Chapitre 2

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NORA





Je me réveille, je vais en cours, je rentre, je dors. Je me réveille, je vais en cours, je rentre, je dors.

     Cela fait environ trois semaines que je suis cette routine, sans oublier les nombreuses pauses au lycée qui me poussent à visionner la fameuse vidéo qui à tout fait basculer.

     Mes mauvaises notes s'accumulent et ma mère ne veut pas me lâcher la grappe. Je suis coincée dans un cercle sans fin dont même ma mère n'arrive pas à me libérer.

     Je ne pleure plus car je n'arrive à ressentir que de la haine et du dégoût, malheureusement. Je m'efforce de faire de mon mieux et je suis consciente que ça fait du mal aux personnes qui m'entourent mais c'est plus fort que moi.

     Comme tous les samedi, je reste dans mon lit jusqu'à ce que mon mal de tête me fasse redresser. Ma porte s'ouvre sans bruit. Je relève ma tête, plongée dans le noir de ma chambre, ma mère me fixe avant de briser le silence mortuaire.

- Viens manger s'il te plait.

     Depuis que je suis dans cet état, elle ne se préoccupe que de moi, trop de moi. Elle me tourne autour toute la journée et me propose un nombre incalculable de sorties que je refuse sans même y réfléchir. Elle perd son temps. Voilà pourquoi je ne voulais pas qu'elle l'apprenne, mais c'était inévitable.

     Je suis sûre qu'elle ne travaille même plus à cause de moi.

     Tout comme ma mère, Maria me harcèle au téléphone et est même encouragée à venir pour me changer les idées.

- Je n'ai pas faim, répondis-je comme toutes les fois où elle me l'a demandé.

      Elle ferme les yeux puis se masse les tempes. C'est clair qu'elle en a marre de moi. Pour ne plus y penser, je m'enfuis dans ma couette en espérant pouvoir ressentir les sensations de ses bras me blottissant. Seuls mes yeux fermés sont encore visibles. Je les ouvre soudainement en entendant ses pas se diriger vers mes fenêtres.

     D'un coup brusque, elle ouvre les rideaux tout en m'aveuglant de cette lumière beaucoup trop blanche. Je cache alors l'entièreté de mon visage.

- Nora, tu ne peux plus continuer comme ça seulement pour une rupture amoureuse. Il faut que tu y donnes un peu du tiens.

- "Seulement", répétai-je accompagné d'un ton surpris.

     Je lui tourne le dos, même si elle ne me voit pas. Ce que je vais dire va lui faire mal, mais je veux juste qu'elle me laisse tranquille, alors je continue.

- C'est pas comme si t'étais pas dans le même état à la mort de papa.

     Je n'entend plus aucun son.

     J'ai conscience que c'est vraiment cruel. Ça me fait mal de devoir évoquer sa mort, mais je ne supporte pas qu'on me presse à faire le deuil de mon ancienne relation amoureuse. Lors du décès de mon père, c'est Louise, sa meilleure amie qui s'occupait de moi et qui veillait à ce que je ne remarque rien concernant ma mère. Seulement, elle a fait son deuil seule, dans son coin, sans qu'on lui impose un rythme.

     Je libère mon corps de cette couette excessivement chaude tout d'un coup en espérant que ma mère soit partie.

     Je me suis mise dans une situation très délicate car je vais sûrement devoir m'excuser pour la façon dont je lui ai parlé il y a quelques secondes.

     Une motivation inattendue à travailler me prend. Je sors alors mes affaires de cours et m'installe confortablement sur ma chaise de bureau. J'ouvre mes cahiers et me rends compte à quel point j'ai du retard. Je n'arrive plus à me concentrer au lycée car il hante mes pensées, je pense à tout, sauf au sujet du cours. Ça donne lieu à des situations très embarrassantes.

Love Equation - New Story [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant