CHAPITRE VINGT-HUIT

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HUGO

C'est définitif, je déteste les rendez-vous avec le psychologue.

Je viens de passer deux bonnes heures dans son bureau pour parler de ma maladie, sur mes ressentis... Il a commencé très rapidement à rentrer dans des explications incompréhensibles.

J'en ai mal au crâne, maintenant...

Après ces deux longues heures, je marche dans les couloirs de l'hôpital en direction de ma chambre. Les mains dans mes poches de sweat, je regarde mes Converses bleues marines frapper sur le sol. Je ne fais pas vraiment attention à ce qu'il se passe devant moi. Je suis plongé dans ma bulle, dans mes pensées les plus profondes.

Je repense à l'appel téléphonique entre Yann et Anna hier soir. Je sentais dans la voix de mon voisin que le problème avec Ilona n'était pas si petit que ça. En me réveillant ce matin, j'ai senti, pour la première fois depuis longtemps, un vrai stress.

Est-ce qu'elle sera là aujourd'hui ?

Est-ce qu'elle va bien ?

Je l'ai cherché de partout sur la route pour le cabinet de mon psy. J'ai aperçu le docteur Jacob une ou deux fois, mais Ilona n'était pas avec lui.

Tu te fais des films, vieux... Elle doit peut-être prendre plus tôt, aujourd'hui ?

Je n'en sais rien... Je ne la croise seulement dans ma chambre tôt le matin lorsqu'elle vient prendre toute seule mes constantes. Mais aujourd'hui, ça n'a pas été le cas...

*

Très vite, mon corps percute quelqu'un. Je sors immédiatement de mes pensées. Je pose une main sur ma tête et entends quelque chose tomber au sol. Je m'apprête à prendre la parole pour m'excuser lorsque je découvre Ilona.

Nos corps et nos visages sont proches. Ses lèvres s'entrouvrent légèrement pendant quelques secondes. Puis un sourire vient se dessiner sur son visage parfait.

– Oh Hugo... Salut ! me dit-elle enfin après plusieurs longues secondes de silence.

– Salut Ilona...

Une main vient se placer derrière sa nuque et ses joues deviennent plus rouges. Un peu perturbé par la situation, je me recule en me raclant la gorge. Elle baisse la tête en même temps que moi.

J'ai fait accidentellement tomber son petit carnet blanc habituel sur le sol. Je me baisse pour le ramasser, mais nos têtes se cognent. Nous relevons la tête en même temps et nos visages sont deux fois plus proches. Elle pousse un petit rire et mes yeux se baissent vers ses lèvres roses et légèrement pulpeuses. Mon cœur bat à tout rompre, comme s'il allait sortir de ma cage thoracique.

Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Je réussis à détacher mes yeux de sa bouche et me baisse un peu plus. Je ramasse enfin son carnet. Ensemble, nous nous redressons. Je lui tends le petit objet, la main légèrement tremblante.

Elle prend son calepin en me remerciant avec un grand sourire :

– Merci beaucoup... C'est très gentil !

– Ne me remercie pas ! Et puis... C'est ma faute si j'ai fait tomber ton inséparable carnet.

– Non, non ! Ne t'inquiète pas ! Ce n'est rien !

Nous nous scrutons quelques petites secondes avant que je n'engage une nouvelle fois la discussion :

– Comment tu vas ?

Je la vois hésiter. Elle se mordille la lèvre du bas et baisse lentement la tête. La pâleur de son visage me laisse penser que quelque chose ne va pas. Elle joue nerveusement avec ses doigts avant de dire doucement :

Pour toi mon cœur [Second Jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant