De l'autre côté de la rue

Chapitre 1

Jeudi 22 septembre 2022.

Brume et légère pluie. Aucun doute, l'automne à enfin pris ses quartiers. Une saison intermédiaire que j'ai toujours adorée. C'est le moment des thés sous un plaid douillet, des tartes à la citrouille, des balades en forêt, des marathons de sagas de films, d'halloween et ses bonbons et des bougies aux senteurs de cannelle. La pluie et les orages viennent nous rendre visite plus souvent et la fraîcheur s'installe. On fait de notre chez nous un endroit doux, idéal pour les journées pluvieuses. On est l'écureuil qui fait ses réserves pour l'hiver. On achète tout un tas d'encens, de bougies, de couverture et on savoure d'être bien au chaud chez soi et d'avoir un toit au-dessus de notre tête.

C'est aussi, pour ma part, le moment des remises en question et des résolutions. Hé oui, je fais partie de ce pourcentage de la population qui compte toujours en année scolaire. Septembre est donc pour moi signe de renouveau. Cette année, je n'ai retenu qu'une seule résolution que je compte bien tenir coûte que coûte : prendre soin de moi.

Il paraît que c'est un concept qui est sympa que je n'aipas eu l'occasion d'expérimentée depuis des années Il est temps de faire sortir la femme qui se cache derrière la mère, celle qui hiberne dans une grotte depuis plus de cinq ans. J'ai même acheté un livre de développement personnel et j'envisage sérieusement de me mettre au footing. Oui, je suis motivée.

Alors que je suis au volant, mes pensées divaguent jusqu'à hier soir et mes lèvres s'étirent en un grand sourire. Cela faisait un an que je n'avais pas vu Colleen. Comme d'habitude, elle as débarqué avec sa joie de vivre intarissable et avec une nouvelle coupe de cheveux. Cette fois-ci, ses cheveux blonds étaient coupés au carré, s'arrêtant juste à la naissance de sa poitrine. Elle portait une robe noire, assez simple, mais qui avait le mérite de mettre en avant ses courbes si généreuses que j'ai tant envié par le passé. Elle était si ravissante ! Comme d'habitude, je n'ai pu m'empêcher de faire la comparaison entre nous et le constat n'allait pas en ma faveur. J'aimerais pouvoir porter ce genre de tenue ou même aller chez le coiffeur. Cela fait des années que ce n'est pas arriver et je préfère ne pas y penser. Evidemment, Colleen m'a déjà demandé d'où venait ce brusque changement vestimentaire, moi qui adorais en mettre fut une époque. A chaque fois, je trouve toujours une subtile manière d'éluder sa question. J'aurais trop honte de lui dire la vérité.

Au début, il n'était question que d'un simple apéritif avant qu'elle ne rentre chez elle. Mais la soirée s'étend éterniser, j'ai téléphoné à la pizzeria du village et quelques minutes après, nous avons continué à rattraper le temps perdu tout en dégustant de savoureuses pizzas jusqu'au retour de Jérôme à la maison. C'était seulement la deuxième fois qu'ils se voyaient.

J'ai rencontré Colleen il y a maintenant plus de 10 ans à l'occasion d'un séjour en Angleterre organisé par mon lycée. Ses parents s'étaient portés volontaire pour m'accueillir avec une camarade de classe tout au long de la semaine. Quand j'y repense, je revois encore parfaitement cette maison typiquement anglaise avec ses nombreuses figurines à l'effigie de la famille royale. Je m'étais même lancé le défi de trouver toutes les Elisabeth et Diana avant la fin du séjour. Un challenge de taille, quand on sait qu'un vaisselier entier du salon enfermé à lui seul plus d'une trentaine de pièces en porcelaine gravé avec le visage de la reine ou bien de la princesse.

Le premier soir, nous avions vaguement discuté toute les deux, mais la conversation avait tourné principalement autour des activités et visites que notre professeur nous avait concoctées. Mais au fur et à mesure des soirées, une amitié s'était créée si bien que nous étions restées en contact même après mon retour en France.

Depuis 10 ans, nous avons gardé l'habitude de nous voir une fois par an, en alternant entre la France et l'Angleterre. Je dois admettre que j'attends ces retrouvailles avec beaucoup d'impatience à chaque fois.