Épisode 14 : Retour à la réalité

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Sandrine, la mère de Jérel les avait enfin rejoint et le dîner pouvait commencer. Elle était veuve depuis un bon bout de temps et Jérel était son fils unique. Elle chérissait son fils plus que tout et était très impliquée dans la vie sociale et privée de son fils. Elle a toujours incité son fils à se marier. Elle allait jusqu'à faire défiler les candidates à la maison. Mais Jérel était sceptique depuis la perte de sa femme il y'a des années de cela. C'est comme si son cœur s'était fermé à jamais. Sa mère avait de la peine pour lui et voulait que son fils vive l'amour au moins comme elle l'a vécu avec son père. Elle s'était assise à la table et avait constaté l'invitée du soir et le sourire sur le visage de Jérel. Pendant que les serviteurs les servaient, Jérel présenta Marie à sa mère. Cette dernière profita de l'occasion pour entamer la discussion et en savoir plus sur la dame.

- Marie, quel beau prénom ! Mais il n'est pas assez courant par ici. D'où venez-vous très chère ?

- Je suis Sifanois mais mon père était originaire d'Exodia. J'ai encore de la famille là bas.

- Ahh Exodia, une cité plutôt charmante ! Je connais quelques nobles de cette cité. De quelle famille venez-vous ?

- Je suis une Dobel.

- Hummm... je ne connais pas. Vous êtes duchesse ou votre père était chevalier ?

- Non non rien de tout ça. Je ne suis pas issue de la noblesse, mon père était commerçant.

La réponse de Marie avait surpris Sandrine à un point où cette dernière avait avalé la bouchée de son plat de travers. Elle toussa puis s'adressa à son fils par la suite.

- Si c'est ta manière de me punir parce que j'avais fait venir la sœur du duc de « Jutrecky », ma foi ! C'était réussi. Tu vas maintenant batifoler avec les courtisanes de la banlieue ?

- Maman ! Ne parle pas comme ça d'elle ! Elle vaut bien mieux que toutes les filles que tu fais défiler ici depuis que je suis veuf !

- Tu veux vraiment nous infliger ça ! Rien que parce qu'elle est ici ce soir on sera le sujet des potins à la cour pendant au moins deux semaines.

- Si cela vous chante ! Très chère Marie, je suis désolé. Ma mère est... Comment dirais-je... vieille et coincée.

Marie était tellement gênée qu'elle ne pouvait plus avaler une bouchée. Elle acquiesça pour dire qu'elle avait compris les propos de Jérel mais elle était encore sous le choc. Elle voulait rester pour ne pas créer la gêne mais elle avait peur des prochains mots que Sandrine pouvait prononce. Pour ne pas que la situation soit plus gênante qu'elle l'est déjà, elle finit par se retirer de la table. Elle se replia dans la bibliothèque. Jérel lança un regard noir à sa mère et regagna la bibliothèque. Il essayait de réconforter Marie mais cette dernière demanda à partir. Il comprit sa décision et demanda à son chauffeur de la raccompagner.

Lorentz avait tellement aimé l'expérience qu'il était resté toute la nuit. C'étaient ses premières fois. Bien qu'il ne fût pas fier de lui, il ressentait une certaine joie. Le lendemain matin, pendant sa marche retour pour rentrer à la maison, il se sentit comme un homme du peuple : sensation qu'il n'avait jamais eût auparavant. Les gens les saluaient sans révérence, on ne lui devait rien et il ne devait rien à personne. Cette virée nocturne inopinée avait changé sa perception des choses. Quand il rentra à la maison, sa mère qui était inquiète vit un sourire sur le visage de son fils. Ils se fixèrent puis elle sourit à son tour aussi. Elle comprit qu'il avait enfin fait un pas vers l'acceptation de la réalité. Il fit la bise à Makissi qui était sur le point de se rendre à l'académie.

Paul avait rédigé une convocation qu'il donna à un messager royal pour la remettre au chauffeur. Quelques heures plus tard, le messager revint trouver Paul avec le message toujours scellé. Il informa le grand sage que le chauffeur avait voyagé ce matin et que ses proches disent qu'il serait de retour dans un mois. Paul étonné de ce voyage soudain décida de se rendre au palais pour en parler à Bali. Mais au moment de quitter son bureau, on l'informa que Savel était là. Il demanda à ce qu'on fasse entrer ce dernier. Savel était venu pour demander 6 semaines de congés. Il était mentionné sur sa lettre qu'il voulait se rendre à Tresoria pour un voyage d'affaires et venait demander la permission à Paul. Paul qui était pressé de se rendre au palais accepta la requête de Savel et signa les documents. Son chauffeur était déjà prêt. Il monta dans son carrosse et il prit la direction du palais.

Marie était au travail et avait l'air moins joviale que d'habitude. Ses collègues qui ignoraient la réelle raison de son état pensaient qu'elle faisait toujours son deuil. Elle avait l'habitude de fredonner quand elle cousait mais le silence régnait en maître dans son aire de travail aujourd'hui. Elle se sentait humiliée et avait honte d'elle même. Elle s'accusait d'être retombée amoureuse d'aussi tôt alors que le corps de son mari était encore chaud. Elle s'en voulait tellement qu'elle regrettait de s'être rendu au banquet royal. Pendant qu'elle ravivait ses blessures émotionnelles, elle entendit quelqu'un siffloter la mélodie qu'elle avait l'habitude d'entonner. Elle tourna sa tête en direction du son et vit que c'était Michel. Il s'approcha d'elle délicatement et il présenta ses excuses pour les propos qu'il avait tenus lors de leur dispute. Il lui demanda de la pardonner et remarqua quelques larmes sur les belles joues pâles de Marie. Il la réconforta et lui demanda de rentrer à la maison se reposer. Il lui promit qu'il terminera la robe qu'elle avait commencé. Marie ne répondait que par les gestes de la tête car elle ne savait pas quoi dire. Son véritable ami qui la soutenait depuis toujours l'avait averti car il tenait à elle mais l'amour l'avait aveuglé. Sur le moment elle n'avait pas remarqué mais elle vient de le constater. Elle prit son petit sac fait de laine et se rendit chez elle pour se reposer. 

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