Épisode 27 : Les pleurs des ménagères.

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Plusieurs jours sont passés pour faire place à la semaine des festivités. Plusieurs invités de marque avaient fait le déplacement. Le roi de Talomé et Julia Freeman (la seule femme souveraine d'une des 10 cités impériales) était présente. Plusieurs ducs, comtes et vi-comptes des cités voisines étaient aussi venus pour la course royale. Le roi de Povidas était cependant indisponible alors son héritier le prince était venu le représenter. Le prince avait rejoint Sifane par bateau. C'était le trajet le plus rapide. Le voyage du prince de Povidas avait duré environ 4 jours. Il était le bienvenu au palais. Il était arrivé depuis 2 jours mais avait insisté pour résider dans une des auberges luxueuses de Lidsor. Presque tous les nobles qui n'avaient pas eu de chambre au palais y résidaient aussi. Les autres qui n'avaient pas trop les moyens résidaient dans les auberges de Savel. Bien que l'écart de luxe ne fût pas grand, les prix étaient très éloignés. Les prix de Savel étaient très bas. Il était prêt à tout pour être dans les bonnes grâces de la haute société.

La semaine des festivités avait déjà débuté et Rad était débordé. Il avait beaucoup de commandes non-terminées alors qu'il avait rallongé par deux fois certains délais. Il regarda la table de son ex-assistant et constata qu'il avait besoin d'aide. Il se rendit chez les Bika et frappa à la porte. Melva lui ouvrit la porte. Elle avait une sale mine. Il lui demanda si tout allait bien et elle esquiva sa question : « Pourquoi êtes-vous là ? ». Il demanda donc à voir Garouk. Melva cria le nom de son neveu et s'en alla vers la cuisine. Garouk vint à la porte et vit son patron. Ce dernier penait à parler. Il tâtonna sur les mots pendant deux bonnes minutes.

- Euh, je tenais à te dire que... je ne l'aurais pas fait dans d'autres circonstances mais... voilà et...

Garouk qui vit que son patron avait du mal à ravaler sa fierté décida de l'aider.

- S'il te plaît Rad, je peux venir retravailler à l'atelier ?

- Oh oui bien sûr ! Mais pas de bourde cette fois.

- Mais je veux une prime de départ de 5 krika.

- CINQ KRIKA ! Prends tout l'atelier tant que t'y es.

- C'est ça ou rien.

Rad qui souriait vit que Garouk était sérieux. Il accepta en traitant Garouk d'escroc.

- Tu m'as bien eu sur ce coup. C'est de l'arnaque.

- J'ai un bon professeur t'inquiète (dit-il en touchant l'épaule de Rad)

Il se changea par la suite et rejoint son patron à l'atelier. Marie était à la boutique et avait bien renoué avec son collègue Michel. Leur relation amicale était de retour. Même si Michel a toujours voulu plus, il se contentait de cette amitié. Il fut ravi quand il vit le brassard rouge sur le bras de Marie. Toutes les femmes qu'il avait croisé dans la journée l'avaient mis. Toutes les femmes de Sifane avaient suivi le mouvement à l'exception des femmes nobles bien sûr. Elles qualifiaient cet acte comme étant « les pleurs des ménagères ». La majorité de la noblesse était contre le mouvement. La plupart ont interdit à leurs domestiques et ouvrières de porter le brassard sous peine de renvoi. Les moins fortunés n'ont même pas eu le luxe d'être avertis et ont été renvoyés après avoir suivi le mouvement.

Savel était enfin arrivé à Povidas. Il aurait pu y arriver plus tôt en prenant un bateau depuis Sifane mais il voulait être aperçu sur les voies royales en direction de Tresoria. Il ne voulait en aucun cas qu'on sache pour sa présence à Povidas surtout que le motif de leur réunion est assez grave pour qu'ils soient tous exécutés par l'empereur des 10 cités. Le moment de cette rencontre avait été bien choisi car l'attention ne serait pas trop portée sur les déplacements en raison des voyages nombreux dûs à la semaine des festivités qui avait lieu au sud-est du continent à Sifane. Savel alla saluer sa majesté le roi Josias Griffus IIe du nom au « palais rouge ». Savel avait été accueilli comme un noble. On pouvait voir son sourire depuis l'autre bout de la pièce. Des chambres distinctes avaient été réservées pour son fils et lui au sein du palais. Ce geste témoignait de la considération du roi. Cette attention justifiait pour Savel la raison pour laquelle il avait rejoint la cause.

Pendant ce temps, à 2500km de Sifane, la cousine de Bali qui était aussi l'ambassadrice de Sifane venait de recevoir la lettre écrite de César. La lettre disait :

- Bonsoir très chère, j'espère que vous vous portez bien. Je vous remercie encore d'héberger ma femme et ses hôtes pour son actuelle visite. J'espère qu'elle ne vous fatigue pas vu que vous prenez de l'âge. Ses hôtes non-plus ne vous dérangent pas j'espère. Faites-moi savoir au moindre trouble et je m'occuperai d'eux à leur retour.

César Owens, Duc de Jutrecky

La cousine décida donc de répondre à César et couvrit Bali comme elle le faisait depuis 16 ans. Elle rédigea la lettre et envoya un messager vers Sifane.

L'enterrement de Tilda était prévu pour l'après-midi. Lorentz voulait que tout se passe en catimini. Quelques amis de la famille y compris Paul, Raoul et Garouk étaient présents. La cérémonie s'était déroulée de manière brève et discrète.Pendant qu'eux tous quittaient le cimetière, Lorentz parlait à Savel:

- Pour la première fois de ma vie, je crois que je ne vais pas apprécier la semaine des festivités

- Mon enfant, moi non plus je n'aime pas trop cette semaine.

- Et puis-je savoir pourquoi ?

- Elle coûte beaucoup d'argent à la couronne.

- Toi et tes comptes...

Non loin, Makissi et Garouk discutaient eux aussi de la semaine des festivités. Ils avaient planifié leurs activités et avaient confirmé leur présence. Ils assisteront à la « joute équestre », à la course royale, à un meeting des activistes et à une pièce de théâtre.

Melva, la sœur de Marie voulait faire son deuil dans le silence. Elle voulait commencer un nouveau métier pour détourner ses pensées de l'affaire de Tom. Elle avait vu sur un des pamphlets lors de sa dernière sortie que le dispensaire recrutait et elle voulu prendre sa chance. Elle se rendit au dispensaire de Sifane et y trouva un bon nombre d'apprenti-mestre, de soigneur. Elle fut reçue par le soignant en chef. Ce dernier manquait cruellement de personnel:

- La semaine des activités approche et je manque cruellement de main-d'oeuvre. Il y'a plusieurs meetings et plusieurs bagarres dans cette période et c'est nous qui en payons les pots cassés. Alors je vais être direct. Sais-tu soigner des plaies, faire des bandages, surveiller des fièvres, ce genre de petites tâches ?

- Oui, parfaitement. Je me suis occupé de mon neveu qui se blessait tout le temps. Et je m'occupe présentement du nouveau-né de ma sœur.

- Chouette et tu sais changer des couches en plus ! Cherche à t'adresser à l'infirmière en chef. Tu commences demain.

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