Épisode 12 : L'année des pleurs

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Cette rencontre au sein de l'atelier avait suscité un mélange de gêne et de romance chez nos deux tourtereaux. Marie avait fini par lever la tête et regarder Jérel dans les yeux. Elle essayait de réduire la gêne en entamant la conversation.

- Votre altesse, en quoi puis-je vous aider ?

- Je venais faire une requête auprès du maître couturier. Mais il n'est pas là apparemment.

- Oui, nous sommes fermés à cette heure mais je peux lui passer le message.

- Je voulais recevoir ma tenue à l'avance. J'aurai besoin de la porter demain soir finalement.

- Ma foi... Le patron m'a délégué la couture de votre tenue. C'était déjà serré en 3 jours mais en 2 jours, c'est quasi-impossible.

- Ahh je ne savais pas qu'il l'avait déléguée... euh vous vous y connaissez en tenue de noble ?
- Vous supposez que je ne suis pas assez douée pour faire votre tenue ou encore la finir dans les temps ?

- Non très chère ! (lui dit-il avec un air de culpabilité)
Jérel posa sa main sur celle de Marie pour s'excuser et la rassurer. Il ne voulait pas chasser la romance qui s'était installée.

- Je suis désolé de m'être exprimé de la sorte. S'il vous l'a confiée, c'est que vous êtes qualifiée et je suis heureux que ma tenue soit entre vos mains. Voici mon adresse. Vous pourrez envoyer « un porteur » quand vous aurez terminé.

Jérel voulut retirer sa main mais Marie le retint par les doigts. Il se tourna et vie à travers les yeux de Marie que ce ce qu'il ressentait pour elle était réciproque. Ses battements de cœur commençaient à s'affoler. Son regard se plongeait encore et encore dans les yeux de Marie au fur et à mesure qu'il rapprochait sa tête de la sienne. Il ferma les yeux pour vivre ce moment épique quand l'ouverture de la porte les interrompit. C'était Michel, le collègue de Marie.

Michel passait dans le coin et avait remarqué que les lumières de l'atelier étaient toujours allumées. Il ouvrit la porte et surpris Jérel s'éloigner de Marie. Il aperçut aussi la main de l'homme posée sur celle de la femme qu'il a toujours aimé. Il savait qui était Jérel mais il a joué la carte de l'ignorance pour rendre le moment désagréable. Il dit à Jérel : « Monsieur, repassez demain, on est fermé ». Jérel dit au revoir à Marie et s'en alla . Michel regardait Marie avec un air de dédain. Il lui en voulait mais ne pouvait pas lui dire. Il se demandait pourquoi est-ce qu'elle n'avait jamais voulu de lui. Marie pouvait voir la déception dans les yeux de Michel. Elle essaya de lui parler mais il était très peu réceptif. Elle savait qu'elle ne lui devait rien mais elle ne voulait pas l'offusquer car il a toujours été là pour elle. Il lui rappela donc qu'elle est censée être dans son « année de pleurs », période durant laquelle elle doit être célibataire. Marie lui rappela qu'elle n'a pas oublié ses cours de l'académie et qu'elle le savait. Michel fini par sortir de l'atelier. Il se faisait tard. Elle rangea ses affaires et rentra à la maison.

Le jour s'était levé et le soleil rayonnait sur la belle ville de Sifane comme toujours. L'atmosphère au palais était toujours aussi tendue. Entre Morak qui détestait sa nouvelle routine et Zassi qui n'aimait pas les cours optionnels de l'académie royale, les serviteurs subissaient toute sorte de saut d'humeur. Mais cela n'était rien comparé à la tension qu'il y'avait entre les deux parents. César et Bali ne s'adressaient pas la parole pendant le petit déjeuner. Zassi qui avait constaté la gêne demanda à ses parents ce qui n'allait pas. Bali a répondu que tout allait bien et que c'est le deuil qui la rendait un peu triste, rien de plus. César leva la tête, la regarda puis continua à manger.

Paul recevait les témoignages et menait les interrogatoires pour le meurtre de la servante du palais. Il avait fait venir le dirigeant de la taverne pour lui poser des questions. Le gérant ne lui apportait rien de concret à part un jeune-homme habillé en noir qu'il avait remarqué. Il ne pouvait pas le décrire parce qu'il cachait bien son visage. Paul était donc décidé à clore l'enquête dans une semaine si rien de concret ne s'ajoutait au dossier. Il avait donc décider de rendre une visite dans les quartiers royaux pour parler à Bali vu que c'était sa servante personnelle. Il ne voulait pas la convoquer pour ne pas paraître désobligeant. Il s'est donc rendu sur place. Un des serviteurs partit avertir Bali qu'elle avait de la visite. Elle demanda à ce qu'on le fasse venir dans son bureau. Paul arriva et la salua.

- Mon vieil ami, en quoi puis-je vous être utile ?

- Rien de bien spécial. Mon enquête m'oblige à remplir certaines formalités.

Bali se stoppa tout à coup et lâcha sa plume. Elle mit sa feuille de papier sur le côté et était prête à écouter Paul. Paul lui posa d'abord des questions sur les fréquentations de son ex-servante. Elle lui répondit qu'elle ne s'intéressait pas à la vie privée du personnel et que c'était mieux comme ça. Il lui demanda ensuite si elle avait une idée de qui Frida aurait pu rencontrer dans cette taverne. Bali nia avoir une quelconque information à ce sujet. Paul décida donc de mettre fin à l'interrogatoire et de rentrer chez lui. Il fit ses condoléances à Bali et l'informa que si aucune information pertinente ne s'ajoute au dossier, il serait obligé de clore l'enquête. Il s'excusa au près de Bali pour la lenteur de l'enquête et de son incompétence. Paul sortit donc du bureau pour rentrer chez lui. Dans les couloirs du palais, il vit César. César qui discutait avec un ami l'avait aussi aperçu. Paul qui s'approchait de César ne savait pas que la conversation qu'il aura avec ce dernier allait lui fournir les informations pertinentes pour relancer son enquête.

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