Nous sommes chacuns dans le van, aussi essoufflés les uns que les autres.
Je me sens tellement mal pour JJ, à chaque fois que je le regarde, je repense à la fois où j'aurais pû intervenir, et le sauver de l'emprise de son père.
J'ai l'impression d'être à côté de la plaque. Depuis le début, je me trompais.
Tout le monde savait qu'il se faisait battre, mais personne n'a réagis.
- Fiona, tu nous écoutes ?
Je relève la tête, regardant John B, qui attend une réponse de ma part.
- Vous disiez quoi ?
- On te demandait si ça allait, répond le blond de la bande.
- C'est plutôt à toi qu'il faut demander, je dis du tac au tac.
Il hausse les épaules :
- J'ai l'habitude, ça ne me fait plus rien.
Je me redresse et ouvre la bouche, tout en laissant une larme couler sur ma joue :
- Tu as l'habitude de te faire frapper. C'est ça que tu es en train de me dire ?
- Fiona...
- Non JJ ! Tu te rends compte du mal qu'il te fait ? Comment est-ce qu'on peut avoir l'habitude de ça ?
J'avale ma salive. Je suis bien placée pour savoir que ce n'est pas normal de faire face à la violence.
Je suis bien placée pour savoir ce que ça fait. Et jamais je n'en aurais l'habitude.
- Fiona, arrête d'être émotive pour ça. Mon père est une merde, tu ne peux rien y faire.
Il me fait de la peine, à tolérer ça. Mais il m'énerve à me dire que je ne devrais pas être émotive là-dessus.
- Donc, pour toi, la violence, c'est banal ?
Il m'observe attentivement. Les autres n'osent pas ouvrir la bouche.
- Fiona, la violence est notre quotidien ici ! Elle est encore plus banale que de se faire offrir de la drogue à chaque coin de rue, avoue-t-il.
Je hoche la tête.
C'est horrible pour moi d'entendre ça.
- Laisse tomber Fiona, on s'en est tous sortis sains et sauf. Ça suffit.
Je regarde John B.
Il se fout de moi ?
- C'est sûr, que, venant d'amis qui ne prennent même pas la peine de s'inquiéter pour lui, c'est facile à dire.
Je crache mes mots avec tristesse et indignement.
- Qu'est-ce qui te prend ? Demande Sarah.
J'observe le paysage par la vitre du van.
Nous sommes près de figure Eight, mais je n'en peux plus de rester ici.
- Arrête la twinkie.
- Fiona ?
- John B, je te dis d'arrêter cette putain de voiture !
John B obéit à mes ordres et freine d'un coup sec.
Mes amis me regardent ébahis :
- Fiona, tu ne vas quand même pas descendre, là ? Demande Kiara.
En guise de réponse, je me lève de la banquette et ouvre la portière.
- Je ne veux pas de gens dans ma vie qui cautionnent la violence. Salut.
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Le reflet de tes yeux / Rafe Cameron
FanfictionDu côté des Pogues, tout va pour le mieux. Mais pour Fiona, c'est tout l'inverse, pour ainsi dire. La jeune Californienne est contrainte de quitter tous ces repères, pour fuir. Et lorsqu'elle débarque sur cette terre inconnue, celle que tout le mond...