✩ PROLOGUE ✩

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New-York, Bronx, 8 pm :
LILY

" Les klaxons, les éboueurs, le bruit des travaux ne trompent pas l'ambiance de mon quartier et de mon quotidien dans cet immeuble.

Étant à peine rentré dans ma chambre fermée à double tours, j'enfile un débardeur. Au vu de la chaleur de l'appartement, je me laisse en culotte rose avant d'aller m'asseoir sur la chaise en face de mon bureau.

Ma fenêtre étant collé à mon bureau, je me penche et l'ouvre difficilement, laissant le grincement me serrer les dents. Une fois ouverte au maximum, je serre ma queue-de-cheval, mon corps surchauffant.

— Putain, je siffle en manquant de rentrer mon doigts dans ma créole.

Essoufflée, je palpe le dessous de mon bureau, avant de trouver la bosse et de tirer sur un fil que j'ai parfaitement caché pour éviter toute fouille potentielle de la part d'un indiscret potentiel.

J'en sors mon carnet rose, orné de paillettes et d'étoiles dispersées de chaque côté, fait tomber des paquets vides de drogues, et fini par le poser lourdement sur la surface en bois.

Il est tant rempli de feuilles, de photos, d'écrits, de larmes et d'une grand part de moi.

Mon cœur pèse autant que ce carnet. Que la pluie battante et le son continu des voitures passantes.

J'ouvre la première page du carnet et j'y lis, avec du Nicki Minaj en fond :

« Je hais les hommes. Je les hais. Je les hais. Et je hais que mon père m'appelle la "conne de blondasse" à chaque fois que je rentre et qu'il tient une bière à la main. »

Il suffit de cette seule phrase pour pouvoir alimenter un peu plus chaque jour la colère que je ressens envers la gente masculine. Ils ne méritent ni ma peine, ni mon cœur, juste le froid et le venin.

Je prends mon stylo à pompom, de la même couleur que mon cahier et note :

« RAS pour aujourd'hui. Je l'ai pas croisé, sûrement au bar du coin. J'ai peur, mais je tiens car je vois mes copines demain. Si j'arrive a tenir jusqu'à demain. »

Je referme et range mon carnet, trop en colère contre moi pour pouvoir continuer à écrire une phrase aujourd'hui. J'ai peur de lui, et j'en souffre, tant j'en ai honte.

Car comme chaque jour, quand je rentre chez moi, mon père me traite de prostitué. Mais pas aujourd'hui. Et ça me terrifie de ne pas l'avoir déjà affronté.

Mes doigts entrelacés, je dépose ma tête sur mes mains et tente de canaliser mes pensées.

J'analyse les gyrophares de la police en analysant la perquisition du petit appartement en face, où semble loger une jeune femme enceinte et un jeune homme. Sûrement de mon âge.

Soufflant sur une mèche qui glisse sur mon front, je fredonne les paroles.

C'est souvent seule que je pense le plus. Et ce ne sont pas des pensées positives.

Ne parlons même pas de la rentrée en deuxième année de sciences politiques qui approche bien vite à mon grand désespoir.

Je suis dans une des plus grandes Universités de New York. Et malgré son titre, je hais les élèves qui s'y trouvent.

Ils sont faux. Imbus d'eux mêmes. Renfermés dans leurs petites mentalités de bourgeois et sont incapables de voir le monde évoluer.

J'aimerais que tous les connards de cette université soient dénoncés. Je sais à quel point de nombreuses victimes sont ancrés dans le silence.

H*te Club Où les histoires vivent. Découvrez maintenant