DIX-NEUF.

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En sortant de derrière la Tour, Louise ouvrit grands les yeux. Elle atterrit dans un jardin dont le mélange de couleurs était surprenant, et dont les effluves lui rappelèrent l'époque où sa famille et elle étaient restés dans une petit cabane en bois quelques jours, entourés par des champs remplis de fleurs sauvages.
Alors que Louise trouvait la Tour vide de vie et de couleur, elle ne se serait jamais imaginé qu'une telle atmosphère régnait à l'avant. Au loin, elle put discerner des silhouettes en plein combat, d'autres qui s'entraînaient au tir à l'arc, au lancé de couteau, ou encore qui enchainaient des positions de défense, confiants et vivants. Elle fut sidérée.
Elle aurait aimé regarder un peu mieux les environs, mais les Pions qui la tenaient ne furent pas du même avis. Ils tirèrent Louise à l'intérieur de la Tour, et cette fois-ci, la jeune fille écarquilla les yeux non pas par émerveillement, mais par surprise. Un immense escalier qui suivait les parois de la tour montait en spirale, sans qu'on en voit la fin. La Tour était dépourvue de décoration, et l'omniprésence de la couleur grise fit grimacer Louise. C'était la couleur qu'elle détestait le plus pour sa morosité.
Louise sortit de ses pensées lorsqu'elle vit les Pions l'obliger à monter les escaliers. Elle serra les dents, et monta les marches une à une, s'efforçant de faire abstraction de sa douleur cuisante à la cuisse. Les Pions, qui n'avaient aucune pitié, ne s'adaptèrent pas à la vitesse que Louise tentait de garder, et au contraire accélérèrent. La brune mordit sa lèvre inférieure pour ne pas gémir, et sentit un goût métallique dans sa bouche. Elle suivit les Pions sans se plaindre, mais, lorsque sa jambe lâcha sous son poids, elle demanda d'une voix faible :
-Est-ce encore haut ?
Félix, qui était derrière elle, l'attrapa sous les aisselles et l'obligea à se lever. Incapable de se défendre, Louise grinça des dents.
-Avance, cracha-t-il sans répondre à sa question.
Impuissante, Louise obéit, sa jambe traînant derrière elle. Elle monta encore une dizaine de marches, et arriva devant deux portes massives. Deux hommes se trouvaient de chaque côté. Ces hommes ressemblaient plus à des monstres, avec leur impressionnante carrure et leurs muscles saillants. Ils jaugèrent les individus d'un regard glacial, et hochèrent la tête. Alors, les portes s'ouvrirent en grand.
Une forte luminosité se dégageait de la pièce, si forte que Louise fut obligée de fermer les yeux. Avant que ses yeux ne purent s'y habituer, Félix la poussa en avant, de telle sorte qu'elle entra dans cette pièce à l'aveuglette, sans savoir ce qui se trouvait face à elle et ce qui l'attendait. Elle ouvrit doucement les yeux, et, après quelques secondes, put y voir clair. Alors, ce fut le choc.
Un immense tapis rouge se déroulait devant elle jusqu'au bout de la pièce, où, face à une immense fenêtre, se trouvait un trône. Mais ce ne fut pas ce qui choqua le plus Louise. De part et d'autre de la pièce, se trouvaient des hommes. Des hommes entassés, tous serrés les uns aux autres, habillés comme des villageois, parfois des paysans. Aucune femme, aucun enfant. Que des hommes qui se trouvaient de chaque côté du tapis rouge, le regard braqué sur le visage de Louise. Celle-ci avala sa salive, et soutint le regard de chacun, la main de Félix dans le dos qui l'obligeait à avancer.
Elle était presque arrivée au bout de la pièce lorsque, sur un signe inaudible, les hommes qui ne lâchaient pas Louise des yeux crièrent :
-Scélérate !
-Déchet !
-Meurs !
-Assassin !
Et bien d'autres insultes qui percutèrent Louise de plein fouet. Certains hommes ne se contentèrent pas de l'injurier, et tentèrent de la frapper. Mais des Pions les en empêchèrent, ce qui ne rassura pas Louise pour autant. Elle regarda les visages déformés par la haine des villageois en se demandant ce qu'elle avait bien pu leur faire, pourquoi ils lui crachaient ainsi dessus.
Soutenir leur regard fut alors trop dur pour Louise, qui baissa les yeux. Elle mordit sa bouche, des larmes menaçants de couler.
-Silence, tonna une voix grave.
