L'histoire de l'île du croissant de lune

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Il claque des doigts et je me retrouve ailleurs, sur un terrain vague, entourée d'arbres et de végétations. Je comprends, il me fait voir les souvenirs du passé. Comme dans un roman où on raconte un flashback. Il me le montre et me le fait vivre en même temps, et il joue le rôle du narrateur.

Il y a 300 ans environ, cette île perdue au beau milieu de l'océan était inhabitée. C'était un morceau de terre en forme de croissant de Lune, avec une micro île toute ronde en son centre, et personne ne comprenait comment cette île avait pu avoir cette apparence de façon naturelle. Aucun humain ne l'avait jamais foulé, et c'est une secte qui a permis à la vie humaine de s'y installer.

Ma sœur et moi avons été abandonnés par nos parents sur cette île déserte. Nous étions très jeunes, j'avais trois ans et elle a peine un an. Elle ne se souvenait même pas du visage de nos parents, et j'avais la haine contre eux.

En visitant l'île, j'ai été trouvé assez vite par des membres de la secte, et présenté au gourou de celle-ci.

Je vois un homme assez banal, habillé aussi modestement que ceux qui l'entourent. Il accueille le petit garçon et le bébé qu'il porte endormi dans ses bras. Il lui dit qu'il compatit à son sort, et que sa situation est normale, que ça allait forcément arriver et qu'il l'attendait. Il lui dit qu'il a été choisi et qu'il va commencer une nouvelle vie avec eux. Qu'ils vont fonder un paradis sur l'île, et qu'ils ont été élus par les dieux.

Nous étions des enfants ignorants et innocents, alors bien sûr, ma sœur et moi avons cru en ses paroles, comme tous les autres fidèles, sans jamais les remettre en question. Il était notre bienfaiteur, il nous avait sauvé en nous donnant une maison, de la nourriture et de l'espoir.

On avait construit le village, planté les récoltes, aménager la forêt sur la falaise, créer un lac au fond de celle-ci et même des temples et des lieux sacrificiels.

Les sacrifices étaient quotidiens, et lorsqu'il fallait réaliser des sacrifices humains, ceux qui étaient choisis étaient fiers et heureux de mourir comme sacrifices.

Il me montre quelques cérémonies. Eux aussi, et tous les enfants présents ont le sourire aux lèvres, heureux de ce qu'ils voient, et je suis sûr qu'ils n'en comprennent pas le sens. Il y en a même qui demande quand est-ce qu'ils pourront être sacrifier.

On priait quelques dieux existants, mais surtout les montres et certaines entités comme le Passeur en faisait partie. Il était la plus importante de toute.

Toutes les nuits, lors d'une prière, il nous répétait inlassablement la même chose.

Je vois le gourou, qui maintenant porte une tenue qui le différencie de tous les autres, il ressemble à un prêtre d'église. Il est en train de prier face à un autel, dans la maison qu'occupe Aoi et sa sœur, qui a maintenant grandi.

Le gourou leur dit que pour attirer la curiosité de leurs divinités et pour obtenir leurs faveurs, il fallait leur montrer du respect, de l'intérêt et que des sacrifices en leur nom était indispensable ! Et que c'est principalement le but des sacrifices humains.

J'ai mal au cœur quand j'entends la petite fille lui demander si elle sera aussi sacrifiée un jour. Elle mentionne le nom d'une divinité qui existe réellement, Freyja, une déesse nordique, envers qui elle voudrait être sacrifiée une fois adulte. Le gourou lui dit juste qu'elle sera sacrifiée le moment venu, puis il part.

Elya : quel âge tu avais à ce moment-là ?

12 ans et elle 9. Elle était totalement sous son influence, contrairement à moi. Je faisais semblant de croire en ces dieux, et je commençais à me demander s'il ne portait pas un intérêt malsain envers ma sœur. J'avais bien vu dans son regard qu'il n'avait pas aimé l'entendre parler d'une divinité vraiment existante.

Ma vie de tueuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant