Chapitre 17

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— Alors ma puce, quel à étais ton moment préféré de la journée ?

— Hum...

Théa réfléchis en posant son index sur son menton. Elle le tapote machinalement pendant que mes doigts dessinent différentes formes dans son dos, telle une caresse. En général, je lui pose cette question le soir, juste avant le dernier câlin. Seulement, je dois déjà repartir dans une quinzaine de minutes pour être à l'heure à la maraude.

— Quand tata Colleen est venue me chercher avec la trottinette à l'école ! Elle me répond, tout sourire.

— Elle est trop forte, cette tata ! D'ailleurs ma chérie, je sais qu'elle s'occupe beaucoup de toi en ce moment. Je suis désolé, je te promets que tout redeviendra bientôt comme avant.

— Comme avant, tu veux dire avec tonton Jérôme ?

Mon ventre se tord et ma bouche reste grande ouverte. Je ne sais pas comment réagir. Heureusement, Théa rajoute :

— Je te préfère sans lui.

— Ah bon ? Pourquoi ça ? Je lui demande en lui donnant une petite pichenette sur le nez, ce qui me vaut un petit gloussement de sa part.

— Tu as l'air plus heureuse, elle répond en haussant les épaules.

Je serre un peu plus fort ma fille dans mes bras en accentuant les caresses dans son dos, les fameuses « gratouilles », comme nous aimons les appeler.

— Non, sans Jérôme. Dorénavant, il n'y aura que nous deux.

Nous restons dans les bras l'une de l'autre jusqu'à ce que je doive y aller. En me levant, je dépose un baiser sur son front. J'attrape ensuite mon manteau et enfile mes chaussures.

— Tu tiens le coup ? Me lance Colleen depuis la cuisine.

— Si tu parles du fait que mon ex pervers narcissique à bruler la totalité de mes affaires, incluant vêtements, chaussures et papier, avec en plus tous les albums photos de Théa, qu'il m'as étranglé a un point que j'ai vu ma pauvre petite vie défiler, que je ne peux même plus me détendre avec un de mes livres, que je porte une de tes petites culottes rose bonbon, que mon ancien meilleur ami est à la rue et qu'il ne veut même pas de mon aide, que je squatte chez toi avec ma fille car je n'ai même plus d'appartement et que j'ai pris un retards de dingue pour le travail. Ouais, je tiens le coup.

Oh my god, tu as réussi à dire tout ça sans prendre une seule fois ta respiration ! Je crois que c'est la plus longue phrase que je n'ai jamais entendue.

— Il vaut mieux en rire, j'imagine.

— Tu ne veux toujours pas porter plainte ? Ou l'appeler ? Si tu veux, mon voisin d'en dessous à deux gros Rottweilers. C'est le genre de chien idéal pour la castration !

— Tais-toi, ton idée est trop tentante !

— J'en est pleins d'autres en stock, tu sais. Plus sérieusement, tu es sûr de ne toujours pas vouloir aller voir la police ?

— Je t'es déjà répondu. C'est hors de question.

— Mais, pourquoi ? Tu te rends compte que cet homme est un fou furieux ? Il doit payer pour ce qu'il t'as fait !

— Je n'ai ni le temps ni l'énergie pour ça, en tout cas pour le moment. Peut-être dans quelques jours ou semaines, je n'en sais rien. Maintenant qu'il est enfin sorti de ma vie, je ne veux plus jamais avoir affaire à lui. Alors s'il te plaît, arrête de m'en parler.

Je suis consciente qu'aller voir la police serait la décision la plus censée. Seulement, après cinq années passées avec lui, je viens enfin de retrouver ma liberté. Aller porte plainte me forcerait à le garder encore dans ma vie et ça, c'est hors de question.

De l'autre côté de la rueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant