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Quatre mois. Cela faisait quatre mois qu'elle n'avait pas mis pied dans cette maison. Quatre mois qu'elle n'avait pas vu la peinture beige qui recouvrait les murs de celle ci. Quatre mois qu'elle n'avait vu ni les photos de famille encadrées et accrochées à ces murs, ni les simples motifs et peintures encadrés qui les décoraient. Il y a quatre mois de cela, elle avait quitté la maison, persuadée que c'était la dernière fois qu'elle en voyait la porte. Ce jour là, elle avait alors caressé une dernière fois les murs lisses du salon ainsi que l'image de son père qui y était accrochée. Elle avait observé une dernière fois la photo de famille qui trônait sur le porte télé en bois marron qui ne supportait pourtant pas la télé, celle ci étant fixé au mur. Et ce jour là, elle avait pleuré. Elle s'était autorisée à pleurer une dernière fois, les yeux fixés sur cette image de la famille heureuse qu'avait été la sienne. Elle avait laissé libre court à ses larmes, admirant l'image de ces deux adultes qu'étaient ses parents qui semblaient aux anges, leur fille dans leur bras. A travers ce petit papier encadré, Wendy pouvait voir à quel point ces parents s'étaient aimés à une époque, une époque durant laquelle elle était malheureusement trop petite pour s'en rappeler. Cette photo prouvaient que l'union de ses parents avait, à un certain moment, un sens. Cependant, ce bonheur avait été des plus éphémère. 

 A présent, le seul souvenir qu'elle avait de ceux ci n'étaient que cris et haine. L'affection qui se lisait dans les yeux de la femme qui se trouvait sur cette photo, la jeune fille ne l'avait jamais vu dans les yeux de sa mère. Elle n'avait jamais pu être témoin de l'amour qui avaient semblé unir les deux êtres qu'étaient ces parents. Et c'était la raison pour laquelle cette image lui faisait autant de mal. C'était la beauté de cette image qui lui faisait autant de peine. Et encore aujourd'hui, observer cette image lui serrait le cœur , simplement parce qu'elle n'arrivait pas à comprendre. Parce qu'elle n'arrivait pas à comprendre comment un amour aussi sincère avait pu disparaître aussi facilement. Elle n'arrivait pas à comprendre ce qui avait bien pu se passer pour que ce mariage qui semblait pourtant être le fruit d'un réel amour avait pu se briser aussi simplement. Elle ne comprenait pas comment cette femme qui semblait pourtant réellement heureuse de la naissance de sa fille, avait pu lui tourné le dos aussi facilement. La jeune fille savait que plusieurs mariages finissaient par se rompre, elle savait que l'amour pouvait finir par s'estomper. C'étaient «des choses qui arrivaient» selon certains. Mais pour Wendy, l'amour qui se lisait à travers cette photo de famille était plus qu'un amour passager. Ce qu'elle voyait sur cette image était le genre d'amour que l'on vit même après la mort. Alors, pourquoi s'était il éteint aussi facilement dans le couple qu'avait formé ces parents? 

- 'Moi non plus, je n'ai jamais compris ce qui s'était passé pour que le divorce devienne leur meilleure option.'

Sortant brusquement de ses pensées, Wendy leva son regard vers sa tante qui tenait désormais le cadre dans ses mains. Ses yeux bleus observaient la photo avec une certaine nostalgie et son pouce la caressait doucement. En la regardant, la jeune fille eut de la peine pour sa tante. Après tout, celle ci avait été témoin de leur amour et de leur mariage. Voir ce mariage s'effondrer avait donc dû être beaucoup plus dur pour celle ci.

- 'Mais bon, il faut croire que même l'amour le plus pur ne peut pas toujours résister aux coups de la vie.' soupira la blanche en s'accroupissant pour remettre la photo à sa place.

 Les lèvres de la bleutée s'étirèrent en un mince sourire emplis de tristesse tandis qu'elle passa son bras sur ses yeux à nouveau mouillés. Oui, c'était ce qu'il semblait.

- 'Tu devrais venir t'asseoir.'

Wendy accepta l'invitation de sa tante et alla rejoindre la rose sur le canapé. Depuis leur arrivé, Meldy était restée pratiquement muette, n'ayant parlé que pour saluer leur hôte ou pour répondre à quelques questions banales de celle ci. Il était assez évident qu'elle était mal à l'aise dans cet environnement qui lui était étranger, et cela malgré la bienveillance dont avait fait preuve la tante de la bleutée. Elle n'arrivait même pas à s'asseoir confortablement, les mains l'une sur l'autre entre ses cuisses, ses pieds tapotant nerveusement le sol et son regard se baladant un peu partout dans la pièce.  Non, elle n'était clairement pas à l'aise. 

Rose de glaceWhere stories live. Discover now