Grâce à sa robe rose fuchsia, je repère facilement Lisa au milieu de la foule.
Quelques amis venus pour mon anniversaire discutent avec elle en fumant leur cigarette. Je m'avance vers eux bien décidée à parler à mon amie de mes sentiments pour Théo. Je ne peux plus garder ça pour moi, j'ai besoin qu'une autre personne soit au courant. Je termine mon deuxième verre d'une traite.
Il ne me reste plus qu'une dizaine de mètres à parcourir quand je sens ma main être tiré en arrière. Surprise, je me retourne vivement et écarquille les yeux devant Théo.
— Lâche-moi, je balance en me retournant.
— Attends ! il me crie.
— Quoi, tu t'es déjà lassé de ta copine ?
Théo ne réagit pas. Enfin, d'un point de vue verbal car son langage corporel au contraire n'est pas en reste. Son regard est froid, ses lèvres semblent visser entre elles et ses narines ne cessent de se dilater. Il est énervé ? Parfait, je n'en attendais pas moins de lui.
— A moins qu'elle ne t'attende dans un petit coin à l'abris des regards ? En même temps, tu aurais tords de t'en priver.
— Tu m'en veux ? il me demande en fronçant les sourcils.
— Absolument pas.
— Pauline...
— Théo... Je l'imite en employant le même ton.
Rien que le timbre de ma voix suffit à confirmer sa question.
— Qu'est-ce que ça peut te faire que je danse avec une fille ? il me demande en s'approchant de moi.
Mon cœur tambourine fort dans ma poitrine. Si la musique n'était pas si forte, je suis presque sûr qu'il pourrait entendre les battements. Il continue de s'avancer jusqu'à n'être plus qu'à quelques centimètres de moi.
— Allez, dit moi.
Mes yeux restent fixés sur les siens. A quoi joue t'il ? S'il pense que je vais lui répondre, il se fourre le doigt dans l'œil. Il est mon meilleur ami et il n'en sera jamais autrement.
— Il n'y as rien à dire. Amuse-toi, tu as raison. D'ailleurs, je vais faire la même chose, je réponds sans aucune conviction.
Je le contourne puis retourne en direction de notre table sans attendre qu'il me réponde. Lorsque j'arrive dans la grande salle, j'ai l'impression que le nombre de personnes à presque triplé. Avec peine, je me faufile entre la foule jusqu'à enfin atterrir à notre table. Surprise, je remarque que deux nouvelles personnes sont présentes. Il me faut quelques secondes pour comprendre qu'il s'agit de Oli et Damien, nos retardataires préférés.
— Hé, Pauline ! Joyeux anniversaire ! Ils me crient en cœur.
— Merci ! Je ne vous attendais plus, je les charries.
— Théo, dit à ta copine que les meilleurs arrivent toujours les derniers.
Théo débarque à côté de moi en me lançant un regard en coin.
— Les autres sont où ? demande Oli.
— De partout ! Certains sur la piste et d'autres au coin fumeur, je lui réponds.
Les deux copains échangent un regard plein de malice avec un grand sourire sur les lèvres. Je vois Damien attraper discrètement un petit pochon puis le fourrer rapidement dans sa poche et Oli attraper son paquet de cigarettes.
— On revient.
Je suis de nouveau seule avec Théo.
Il s'avance près de moi jusqu'à ce que nos pieds se frôlent.
Il ne dit rien, mais son regard parcourt entièrement mon corps. Ses yeux me déshabillent tandis que je sens ses mains attraper les miennes.
— On danse ? il murmure
— Ta copine est là-bas, tu devrais plutôt la rejoindre.
— Arrête avec ça. J'en est rien à foutre de cette nana. C'est avec toi que j'ai envie de danser.
Sur ces mots, et en rythme avec la musique, il me fait tournoyer avant que nos bustes ne se plaquent violemment l'un contre l'autre. Ses mains descendent dangereusement jusqu'à se poser sur le creux de mes reins.
Rapidement, il me fait faire un demi-tour afin que mon dos soit contre son torse. Nos corps se déhanchent dans une coordination parfaite. Je n'ose pas m'appuyer d'avantage sur lui.
Soudain, je sens son visage se rapprocher de mon cou.
— Toi aussi, tu t'es fait un copain ce soir.
Son souffle chaud se répercute sur mon oreille, m'offrant un frisson dans tout le corps.
— Ce n'est pas lui que je veux, j'ose avouer en tournant légèrement la tête vers lui.
— Et qui veux-tu, exactement ?
Nos mouvements deviennent de plus en plus lents et langoureux.
En une fraction de seconde, son visage se retrouve en face du mien. Naturellement, nos fronts se posent l'un contre l'autre alors que nos mains s'entremêlent entre elles.
— Alors Pauline, qui veux-tu exactement ?
Les battements de mon cœur s'intensifient à tel point qu'ils semblent être irréguliers.
« Toi »
C'est sur le bout des lèvres.
J'ai envie de le dire.
J'en crève d'envie, mais ce mot reste bloquer dans ma gorge.
Son regard m'hypnotise. Plusieurs fois, je le sens dévier sur mes lèvres, comme le mien. Je suis incapable de lui répondre alors à la place, je murmure :
— On devrait aller retrouver les autres...
— Tu es vraiment magnifique ce soir, il lance sans se préoccuper de ce que je viens de lui dire.
Mon regard se plante dans le sien où je peu lire tout l'amour qu'il me porte. Où plutôt, tout l'amitié dont il me témoigne. Car c'est ça, non ?
En cet instant, j'ai l'impression que nous sommes tels deux aimants. Nos corps, qui n'ont pas cesser de se déhancher sur la musique, ne cessent de se rapprocher. Nous n'avons jamais été si proche. C'est la première fois.
Soudain, je sens l'une de ses mains remontait lentement sur mon dos. Doucement, il passe de mon échine à mon épaule, en remontant du bout des doigts ma colonne vertébrale. La sensation que me procure cette caresse est divin. Il ne s'arrête pas là. Son parcours continue sur ma nuque pour venir se loger sur l'arête de ma mâchoire. Sa main est grande et couvre le début de mon cou. Cette seule promiscuité m'amène tout droit au paradis.
Je sens les battements de mon cœur jusqu'à l'intérieur de ma boîte crânienne. Mes lèvres s'entre-ouvrent, comme si elles n'attendaient plus qu'à accueillir les siennes. Embrasse-moi !
Je sens mes jambes me lâcher à la seconde où je perçois son visage parcourir les quelques centimètres qui me sépare du sien. Malgré la musique, je l'entends murmurer :
— Pauline...
L'instant qui suivit fût un des plus forts de mon existence.
Ses lèvres, charnues et tendre à la fois, se pose délicatement sur les miennes. Son baiser est si fugace que je reste inerte, me demandant si ce moment est bien réel. J'ai tellement rêvé de cet instant que maintenant qu'il arrive, je ne sais pas comment réagir. Sentant que je ne lui rends pas son baiser, ses lèvres se détachent des miennes. Mais à la seconde où je m'en rends compte, mes mains le ramène à moi. Nous nous observons et cette fois, je n'hésite plus : je l'embrasse pleinement.
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De l'autre côté de la rue
RomantizmAprès un retour de course, Pauline est bouleversée en rentrant chez elle. Elle n'arrive pas à le croire : Théo, son meilleur ami du lycée, est SDF. Elle l'a reconnu devant le magasin, en train de mendier. Même 15 ans après, elle n'a pas oublié comme...