Instantanément, le silence tomba. Louise releva la tête, et remarqua qu'elle était arrivée au bout de la pièce. Elle regarda le trône qui lui faisait face plus attentivement. Il était serti de diamants étincelants qui réfléchissaient la lumière automnale du soleil, ce qui donnait des couleurs magiques à la pièce. La jeune fille remonta un peu plus les yeux, et découvrit un homme assis sur l'épais coussin rouge du trône. Des cheveux blonds très clairs, quasi blancs, encadraient un visage fin et pâle aux traits aristocratiques. De fines ridules accentuaient la forme en amande des yeux verts émeraudes de l'homme. Un front dégagé, un menton délicat surmonté d'une bouche fine et souriante, un nez aquilin parsemé de minuscules tâches de rousseur... Ce visage aurait pu sembler juvénile si son expression n'avait pas été si sérieuse et dure. On aurait dit un adulte ayant connu toutes les misères du monde coincé dans le corps d'un enfant.
-Mon Seigneur, fit Félix en s'agenouillant. Je vous apporte Louise Daum.
Louise, encore plus curieuse, planta ses yeux noirs dans les yeux clairs de l'homme. Alors, c'était lui, le Roi. Son fameux ennemi.
-Que tu ressembles à ta mère, murmura celui-ci.
Le regard curieux de Louise devint brusquement glacial. Sa douleur lancinante à la jambe et au bras disparut, et une froide soif de vengeance la remplaça.
-Vous ne savez rien d'elle, cracha Louise. La seule ressemblance que vous pourriez être capable de noter entre nous est la même haine que nous nourrissions à votre égard.
-Le même caractère téméraire, à ce que je vois.
Louise était prête à répliquer lorsqu'un mouvement sur la droite du Roi l'en empêcha. Elle reconnut William, debout aux cotés du Roi. Son regard sérieux voulut faire passer un message à la jeune brune pour qu'elle n'entre pas dans le jeu du Roi, mais Louise ne le capta pas et détourna le regard.
-Ne parlez pas d'elle comme si vous la connaissiez, siffla-t-elle.
-Oh, mais je la connaissais, crois-moi. Bien mieux que tu ne la connaissais, tu sais, sourit le Roi.
William, les sourcils froncés et le regard dur, essaya à nouveau d'attirer l'attention de la brune pour qu'elle évite de tomber dans son piège. Mais, comme il s'y attendait, elle l'ignora.
-Ah oui ? grinça-t-elle, une lueur de défi dans les yeux. Allez-y, racontez-moi ce que vous savez d'elle et que je ne sais pas !
Les mâchoires de William se serrèrent. Il détourna le regard lorsque la voix du Roi retentit.
-Comme tu voudras. Anne Daum était une belle femme brune, avec des yeux noirs insondables et un caractère qui ne laissait personne indifférent. Elle n'avait cependant d'yeux que pour ton père, Jack, un homme connu pour son courage et ses splendides batailles. Ils se sont mariés bien assez tôt, et ont eu ton frère, Mathieu, l'année suivante. Ils considéraient ce petit comme la huitième merveille du monde.
-Vous ne m'apprenez...
-Puis vint le moment où Anne se rendit compte qu'elle était enceinte, encore une fois, poursuivit le Roi. Elle prévint ton père directement, et, sur un coup de tête inacceptable, ils décidèrent de te donner naissance, tout en connaissant les conséquences qui s'ensuivraient.
« Ils ont donc quitter leur maison, accompagnés d'un de leurs meilleurs amis, Yves, un excellent médecin qui avait promis à tes parents de les aider à te faire naître. Et tu es née, Louise. J'ai appris ton existence le jour-même où tu es sortis du ventre de ta très chère mère. Tu le sais sans doute, Yves a trahi tes parents. À peine étais-tu née qu'il avait disparu, en route pour m'informer. Il a demandé à un Pion de me faire passer le message, et alors, à ce moment précis, l'existence de tes parents fut chamboulée. Il avait suffit que tu existes pour faire de la vie de ta tendre famille un calvaire. À peine née et déjà égoïste...
« Ta mère et ton père t'aimaient d'un amour incommensurable, aveugles qu'ils étaient. Pour rien au monde ils auraient laissé mes soldats s'emparer de toi. Ils se sont donc décidés à fuir, encore et encore. Ta mère a appris grâce à ton père à se battre, à se défendre. Dès toute petite, ils te laissaient les regarder s'entraîner, pour que cela devienne une chose normale, naturelle pour toi de se battre. Ton père t'y a d'ailleurs initié très tôt, pour une enfant. Tu t'exerçais avec Mathieu. Tes parents avaient remarqué la facilité avec laquelle tu te battais, on aurait dit que c'était aussi naturel que de marcher pour toi. Ils avaient donc prêté plus d'attention à tes gestes, à ton caractère et à ton âme. Et c'est là qu'ils se sont rendus compte que tu n'étais pas leur simple enfant adoré, mais beaucoup plus, tellement plus. Tu avais à peine dix ans que tu étais déjà une femme à part entière. Ta liberté, ton indépendance, ta témérité étaient déjà ancrés en toi.  Anne et Jack ne savaient comment réagir. Tu t'imagines ? Une enfant qui savait mieux se battre qu'un Pion, qui savait tout du monde et de ses malheurs. Cela pouvait être à la fois effrayant et rassurant. Mais tes parents ont fait abstraction de cela, et ont continué à t'entraîner. Tout ce qu'ils voulaient, c'était conserver cette flamme qui te caractérisait.
