Chapitre 27. Séjour chez les Kooks

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Nous sommes chacuns dans le van, aussi essoufflés les uns que les autres.

Je me sens tellement mal pour JJ, à chaque fois que je le regarde, je repense à la fois où j'aurais pû intervenir, et le sauver de l'emprise de son père.

J'ai l'impression d'être à côté de la plaque. Depuis le début, je me trompais.

Tout le monde savait qu'il se faisait battre, mais personne n'a réagis.

- Fiona, tu nous écoutes ?

Je relève la tête, regardant John B, qui attend une réponse de ma part.

- Vous disiez quoi ?

- On te demandait si ça allait, répond le blond de la bande.

- C'est plutôt à toi qu'il faut demander, je dis du tac au tac.

Il hausse les épaules :

- J'ai l'habitude, ça ne me fait plus rien.

Je me redresse et ouvre la bouche, tout en laissant une larme couler sur ma joue :

- Tu as l'habitude de te faire frapper. C'est ça que tu es en train de me dire ?

- Fiona...

- Non JJ ! Tu te rends compte du mal qu'il te fait ? Comment est-ce qu'on peut avoir l'habitude de ça ?

J'avale ma salive. Je suis bien placée pour savoir que ce n'est pas normal de faire face à la violence.

Je suis bien placée pour savoir ce que ça fait. Et jamais je n'en aurais l'habitude.

- Fiona, arrête d'être émotive pour ça. Mon père est une merde, tu ne peux rien y faire.

Il me fait de la peine, à tolérer ça. Mais il m'énerve à me dire que je ne devrais pas être émotive là-dessus.

- Donc, pour toi, la violence, c'est banal ?

Il m'observe attentivement. Les autres n'osent pas ouvrir la bouche.

- Fiona, la violence est notre quotidien ici ! Elle est encore plus banale que de se faire offrir de la drogue à chaque coin de rue, avoue-t-il.

Je hoche la tête.

C'est horrible pour moi d'entendre ça.

- Laisse tomber Fiona, on s'en est tous sortis sains et sauf. Ça suffit.

Je regarde John B.

Il se fout de moi ?

- C'est sûr, que, venant d'amis qui ne prennent même pas la peine de s'inquiéter pour lui, c'est facile à dire.

Je crache mes mots avec tristesse et indignement.

- Qu'est-ce qui te prend ? Demande Sarah.

J'observe le paysage par la vitre du van.

Nous sommes près de figure Eight, mais je n'en peux plus de rester ici.

- Arrête la twinkie.

- Fiona ?

- John B, je te dis d'arrêter cette putain de voiture !

John B obéit à mes ordres et freine d'un coup sec.

Mes amis me regardent ébahis :

- Fiona, tu ne vas quand même pas descendre, là ? Demande Kiara.

En guise de réponse, je me lève de la banquette et ouvre la portière.

- Je ne veux pas de gens dans ma vie qui cautionnent la violence. Salut.

Le reflet de tes yeux / Rafe CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant