ONE BREATH FOREVER

7. Œil pour œil

SASHA

    La plupart des gens est entrain de dormir. C'est un constat. Je ne veux pas passer pour la chieuse de service mais sérieusement, on n'est plus au collège. On est à la fac, putain, on n'a plus à avoir un couteau sous la gorge pour justifier nos absences, seulement parce qu'on veut rester dormir quelques heures supplémentaires.

    C'est sérieux.

    Un type a sa tête endormie planquée derrière son ordinateur juste à côté de moi, et heureusement qu'il ne se met pas à ronfler sinon il aurait dégringolé les petites marches sur le cul. L'envie me démange de lui balancer mon bouchon de stylo à la gueule.

    Certes, le cours n'est pas aussi divertissant qu'aller s'éclater en boîte, se faire une partie de laser-blade ou bien dans mon cas, se mettre dans son lit sous un temps maussade avec un bon petit bouquin durant un après-midi sans souci.

    Bref, pendant ce temps, je ronge mon frein en prenant les notes nécessaires à mon cours. Jusqu'à ce que la porte s'ouvre dans un vacarme digne d'une entrée remarquable. Je lève la tête, comme si je me réveillais d'une sieste alors que j'étais parfaitement concentrée.

– Messieurs, vous nous faites l'honneur de vos présences... en retard, fait remarquer la professeure.

     Je suis près des marches, et je n'ai qu'à me tourner ou à lever un chouïa la tête pour voir qui sont ces fameux "Messieurs". Mes colocataires préférés. Mason, Max, Nick, Riley et Cody font enfin acte de leur présence, étonnamment dans ce cours.

     Alors que j'aurais été la plus gênée du monde d'arriver en retard et de me faire remarquer par la professeure, eux paraissent totalement décontractés comme s'ils connaissaient la prof depuis les couches-culottes.

     Ce matin, je me suis d'ailleurs retrouvée habillée dans ma tenue de jour dans mon lit. Je me suis endormie lors du film, selon Max qui garde un mystère total sur celui qui m'a ramené dans mon lit. En tout cas, ce n'est pas lui.

– Mes réveils ont sonné, je vous le promets, madame, promet Max.

– C'est encore pire, monsieur Rivera, je penserai que vous avez la boule au ventre pour assister à mon cours, réplique la professeure Foster.

– Si seulement c'était la même boule qu'on parlait... marmonne Max.

    Mes yeux s'écarquillent aussitôt et je lâche mon stylo au sol tellement que j'en suis choquée. Mais les gars ont décidé de descendre au même moment, et le bruit de la chute de mon stylo résonne dans une partie de l'amphithéâtre.

     Planquée sous ma pochette contenant mes cours, je me plie aussitôt pour ramasser mon stylo mais mon crâne heurte un autre crâne et je jure dans ma barbe. Une main se pose plus rapidement sur mon stylo et je n'ose lever les yeux car je sais pertinemment qui c'est et qu'il me reconnaîtrait.

– Je sais, on en lâche son stylo dès qu'on débarque, souffle-t-il visiblement amusé d'un ton étonnamment gentil.

    Il tente vraiment d'user de son charme sur moi ? Beurk. Je sais tout de suite qu'il ne m'a pas reconnue.

    Je veux savourer sa réaction quand il s'apercevra que c'est moi. Ainsi, je lève la tête mais ses pupilles absorbent aussitôt les miennes. Mes yeux ne veulent pas lâcher son regard et les siens restent imperturbables mais semblent perdus dans les miens.

    Le temps s'est arrêté, c'est certain. Ma respiration en a fait de même, je crois. Ma main est la seule à se tendre pour récupérer mon précieux, précieux qu'il a dans sa main. Précieux qui nécessite un contact avec lui.