La jeune fille ne s'arrêta pas, et au contraire accéléra. Le vent giflait ses joues roses et envoyait valser ses cheveux noirs dans son dos. Sa course lui rappela celle qu'elle avait faite avec son frère lorsque William et les Pions les avaient trouvés, il y a quelques jours.
Louise entendait juste derrière elle une respiration calme ainsi que des feuilles qui bruissaient à chaque quart de seconde. En jetant un regard derrière elle, elle y vit William, qui tentait tant bien que mal de la rattraper. Louise força ses mollets à redoubler d'efforts et accéléra un peu plus, malgré sa douleur lancinante à la cuisse.
Le village était en danger. Il fallait qu'elle aille les sauver, Mathieu, Lucien, Aïna, Théo... Elle ne pouvait pas autoriser que d'autres personnes meurent par sa faute. Il y avait eu trop de pertes, trop d'injustices. Cela devait cesser. Et ce n'était pas une petite blessure qui la ralentirait.
-Louise, arrête-toi ! Écoute-moi... criait William.
L'écouter ? Non. Ce serait une perte de temps.
-Plus personne ne va mourir. Pas pour moi, répliqua-t-elle sur le même ton que le Cavalier.
-Pour toi ? Tu crois que tes parents sont morts pour toi ? Que tous ces innocents sont morts pour toi ? T'as beau être l'élue, crois pas que c'est aussi simple que ça. C'est bien plus large que ça, tout ne tourne pas autour de toi !
Louise ne ralentit pas, malgré sa forte envie de s'arrêter et de répliquer. Elle continua de courir, sans penser à ses mollets en feu et à ses poumons oppressés.
William, qui parvenait à la suivre cependant sans la rattraper, releva soudainement la tête. Il se tourna vers la droite et plissa les yeux. Mis à part les arbres qui défilaient à grande vitesse, il n'y avait rien. Avait-il rêvé ? Il avait pourtant cru entendre un bruit à quelques mètres... Le Cavalier resta sur ses gardes et accéléra.
-Louise, je crois qu'on ferait mieux de s'arrêter, j'ai cru...
Il n'eut pas même le temps de terminer sa phrase qu'un soldat se jeta en travers de la route de Louise sans se soucier de sa propre sécurité. La jeune brune, surprise de voir cet homme surgir de nulle part, n'eut pas le temps de ralentir lorsqu'il ouvrit grands les bras et qu'elle fonça droit dedans. Pareils à des serres, les bras se refermèrent autour de leur proie et la serrèrent avec force. William dégaina son épée et leva le bras, prêt à frapper. Cependant, il stoppa son mouvement dans les airs lorsque le soldat, qu'il avait reconnu, utilisa Louise comme bouclier.
Louise mordit à pleines dents un des bras qui entravait sa poitrine, et sentit un goût métallique dans sa bouche. Un gémissement de douleur lui parvint droit dans les oreilles, et la prise de l'homme se relâcha l'espace d'un quart de seconde. Ce temps aurait pu suffire à Louise pour se soustraire de l'emprise de la personne qui se trouvait derrière elle, si cette dernière ne savait pas qu'elle était blessée. Or, ce soldat n'était tout autre que Félix. Et, lorsqu'il sentit les dents de Louise se planter dans sa chair, il riposta instantanément et enfonça ses doigts dans la blessure à l'épaule de la jeune brune, qui écarquilla les yeux de douleur. Elle se retint cependant de crier et enfonça ses dents dans sa lèvre inférieure.
William grogna en voyant le sang couler de l'épaule et de la bouche de Louise. Il fléchit légèrement les jambes et regarda rapidement autour de lui. Félix était seul. Il avait dû entendre William crier, et avait dû quitter son armée de Cavaliers pour les retrouver...
-Bah alors, Will, tu n'attaques pas ? sourit cruellement Félix.
Ses doigts, toujours enfoncés dans la blessure de Louise, ne bougeaient pas. Louise gardait le regard rivé au sol, incapable de regarder William dans une posture pareille.
-Lâche-la, ordonna William d'un ton glacial.
Un rictus aux lèvres, Félix poussa Louise sur le côté sans ménagement et, dans le même mouvement, lui asséna un coup de pied dans la cuisse. La bouche de la brune s'ouvrit sur un cri inaudible. Ses jambes plièrent, et elle tomba au sol dans un bruit sourd.
William resserra son emprise sur le pommeau de son épée et quitta Louise des yeux. Il les planta dans ceux de Félix, lourds de menace. Ce dernier sortit son épée de son fourreau calmement et demanda :
-Tu t'opposes donc au Roi ?
-Je m'y suis toujours opposé, répliqua William.
Les deux hommes se tournaient autour comme deux lions en cage. Ils savaient tous les deux parfaitement les points faibles de l'autre. Cela ne rendrait pas la tâche facile.
-J'ai su depuis le début que tu n'étais qu'un traitre. J'aurais dû suivre mon intuition et le communiquer immédiatement au Roi.
-Suis-je censé te dire mes regrets à mon tour ?
-Je les connais déjà trop bien, sourit Félix en attaquant.
Les épées s'entrechoquèrent avec force.
-Pourquoi ne pas plutôt les dire à Louise ? demanda Félix, le visage à cinq centimètres du Maître.
Celui-ci lui donna un coup de pied pour s'en séparer.
-Je ne vois pas de quoi tu parles, rétorqua-t-il en attaquant.
Félix para son coup avec facilité, et frappa à son tour. William n'eut qu'à se décaler pour éviter le coup de Félix, qui avait pourtant été précis et puissant.
-Ne fais pas l'innocent, ricana celui-ci. Tu sais très bien de quoi je parle. Ce n'est qu'une question de temps avant que ta petite protégée ne le découvre.
William donna coup sur coup, sans pause entre chacun d'eux. Il n'essayait pas de le tuer, ni même de le blesser. Il voulait juste le faire partir. Il s'occuperait de son cas une prochaine fois. Avant cela, il devait s'occuper de Louise, qui était plus gravement blessée qu'il ne l'avait pensé.
Cette dernière venait de se relever, les mâchoires serrées. Elle empoigna son poignard avec force, et observa avec attention les coups des deux hommes. William faisait reculer Félix, il avait l'avantage sur lui. La jeune brune remarqua rapidement que les coups du Maître n'étaient pas destinés à tuer le Cavalier, et qu'ils étaient séparés par un intervalle régulier. Elle esquissa un sourire et jeta son poignard d'un coup sûr.
Il se planta dans la chair de la cuisse de Félix, qui écarquilla les yeux et qui tomba. Le coup de William, qu'il était prêt à parer, le toucha à l'épaule. Du sang coula de son épaule et de sa cuisse.
Louise releva la tête, fière de son tir entièrement calculé. Félix releva brusquement la tête et lui lança un regard furibond.
-Tu...
-Je ne suis la "petite protégée" de personne, le coupa la brune en s'approchant de lui, s'efforçant de ne pas boiter.
Félix regarda le déhanché de la brune d'un œil pervers, et se lécha les lèvres. Qu'allait-elle lui faire, à s'approcher si près ?
William remarqua le regard de Félix et grinça des dents. Mais, lorsqu'il vit le visage de Louise, il se détendit.
La jeune sauvage s'accroupit à la hauteur du Cavalier, et serra les dents lorsqu'elle sentit la blessure de sa cuisse tirer.
Elle garda néanmoins le visage de marbre et attrape le menton de Félix de ses trois doigts.
-Je n'ai besoin d'aucune protection, articula-t-elle.
De son autre main, elle arracha d'un coup sec son poignard de la cuisse du blessé. Il grogna de douleur mais ne baissa pas les yeux. Louise se releva et tourna le dos à Félix, dont le sang bouillait. Elle reprit son chemin comme si de rien était, sans même attendre William, qui jubilait.
Avant de la suivre, il profita d'être seul avec Félix et lui asséna un coup de poing puissant dans la mâchoire.
-Je ne faisais que me retenir, murmura-t-il à son oreille.
Félix cracha à ses pieds. Il ne pouvait rien faire d'autre que les regarder partir d'un œil noir.______
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