Chapitre 18

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Le trajet avec mesparents se termine enfin.

Dire que ce fût une torture serait un doux euphémisme face au calvaire que mes oreilles ont ressenti, et je n'exagère pas ! Vraiment. Rouler durant trente minutes avec du Céline Dion qui résonne à fond dans l'habitacle et ma mère qui chante pire qu'une casserole relève du supplice. Apparemment, mon père s'y est fait depuis le temps. Mais moi, je crois que cela n'arrivera jamais !

Nous nous engageons sur un sentier où nos corps se balancent dans tous les sens sur les sièges à cause des graviers qui le jalonne. Je prie pour que ma mère daigne enfin baisser le son de cette maudite musique alors que notre voiture passe un grand portail blanc. Apparemment, Dieu n'est pas de mon côté sur ce coup. Le parking est déjà bien occupé et je vois déjà des regards se dirigeaient vers nous. Cela n'a rien d'étonnant, c'est la chanson du Titanic qui est en train de passer. Je m'enfonce un peu plus dans mon siège quand enfin, ma mère se gare et coupe le contact, coupant le clapet à Céline juste avant le dernier refrain. Amen.

— Bon, tu es certaine que c'est bien le frère de Lisa qui vous ramène ? Me demande ma mère pour la dixième fois au moins depuis ce matin.

— Oui, maman.

— Il est clean ce type ? Pas d'alcool ni de drogue j'espère ? Renchéris mon père.

— Papa, je t'es déjà dit qu'il travaille dans l'armée... C'est un mec sérieux. Bon, je peux y aller ?

Ma voix est peut-être un peu trop enjouée mais je n'y peux rien. Au loin, j'aperçois mes amis qui n'attendent que moi. Ma main est déjà posée sur la poignée de la portière, excitée et impatiente à l'idée de la soirée qui s'annonce.

— C'est bon, vas-y, lance mon père.

J'ouvre la portière dans la seconde en même temps que je leur souhaite une bonne soirée. Avant que je ne puisse rejoindre tout le monde, j'entends ma mère me crier depuis la voiture :

— Et surtout, tu nous envoies un message dès que tu t'en vas !

J'avance deux doigts vers ma tête en lui répondant d'un signe militaire. Ensuite, je me dépêche de retrouver ma bande d'amis en trottinant, une vingtaine de personnes en tout. Je manque de me tordre la cheville à quelques mètres d'eux, la faute à mes talons qui n'aiment pas la rencontre avec des petits cailloux. Quelques amis rigolent et je leur fais un doigt d'honneur en retour, tout sourire. J'en suis certaine, cette soirée va être grandiose.

— Voilà la reine de la soirée ! Lance Lisa en feintant une révérence.

J'enlace rapidement mon amie puis lance un regard circulaire sur notre groupe.

— Tout le monde est là. Enfin il ne manque que Oli et Damien mais bon, tu les connais.

J'esquisse un sourire. Effectivement, pas la peine d'attendre ces deux-là pour s'approcher des videurs. Ça fait environ deux ans que je les connais et je ne les ai jamais vus arrivés à l'heure quelque part. Au mieux, ils arriveront dans une heure. Au pire, ce sera dans trois.

Soudain, je sens deux mains qui viennent de mon dos se plaquer sur mes yeux. Je me stoppe net avec une idée précise de la personne à qui elles appartiennent. Un parfum à la senteur boisée mêlée à des notes fruitées, que je reconnaîtrais entre mille, vient me le confirmer.

— Salut, toi.

Mon cœur s'emballe au son de cette voix et je me retourne pour planter mon regard dans celui de Théo. C'est la première fois que je le vois habillé aussi classe. Il porte une chemise grise cintrée, qui met en valeur sa musculature, parfaitement accordée avec un pantalon beige. Depuis quelque temps, il à décidé de laisser ses cheveux pousser. Je crois que c'est bien la meilleure idée qu'il ait eue jusqu'à présent. Quelques mèches rebelles s'échappent en tombant sur le haut de son crâne. C'est incroyablement sexy. Les manches de sa chemise sont relevées jusqu'au coude, révélant une partie du tatouage qui est gravé sur son avant-bras. Le dessin utilise plusieurs formes géométriques, notamment des octogones, avec des ombrages d'intensités différentes. Il y a aussi un effet trompe l'œil : son poignet est entouré de cubes en trois dimensions. C'est clair, le garçon que j'ai rencontré à treize ans est maintenant bien loin.

J'ai déjà dit qu'il est incroyablement sexy ?

Cela fait bien deux années que Théo attendais ce tatouage. Il l'a imaginé et dessiné pendant des heures. Alors le lendemain de ses dix-huit ans, il s'est rendu dans un salon de tatouage. Maintenant, il économise autant qu'il le peut pour le terminer afin qu'il recouvre entièrement son bras.

Je continue d'observer mon meilleur ami. Je sens mes yeux qui s'attardent sur ses lèvres. L'effet est immédiat : mon corps commence à m'envoyer d'étranges signaux que je m'efforce d'ignorer.

— Je vois que tu n'as pas fait les choses à moitié ce soir, je lui lance à propos de sa tenue vestimentaire. J'ai même déjà vu quelques nanas te mater alors que nous ne sommes même pas rentrés, je rajoute avec un clin d'œil.

Imaginer qu'une fille drague Théo ce soir me donne des sueurs froides. Et ça m'énerve. Nous ne sommes qu'amis, alors pourquoi cette idée me fait cet effet-là ?

Parce que depuis ton plongeon en Antarctique, tu commences à le voir différemment, patate.

— Ah oui ? Il dit en lançant un regard à travers la foule. Je m'en fiche, je ne suis pas venue pour ça ce soir.

— Ah, et pourquoi est-ce que tu es venu alors ?

— A ton avis ? Il me demande en plissant les yeux. Allez viens, il ajoute en callant son bras sous le mien, prête à fêter tes dix-huit ans ?

— Tu n'as pas idée ! 

De l'autre côté de la rueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant