Chapitre 16

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Mes bras vont bientôt lâcher.

Depuis deux heures, j'arpente les rues du quartier dans tous les sens afin de trouver de nouveaux vêtements. Je suis plutôt fière de moi, il ne me manque plus qu'à dénicher une paire de basket ainsi qu'un ou deux gilets. J'ai trouvé tout le reste.

C'est étrange, cette liberté que je ressens. Chaque achat n'était pas pensé pour Jérôme contrairement à ces cinq dernières années. Je ne me suis pas empêché d'acheter une robe pull ou bien des bottines à talons et un pull légèrement décolleté a même atterri dans mon panier ! Pouvoir choisir ce que l'on veut sans craindre des représailles... C'est tellement libérateur ! Je ne pensais pas pouvoir revivre cette sensation un jour.

Les hanses des six sacs commencent à former un garrot autour de mon avant-bras depuis un petit moment déjà, tellement ils sont lourds et encombrants. A ce stade, il ne me manque plus qu'une paire de lunettes de soleil sur les yeux ainsi que le sourire ravageur de Julia Roberts, et on pourrait m'appeler Pretty Woman !

Oh, Pretty Woman.

En tournant au coin de la rue, j'aperçois enfin ma voiture. Oui, le sang va de nouveau circuler jusqu'à mes mains ! Je déverrouille le coffre puis y balance sans ménagement ma nouvelle garde-robe. L'air sort de mes poumons et je secoue vivement mes bras. Ensuite, je ne perds pas une seconde de plus et me mets au volant et m'insère dans la circulation : direction le 14ème arrondissement.

Je dois marcher au moins une quinzaine de minutes pour rejoindre le foyer depuis le parking où j'ai réussi à dégotter une place – un exploit dans Paris. Sérieux, c'est presque plus facile d'acheter un billet pour un concert de la Queen Beyoncé que de réussir à choper une place dans la capitale.

Lorsque je vois la devanture, la grande stressée que je suis ne peut s'empêcher de commencer à mordiller ses ongles un par un. Je sens mon pouls s'accélérer et mon ventre commence à faire des bruits très étranges. Oh, arrête Pauline. Tu ne vas pas à la guerre là.

Avant d'entrer, je reçois un message de Colleen m'indiquant qu'elle à récupéré Théa à l'école. Je la remercie, en me promettant qu'il faudra absolument que je la remercie pour tout ce qu'elle fait pour moi ces derniers temps.

J'aurais aimé rentrer discrètement mais la porte d'entrée n'est pas de cet avis. Le grincement est si fort que je vois se lever trois paires d'yeux directement vers moi. Je sens une vague odeur de frite flottais dans l'air, vestige du déjeuner sans doute.

Un grand bureau est placé au fond de la pièce où trois personnes sont installées. Je remarque que chacun porte un badge indiquant son prénom.

Les murs, d'un blanc immaculé, pourraient paraître tristes si de nombreux tableaux de couleurs n'y étaient pas accrochés. Je remarque un grand Ficus au coin gauche de la pièce. Tout cela rend l'endroit plutôt accueillant.

Je me dirige naturellement vers la seule femme. J'espère qu'elle sera plus encline à m'aider. En m'approchant, je lis « Nadia » sur son badge. Ses cheveux sont ramenés en arrière et ses lunettes de vue lui donnent un air strict. Lorsqu'elle me voit, elle fronce directement les sourcils en me détaillant des pieds à la tête. Elle doit sûrement se demander ce que je fais là, avec mon look de parfaite petite citadine.

— Bonjour, elle m'envoie depuis son bureau.

— Bonjour Madame, je réponds jusqu'à mettre avancer à la limite du bureau. Je ne sais pas si vous êtes autorisées à me répondre, mais je cherche un homme. Je sais qu'il a passé la nuit d'hier ici.

Sa mine impassible m'observe et j'ai l'impression que ses deux orbites se transforment en deux fusils chargés. Ok... Finalement, j'aurais peut-être dû aller voir un des deux hommes à la place.

De l'autre côté de la rueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant