.

- Hugo semble reprendre peu à peu du poil de la bête. Nous allons quand même le garder en observation dans cette chambre pour qu'il puisse se reposer au maximum...

- Mais quand est-ce qu'il va pouvoir rentrer à la maison... demande ma mère, les larmes aux yeux.

- Une chose est sûre, il ne va pas rentrer tout de suite chez vous. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, pendant notre entretien, nous allons devoir le garder en observation le temps que son état de santé s'améliore et qu'il ait la capacité de partir de l'hôpital.

- Mais il est en attente d'une greffe, docteur ! Comment pouvez-vous me dire qu'il va pouvoir sortir d'ici avant sa transplantation ! Son état va forcément se dégrader de jour en jour ! s'exclame-t-elle.

- Je comprends votre inquiétude, madame Leclair ! Mais nous sommes sûrs que votre fils a encore des capacités pour vivre en ville.

Je me sens de trop dans cette discussion. Même si je sais que ce sujet me concerne, mais je sais que je suis de trop.

J'aimerais qu'ils partent, qu'ils discutent dans un endroit isolé. Mais je voudrais qu'on me laisse tranquille.

Ils continuent encore et encore de discuter juste à côté de moi. Pendant ce temps, je tente de revenir un peu à moi. Je regarde partout autour de moi. Je vois ensuite mes perfusions qui transperce ma peau, pour s'infiltrer dans mes veines. J'ai arrêté d'écouter ce qu'ils se disaient pour me concentrer sur ce qui est enfoncé dans mes artères.

Ces petites aiguilles me piquent ou me font très souvent mal. Ces petites choses pointues et brillantes que je vois depuis près de deux ans. Ces perfusions qui permettaient de prélever parfois mon sang pour faire des analyses.

J'ai toujours détesté faire des examens. Depuis le début de mon anomalie, je hais venir à l'hôpital pour y passer des heures, pour finalement ressortir avec des mauvaises nouvelles dans les poches. Au début, maman venait avec moi pour suivre ce que disait le médecin. Mais avec le temps, à force de lui rabâcher qu'elle n'est pas obligée de venir avec moi, elle a fini par me laisser aller seul. Mais chaque fois que je revenais à la maison, je lui faisais un topo de tout ce qu'a dit le médecin. Et chaque fois que je sortais d'une prise de sang, je me retrouvais avec des marques sur les bras qui me faisaient comprendre que les soignantes avaient encore raté ma veine.

Pour toi mon cœur [Second Jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant