Pour toi mon cœur [Second Jet]

CHAPITRE QUINZE

HUGO

Ilona s'est écroulée.

Elle s'est effondrée comme un château de cartes, sous nos yeux. Pourtant, je sentais qu'elle était dans le mal, que quelque chose n'allait pas. Dans ses yeux, je pouvais lire une certaine détresse qu'elle essayait de cacher.

Mais elle n'y est pas arrivée et ses jambes l'ont lâché.

Dans la seconde après sa chute, Yann a hurlé. Pris de panique, je l'ai aidé à se relever pour rejoindre le docteur Jacob qui essayait désespérément de la faire revenir Ilona à elle. Lorsqu'elle était couchée sur le sol, elle me regardait. Son regard était perdu mais elle me regardait vraiment. Quand je me suis mis à sa hauteur, j'ai posé ma main sur sa joue pour lui donner quelques claques.

Sa peau était chaude, comme fiévreuse. Elle était également douce, sans imperfection. Elle était d'une pâleur affolante.

J'ai des frissons partout sur le corps qui se dressent lorsque je repense à sa chute. Nous avons tenté de la réveiller avant l'arrivée des renforts.

Son pouls était régulier mais sa respiration était courte. C'était comme si elle s'était brutalement endormie.

Elle a été transporter sur un brancard par deux aides-soignantes et une infirmière. Depuis, nous n'avons plus aucune nouvelle d'elle. Nous avons supplié le docteur Jacob de nous donner des nouvelles régulièrement.

Mais rien.

*

Assis en tailleur sur mon lit, je me ronge nerveusement les ongles. Yann est au téléphone avec sa petite-copine pour lui raconter toute l'histoire. Mais à l'entendre, elle n'est pas surprise. Elle le savait depuis le début. Anna était au courant qu'Ilona n'était pas bien. Elle a essayé à plusieurs reprises de lui ouvrir les yeux, mais son amie ne l'a pas écouté.

- Je savais qu'elle allait faire un malaise un jour où l'autre, Yann ! dit-elle avec de la peine dans sa voix. Je l'ai toujours su ! Je vous promets que j'ai tout essayé pour lui faire comprendre que son état de santé mental n'était pas normal.

- Tu as essayé, c'est le principal !

- Mais alors pourquoi elle avait l'air si bien quand je l'ai vu ? dis-je après avoir arrêté de mordiller l'ongle de mon index.

- Malheureusement, tu ne la connais pas comme je la connais, Hugo ! répond Anna.

- Elle a toujours été comma ça. J'étais comme toi quand je l'ai vu pour la première fois. Mais tu comprendras avec le temps qu'Ilona cache bien son jeu. Et lorsqu'une bombe en elle explose, il peut y avoir des dégâts ! intervient Yann en tournant la tête.

- Je vais essayer d'aller la voir dans la soirée, dès que j'ai finis ma journée de stage. Je termine à dix-huit heures. L'endroit où je suis n'est pas très loin de son appartement. Même si son père n'aime pas vraiment quand je débarque chez eux à l'improviste, j'ai mes raisons.

- Donne nous des nouvelles rapidement... Nous allons essayer de parler avec le docteur dès qu'il revient dans notre chambre ! dit Yann avec tristesse.

- Mais ne vous en faites pas les gars ! Je suis sûre qu'elle va bien. Elle est entre de bonnes mains avec votre médecin !

Je pousse un petit rire nerveux avant de jouer comme un idiot avec mes doigts. L'image de sa chute me revient en pleine tête.

Son air si fatigué... Son regard vide et sa peau si pâle.

J'ai ressenti comme un pincement au cœur lorsque j'ai vu son corps s'effondrer. Ses yeux étaient clos, sa bouche était légèrement ouverte. Je revois encore les deux mains du docteur qui l'aidait à l'asseoir contre le mur avant de l'allonger en voyant que son état était critique...