« Vous êtes restés longtemps à un endroit en particulier, du moins, plus longtemps que d'habitude. C'était dans une petite cabane en bois à l'orée d'une belle forêt, à quelques pas d'un petit village. Vous aviez réussis à garder votre identité secrète là-bas. Personne ne se doutait de rien. Vous en avez donc profité, tout en restant sur vos gardes et en changeant de nom de famille. Les villageois étaient gentils avec vous, ils vous souriaient, offraient des fruits à tes parents pour toi et Mathieu le matin. Ils connaissaient vos visages. Tu te rappelles de ces gentils villageois, Louise ? Ils aimaient bien te caresser les cheveux, toujours en admiration devant ta beauté froide. Ils te l'ont dis plus d'une fois, d'ailleurs. "C'est fou ce que tu peux être belle, Louise. Tes cheveux...
-Tes cheveux ressemblent tant à ceux de ta mère, récita Louise, noirs comme les ailes d'un corbeau, tes yeux charbons ont l'air d'avoir déjà tout vu et tout connu, ta peau fine et pâle semble diaphane, tes traits à la fois fins et durs font de ton visage...
-Un visage d'ange vengeur", termina le Roi, un sourire aux lèvres en entendant le tremblement de la voix de Louise. Tous les matins, c'était le même baratin. Mais, un jour, vos espoirs se sont évanouis.
Le souffle de Louise se coupa, mais elle tint bon et garda ses yeux plantés dans ceux
du Roi.
-Oui, c'est bien ce jour, ricana celui-ci. Vous êtes allés au village, mais, à votre grand désarroi, votre accueil fut tout autre. Un homme aux yeux hagards a vu ton visage, et s'est mit à crier : "C'est elle ! Là ! Louise Daum est ici ! La scélérate !" Les cris ont alerté les villageois, qui se sont tous réunis autour de vous et du vieil homme. Ce dernier brandissait une affiche qu'un de mes Pions avait gentiment placardé sur plusieurs murs en plusieurs exemplaires. On t'y voyait, toi, les yeux curieux et distants, la bouche entrouverte, les cheveux décoiffés. Sur la photo était inscrit : "Louise Daum. 3.000.000 de pièces pour celui ou celle qui la trouve et la ramène à votre Roi." Tes parents, Mathieu et toi vous êtes mis à courir en direction de votre petite cabane, suivis de près par les cris des villageois trahis. Arrivés à votre abri, Anne s'est arrêtée et t'a pris les mains. Mathieu, la main sur ton épaule, regardait les villageois s'approcher. Que t'a dit ta mère, Louise ?
L'interpellée se mordit la lèvre inférieure, et, incapable de soutenir plus longtemps le regard du Roi, détourna les yeux.
-Tu ne veux pas le dire ? Bon. Elle t'a dit : "Cours. Allez tous les deux au grand chêne, ne vous arrêtez pas, ne vous retournez pas. Papa et moi viendrons plus tard, d'accord, mes anges ? On doit juste récupérer nos affaires. C'est compris ?" Tu as hoché la tête. Tu avais une confiance aveugle en tes parents, ils étaient pour toi des héros immortels. Jamais tu n'avais pensé à la tournure que les évènements pouvaient prendre. Alors, tu as couru comme si tu allais prendre ton envol. Mathieu te suivait, vous courriez à la même vitesse. Vous saviez quel était le grand chêne dont votre mère parlait, c'était l'arbre où vous aviez l'habitude de jouer, toi et Mathieu. Vous êtes donc arrivés devant l'arbre en question. Mathieu s'est retourné vers la cabane et a écarquillé les yeux. Tu t'es alors toi aussi retournée et tu as vu un épais nuage gris qui, au lieu de se trouver dans le ciel, se trouvait juste au dessus du sol. Tu n'as pas tout de suite compris. Ton frère s'est remis à courir, mais toi, tu était paralysée. Tu ne comprenais pas. Pourquoi ce nuage était-il exactement à l'emplacement où était censée se trouver la cabane ? Pourquoi les oiseaux s'envolaient tous loin de la maisonnette ?
« Tu t'es mise à courir, poussée par un mauvais pressentiment. Tu te souviens, Louise ? De tes poumons qui s'enflammaient un peu plus à chaque fois que tu agrandissais tes enjambés, tes jambes qui te lançaient lorsque tu poussais encore plus dessus ? Je te l'avoue, j'ai eu du mal à te suivre, à ce moment. Il faut dire que tu étais vraiment rapide, je n'avais jamais vu ça ! On aurait dit que le Diable était à tes trousses.
