DEUX.

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DIX-HUIT ANS PLUS TARD.

Au milieu des arbres d'une dense forêt se trouvait un daim en train de brouter paisiblement. Jamais il n'aurait pensé qu'il était épié en ce moment-même. Seul le doux chant des oiseaux se faisait entendre, et, presque inaudible, la rivière qui faisait des siennes.

C'est en entendant le sifflement d'une flèche que ses oreilles se dressèrent rapidement. Elle tournoya dans l'air avant de se planter entre les yeux du daim, qui s'affaissa dans l'herbe sans avoir souffert une seule seconde. La forêt se tût.

Un craquement de branches fit s'envoler les oiseaux.

Dans un bruissement de feuilles, une jeune fille brune s'avança vers sa proie. Elle grimaça en voyant la blessure qu'elle lui avait infligée, et retira la flèche d'un geste sûr.

Le repas était prêt.

***

Rassasiée, la jeune femme se leva en époussetant ses vêtements. Elle prit sa gourde, jeta l'eau qu'elle contenait sur le feu qui lui avait permis de cuire l'animal et ramassa ses affaires.

Un jeune garçon leva ses yeux gris vers la fille.

-Où vas-tu ? On vient tout juste de terminer de manger.

La jeune fille ne répondit pas. Elle lança son sac sur ses épaules et commença à marcher vers le Nord.

-Attends ! cria le jeune homme en se lançant à sa poursuite.

En poussant un soupir, la fille s'arrêta sans se retourner. Le brun la contourna pour se placer face à elle, le regard dur.

-On y va si tu veux, mais préviens-moi, quand même. J'en ai marre de te suivre comme un chien.

-Tu peux très bien ne pas me suivre, Mathieu, soupira la jeune fille en haussant un sourcil arrogant.

La mâchoire de Mathieu se serra en entendant ces propos. Cela faisait depuis deux semaines qu'ils se trouvaient dans cette forêt, et n'ont pas encore eu de problèmes. Ils avaient eu de plus en plus de mal à se cacher, mais ont au final réussis à trouver un endroit qui semblait plus sûr que les derniers, où ils n'étaient jamais restés plus de cinq jours.

-Louise, je ne vais pas te laisser seule dans cette forêt, sans protection ! s'exclama-t-il.

La jeune brune se braqua instantanément. Elle leva des yeux étincelant de rage vers le garçon qui lui ressemblait à de nombreux égards et articula froidement :

-Je peux très bien me débrouiller seule. Je n'ai pas besoin de ta protection.

Sur ces mots, elle poussa son frère d'un coup d'épaule et reprit son chemin. Pour qui se prenait-il ? Il n'était que son frère, pas son garde du corps. Elle entendit derrière elle un soupir avant qu'elle ne sente la présence de Mathieu à coter d'elle. Un fin sourire triomphant se dessina sur ses lèvres, qu'elle cacha derrière ses cheveux noirs.

-Quelle est notre prochaine destination ? demanda le brun.

-Aucune idée.

Mathieu hocha la tête.

-Dans ce cas, je propose d'aller remplir nos gourdes, pour ensuite nous éloigner un peu de la rivière et trouver un endroit où on pourra dormir.

Sans grande conviction, Louise acquiesça. Elle en avait marre de ce train-train habituel qui résumait leur vie. Il fallait toujours qu'ils se cachent, qu'ils fuient, qu'ils risquent leur vie. Tout ça par sa faute.

Louise avala douloureusement sa salive, s'interdisant de s'enfoncer encore un peu plus dans ses pensées morbides. Elle n'avait pas le temps de s'apitoyer sur son sort, trop de dangers l'entouraient pour qu'elle s'accorde une seule seconde d'inattention. Après une grande inspiration, elle vida son esprit, et marcha d'un pas plus confiant.

Condamnée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant