🌻 Chapitre 17- Demander... ou pas?

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-Dis, Joyce, t'habitais où, avant?, me demande Summer alors que nous déjeunions à la cantine.

Alors que je mâche le sandwich tomate-mozzarella-pesto de Molly (à cause du rite de passage de bouffe entre potes), je songe qu'effectivement, je n'ai pas encore raconté à mes amies les circonstances de mon déménagement. A vrai dire, je n'y ai pas pensé.

J'avale une bouchée de mon sandwich avant de répondre:

-J'habitais dans le Minnesota, à Maple Grove. Je sais pas si vous voyez où c'est.

-Alors tu m'excuseras mais je suis vraiment nulle en géo, dit alors Bree entre deux bouchées de salade.

-Ouais, déjà que t'arrêtes pas de confondre l'Arctique et l'Antarctique..., rétorque Summer en rigolant.

-Roh ça va, hein! Personne n'est parfait.

Molly prend alors le relais:

-Et t'as déménagé pour quelles raisons, si c'est pas trop indiscret?

Bien que je m'attendais plus ou moins à avoir affaire à ce genre de question, je manque d'avaler mon sandwich de travers. En fait, je ne sais pas comment aborder cette question avec mes nouvelles amies. Il est vrai qu'on a eu l'occasion de faire toutes sortes de plaisanteries ensemble, de rire de tout et de n'importe quoi... Mais pas que. Molly, Summer et Bree ont facilité mon intégration dans ce nouveau lycée et de mon côté, je fais en sorte de leur être agréable.

En bref, je me rapprochée d'elle, mais peut-être pas au point où je peux leur avouer de but en blanc que j'ai déménagé à cause du décès soudain de ma mère. Le sujet est encore un peu sensible.

Et en plus, ça voudrait dire que je devrais leur parler de ma tante et honnêtement, je ne me sens pas encore prête à avouer que je suis la nièce de la célébrissime Rosa Jones.

Je me rends compte qu'il y a beaucoup de choses auxquelles je n'ai pas encore réfléchi, depuis que j'ai rencontré mes nouvelles amies. Beaucoup de choses que je n'ai peut-être pas encore moi-même complètement intégrées, comme si je bloquais certains trucs...

Sentant que j'entre dans une phase d'auto-analyse intense en oubliant mes amies, je me racle la gorge avant de répondre à Molly:

-Oh, bah écoute... si ça vous dérange pas, j'aimerais bien qu'on en reparle une autre fois.

-Okay, t'inquiète. Te presse pas, surtout, si tu le sens pas.

J'apprécie le fait qu'elles soient compréhensives, toutes les trois. D'ailleurs, je sens que Molly l'est peut-être plus que Bree ou Summer. Sûrement parce qu'elle-même ne souhaite pas encore leur parler de l'attirance qu'elle éprouve pour Yong, le pote de Dylan.

Ça nous fait une sorte de complicité, à toutes les deux, car je suis la seule à qui elle a parlé de ça.

Il n'y a pas à dire, mais souvent, le fait de vouloir cacher des trucs fait rapprocher les gens.

***

La question que m'a posée Molly n'a pas arrêté de me turlupiner l'esprit jusqu'à la fin des cours.

Et maintenant que je suis sur le chemin du retour, je me rends compte que je n'ai pas vraiment eu le temps de me poser pour réfléchir.

Enfin, si... J'ai réfléchi, mais c'était surtout sur le comportement que ma tante Rosa et Taylor ont eu à mon égard depuis que je suis dans le Wisconsin. En revanche, je n'ai pas pris le temps de me focaliser sur moi.

En réalité, depuis que j'habite chez ma tante, j'ai surtout profité du luxe qui s'est offert à moi. J'ai passé entre autres le reste des grandes vacances dans la salle de sport, dans la salle de cinéma ou encore dans la salle de musique. J'ai également passé de nombreux coups de fil à ma famille du côté de mon père, mais aussi à Sonia et Thiago.

𝐉𝐎𝐘𝐂𝐄 𝐌𝐀𝐑𝐓𝐈𝐍𝐄𝐙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant