ADRIEN
Deux mois plus tard. Fin Juin.
Revenir dans cette ville me procure un drôle de sentiment. Partagé entre la nostalgie et une page complètement fermée. New York n'est plus ma maison, aujourd'hui. Je suis définitivement parti, il y a presque six mois, et je ne ressens aucun regret.
Mise à part laisser des personnes qui comptent réellement pour moi. Comment dire qu'elles ne se comptent que sur une main.
Si je suis revenu, seulement pour une nuit, c'est bien parce que je tiens mes paroles. Je me suis engagé à concourir, je m'y tiens. Même si cette université n'est que du vent pour moi.
Ces mois, aussi courts qu'ils puissent paraître, j'ai changé. Définitivement. Je dirais plutôt que je me suis enfin révélé. Je suis enfin parvenu à apprendre de moi-même, loin de ce continent, loin de ces cons.
J'ai découvert le monde sous un autre angle. L'Europe était pour moi assez floue. Depuis jeune, j'allais souvent vers la Méditerranée, ou à des endroits réputés. J'avais seulement les bons côtés, la luxure.
En m'y rendant seul, avec moins d'économies, mais assez pour me nourrir et me loger convenablement, j'ai fait des rencontres inestimables. Des moins bonnes aussi. Quand la réputation de son nom ne prend aucune place dans la conversation, l'humain se révèle plus critique. C'était nouveau pour moi.
On m'a toujours complimenté pour qui j'étais. Si on désirait dire du mal sur moi, on s'en cachait le plus possible. En Europe, c'est tout le contraire. Les personnes sont... plus franches. C'est le cas de le dire. Néanmoins, je ne m'en plains pas. C'est ce que je voulais.
Les premières semaines, quelques membres de ma famille tentaient en vain de me dissuader de partir. Ma mère, mes cousines... Au fil du temps, j'ai appris à discerner le vrai du faux. Je sais bien qu'elles m'ont appelé pour elles. Pour une meilleure ambiance, retrouver les liens qui les arrangent. Je ne serais plus jamais l'objet de caprices.
Quand j'ai reçu le mail de madame Garcia parmi les nombreux autres, mon sourire s'est naturellement redressé quand j'ai lu le sujet. "Les femmes, un nouveau monde."
Je sais à quel point ma concurrente s'est réjouit du sujet. Garcia a bien joué son coup, c'est un sujet qui nous oppose, mais qui nous rassemble à la fois. J'étais inspirée.
Nos premiers débats sur ce sujet me sont revenus. Mes propos avant tout. Et je suis incapable de décrire la dose de dégoût que j'ai eu pour l'Adrien du début d'année. J'étais inconscient et immature.
Ce serait mentir de dire que la soirée ne m'angoisse pas. Après être parti sans donner de nouvelles, je vais recroiser mes anciennes fréquentations et devoir donner une justification. Ce que je ne ferais pas, par ailleurs. On ne se doit rien, car tout leur pseudo pouvoir se tenait entre mes mains.
Il a dû être jouissif pour Karl de prendre mon rôle auprès de sa dulcinée. Je ne doute pas qu'il ait échoué. C'est récurrent chez lui. Être prétentieux, puis être ramené à sa réalité.
Retirant un bouton de ma chemise, en sortant de l'hôtel, je retrouve la nuit unique de New York. On ne pourra jamais retirer la splendeur de cette ville.
Je passe une main dans mes cheveux, tire sur mes manches et enfile ma veste de costume. Je suis resté attaché à mon style vestimentaire, malgré tout.
Passant une main dans ma poche de costume, je tire mon téléphone du tissu et lis les deux derniers messages de Lune.
De : Lune :
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H*te Club
Storie d'amoreLily Smith a toujours été la jeune fille à défendre les injustices et élever la voix. L'idée de son club pour dénoncer le patriarcat de la société et de son université, va rapidement se faire des ennemis. Surtout un. Adrien Hopkins, le plus populair...