H*te Club

✩ CHAPTER THIRTY TWO ✩

LILY

C'est en sortant du travail, les écouteurs dans les oreilles, que j'écoute, bien que fatiguée, le retour de madame Garcia sur mon texte pour le discours du concours d'éloquence.

Étant en avril, le soir est confortable à New York. La chaleur est douce, pouvant être rompue par un soudain orage. L'ambiance, passé minuit, semble apocalyptique ici.

– Je n'ai rien à redire Lily. Ton texte est intelligent, honnête, émouvant. Il est bien construit, sans faille avec un peu d'attaque. C'est tout ce que je cherchais en toi, et je ne suis absolument pas déçue de mes attentes.

Mes épaules s'affaissent, d'un soulagement véritable. Je ne pouvais rien espérer de mieux, qu'un retour aussi positif de cette professeur pourtant si pointilleuse sur chaque détail.

Depuis mon retour de Los Angeles, Garcia n'en démord pas, m'obligeant à venir la voir chaque vendredi en fin d'après-midi pour mettre au point le fameux soir. Pensant que ça allait être un simple concours, il s'avère que le mot "gala" se soit rajouté au programme. Puis "gala de charité". Je ne suis pas contre, mais devoir l'assumer seule me met dans un embarras extrême.

– J'ai une nouvelle fois tenté de contacter Adrien, mais il ne répond toujours pas. Même ses parents semblent ignorer ce qu'il fait en ce moment même. Une rumeur court sur le fait qu'il logerait désormais en Europe.

C'est à nouveau que mes muscles se contractent lorsque j'entends ses dernières nouvelles. J'aurais tellement aimé pouvoir partager ma victoire devant lui, en rire pleinement sous son nez. Et puis le sujet est si passionnant, l'entendre en parler m'aurait sûrement fait sourire.

"Les femmes, un nouveau monde."

Je sais bien que Garcia a ciblé le sujet, car il nous oppose. Il est à la fois facile, mais pourtant complexe. Mon défi était de ne pas trop m'écarter du sujet, rester brève mais claire.

La bataille aurait été belle.

– S'il ne se manifeste pas pour le concours, je trouverai une personne volontaire ou tu passeras seule. Dans tous les cas, le principal enjeu est que tu puisses donner ton maximum et que tu sois fière de ton discours, conclut-elle sur une note plus positive.

– Merci, madame Garcia, souris-je dans le vent.

– Ne me remercie pas, je suis honorée de t'avoir comme participante. Je passerais à l'occasion à ton club, votre marathon de la dernière fois m'a donné envie de m'y préparer pour la prochaine course !

Nous plaisantons doucement, alors que je sens mes yeux doucement se fermer. Ce n'était pas tant un marathon, mais une course d'orientation afin de récolter des fonds contre les féminicides. J'ai évidemment remporté le premier prix avec mon groupe. Sans prétention.

– Surtout, Lily, prend du temps pour toi. Je te sens fatiguée ces derniers temps. Le club grandit, mais savoir faire une pause est essentiel pour perdurer dans ces projets qui demandent autant d'investissements.

Je la rassure quelques minutes et nous échangeons des banalités. Une fois devant chez moi, nous venons de raccrocher après qu'elle ait remarqué que son mur blanc était désormais décoré par des traits de crayons de couleurs de son fils.

Poussant la porte du hall, je fouille dans mon sac en désordre entre paquets vides de cigarettes et cahiers. C'est au fin fond de mon sac, que je sors mes clés décorées de dizaines de breloques ayant chacune son histoire.

Une fois la porte ouverte, je la pousse délicatement, tentant d'être la plus discrète. Je la referme dans un bruit inaudible. Heureuse de ma discrétion, je me tourne et constate dans le salon, Lara et Violette éclairées par une seule lampe.