-Taisez-vous... couina Louise, qui n'aimait pas ce qui s'imposait à son esprit.
-Dis-moi, Louise. Tu te rappelles ? De cette sensation âpre dans ta gorge lorsque tu es arrivée à l'orée des bois ? De la douce suie qui s'accrochait à tes joues ? Des larmes que la cendre arrachait à tes yeux ? Tu t'en souviens ?
Le Roi se leva et s'approcha doucement de Louise, qui tremblait de tout son corps.
-Rappelle-toi. Tu t'es précipité dans la maison enflammée pour retrouver tes parents. Tu es entrée, tu as sentit une perle de sueur dans ta nuque, des frissons remonter le long de ton échine. Et tu l'as vue. Ta douce mère, cernée par les flammes. Tu as voulu t'élancer vers elle pour la rejoindre, pour l'aider. Ma pauvre Louise. Tu n'y es pas parvenue. Tu as regardé désespérément autour de toi pour trouver une quelconque aide. En vain. Ta mère ne t'a pas regardé. Savait-elle que tu étais là ? Tu ne le sauras jamais. En une seconde, les flammes léchèrent son corps et l'embrasèrent. J'entends encore le long cri de souffrance qu'elle avait poussé.
-Arrêtez... murmura Louise, qui recula lorsque le Roi fut à deux pas d'elle.
-Tu ne bougeais plus, Louise, poursuivit-il, à quelques centimètres de son visage. Tu en étais incapable. Mais Mathieu t'a trouvé et t'a rapidement sortis de la maison. Où était votre père, Louise ? Ah oui, c'est vrai. Vous l'avez trouvé le lendemain face contre terre, une flèche plantée entre les deux omoplates. Le plus grand guerrier de tous les temps était mort ! gloussa le Roi. Tu t'es approchée de lui, et, sans état d'âme, tu as récupérer son poignard. Je n'ai pas bien compris la raison du pourquoi, enfin. Louise, cette haine que tu nourris à mon égard, d'où vient-elle, dis moi ?
-Vous... Vous êtes un assassin qui...
-Je t'arrête là. Je vais t'apprendre quelque chose, petite. Ouvre grands les oreilles.
William, qui regardait Louise, savait que ce que le Roi venait de dire n'était rien comparé à ce qui arrivait. Celui-ci passa délicatement une main dans les cheveux de Louise, qui ne bougea pas.
-Dans cette pièce, il n'y a qu'un assassin. Et sais-tu qui c'est ? C'est toi, Louise Daum. Tu es une assassin. C'est la peur que les villageois nourrissaient à ton égard qui a tué tes parents. Tu as tué tes parents. Tu as tué des centaines d'innocents par ta simple existence. Tu es une abomination, Louise ! Le simple fait que tu sois en vie tue des innocents chaque jour. Savais-tu qu'une fillette de douze ans, dont la mère était une très bonne amie d'Anne et qui était en admiration devant elle et toi, fut nommée Louise par celle-ci pour te soutenir implicitement dans ton crime ? Je l'ai appris il n'y a même pas un mois. Bien entendu, dès que je l'ai appris, je l'ai tuée.
Un hoquet de stupeur s'échappa des lèvres de Louise, qui recula la tête.
-Vous... Vous l'avez tuée ?
-Pardon, je les ai tuées. Je ne tolèrerai aucune petite révolution comme celle-ci ! Enfin, tout ça pour te dire que, j'en suis navré, tu es une assassin. Une meurtrière. Tu as tué tes parents, et la mort de Mathieu ne saurait tarder. Un simple contact avec une personne, n'importe qui, et cette personne est morte ! Tu as dû t'en rendre compte, non ? Les personnes qui ont osé t'adresser la parole sont mortes, aujourd'hui.
Les hommes réunis dans la pièce appuyèrent les propos du Roi en hurlant :
-Tu as tué ma femme !
-Mon enfant est mort !
-Tu n'es qu'une souillure qui ne mérite pas la vie !
-À mort !
Louise sentit son cœur battre de plus en plus fort à ses oreilles, sa tête tourna.
-Meurtrière ! hurla un homme, qui cracha aux pieds de Louise.
Elle avait tué. Tant de gens, tant d'innocents. Le Roi avait raison... Elle ne méritait pas de vivre, elle aurait dû mourir bien avant. Non. Elle n'aurait jamais dû vivre. Ces prises de conscience allumèrent une douleur encore plus vive que celles de ses blessures, et Louise sentit les ténèbres se refermer sur elle. Elle les accueillit cette fois-ci les bras grands ouverts, et s'enveloppa dans ce néant avec soulagement.
Jamais la vie ne lui avait semblé si dure et triste à vivre.

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Vindicta.

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