C'était un jeudi soir calme, assez tranquille où on pouvait entendre les grillons striduler. Il était environ 19 heures et un vent froid soufflait dans la ville. Le paysage affichait un brouillard assez dense. Ce calme n'était pas à l'ordre du jour au dispensaire. Les soignants étaient très sollicités car il y avait plusieurs naissances en ce jour. Après avoir effectué avec succès 4 accouchements ce jeudi, le soigneur en chef se dirigeait vers la chambre des Bika. Leur 2e enfant allait naître et la nuit s'annonçait mouvementée. Toute la petite famille était présente y compris Max leur chiot. Jadik se tenait aux côtés de Marie tandis que celle-ci, dans la souffrance, tentait de donner la vie. Garouk attendant dans le couloir pouvait assister à la scène de l'accouchement. Certes il était en retrait mais il pouvait voir les sage-femmes faire des aller-retours. Les serviettes et les cuvettes d'eau, les gants, les cauris, il voyait tout circuler devant lui. Ajouté à cela, il pouvait aussi entendre les cris de sa mère et les encouragements de son père. Max quant à lui était allé faire un tour devant l'hôpital. Garouk pouvait l'entendre aboyer depuis le hall.
En même temps, à des kilomètres de là, au palais royal, le roi Démek venait de mourir. Il laissait derrière lui un royaume politiquement fragile, instable et un jeune héritier illégitime puisque ses deux fils de sang royal étaient tombés au combat lors de la dernière guerre. Il avait aussi eu une fille qui avait été promise en mariage afin de consolider son nom et sa position.
Ce soir-là, après des heures de travail, le bébé est né. Marie avait décidé de l'appeler Kamal comme son père à elle. Jadik fit venir son fils ainé Garouk et lui présenta son petit frère. Les sages femmes félicitaient Marie et on pouvait apercevoir le plus beau des sourires sur le visage des Bika. Pendant que la famille Bika passait un beau moment avec le corps médical, retentit la cloche à 4 reprises. Un silence glacial s'était emparé de la ville. Les familles qui dînaient, les couples en sorties amoureuses, même les enfants qui jouaient et pleuraient, tout le monde avait un regard de tristesse et de surprise. C'est comme si le temps s'était arrêté. Cette soirée où les Bika devaient se réjouir vient d'être altérée par l'annonce de la mort du roi. Quelques minutes après le son des cloches, les pleures des pleureuses avaient remplacé le silence.
Selon la tradition, seules les pleureuses et les « spiritueux » sont autorisés à sortir la nuit de la mort du roi. Ils ont pour but de propager la mauvaise nouvelle et ce, jusqu'au lever du soleil. Toute personne repérée dans les rues lors de la « nuit blanche » en dehors de ces deux corps sera présentée au conseil spirituel le lendemain et peut-être désignée pour « accompagner le roi ».
Le lendemain matin, alors que toute la ville attendait que la cloche retentisse 4 fois pour autoriser les habitants à sortir de chez eux, le palais était extrêmement silencieux. Pas de son de cloche, le vent légèrement frais continue de souffler et les quelques bruits soudains étaient des cris d'animaux et on pouvait encore entendre quelques pleureuses. Bali la sœur aînée de Démek faisait son deuil. Étant donné que des heures sont passées depuis que le Soleil s'était levé, Bali essaie de comprendre pourquoi les cloches du matin n'ont pas encore sonné. Elle faisait les 100 pas dans la maison jusqu'à épuisement. Elle finit par s'asseoir non loin de la porte de la cuisine. Après avoir passé une nuit épuisante César pu enfin rentrer à la maison se reposer. Lorsqu'il ouvre la porte, il voit sa tendre femme effondrée au sol. Il s'approche et tente de la prendre dans ses bras mais la colère et l'amertume de Bali la font repousser les bras et l'affection de son mari. César comprenant que la situation est délicate, décide juste de s'asseoir à ses côtés sur le pas de la porte. « Je suis profondément désolé » lui dit-il. Elle haussa la tête le fixa dans les yeux et se replia dans la chambre.
César avait passé une nuit très longue au conseil et un sujet important avait été évoqué. Il ne voulait pas la bassiner avec cette histoire maintenant et il voulait se reposer. Il se coucha donc dans le sofa du salon. Même pas deux minutes de sommeil ls et il entendit des pas de sa femme se dirigeant vers lui :
VOUS LISEZ
Le Ganut
Historical FictionUn nouvel épisode tous les mercredis et dimanches. Ce roman raconte l'histoire d'une cité en souffrance en raison de l'instabilité qui règne autour de la succession. Mais à l'issue d'un processus de sélection historique, sanglant et dramatique, un...