Le Joyau d'Orlegon

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Les trois novices demeurèrent interdits devant la vision de l'enfant qui venait d'ouvrir l'imposante porte de bois pour les accueillir d'un air farouche. Le petit était le reflet miniature de Merim, à la différence que l'épée qu'il portait fièrement à la ceinture était clairement faite en bois. La menace de la petite flamme qui jouait dans sa main était, elle, en revanche bien réelle et captait toute l'attention d'Altéria.

- C'est pour quoi ? demanda l'enfant d'une voix fluette en défiant les adultes du regard, la princesse ne reçoit plus pour les odieux.

- Les audiences, corrigea Merim en tentant de masquer un sourire amusé.

- Non non, les audiences elles sont toujours ouvertes mais pas pour les odieux comme eux, précisa le petit en désignant les novices du doigt.

Cette fois-ci, ce fut Saosa qui ne parvint pas à retenir son amusement et laissa échapper un rire franc. Le garde miniature tourna immédiatement un regard adorablement courroucé vers la jeune femme et d'un geste transforma la joyeuse petite flamme de sa main en une agressive gerbe enflammée en direction de celle qui avait osé se moquer de lui. Heureusement pour elle, les réflexes aiguisés de Saosa prirent le dessus et son propre Liesat vint dévier l'attaque brûlante pour laisser les flammes se lover au creux de sa main avant d'y mourir. Au même instant Merim avait attrapé l'enfant et l'avait extrait de la porte que Lacemil avait refermé pour les couper de la pièce qui se trouvait de l'autre côté.

- Je peux savoir ce qu'il vient de se passer ? demanda le capitaine avec colère.

- Vous êtes comme moi ? s'étonna l'enfant sans même écouter la question qui venait de lui être posée.

- Rig ! insista Merim en forçant le petit à le regarder dans les yeux.

- Mais je savais pas que c'était des amis de maman, tenta de se justifier l'intéressé en se tortillant pour se libérer de l'étreinte qui le maintenait.

- Et qu'est-ce que j'ai dit concernant les dons ? intervint Lacemil qui restait adossée à la porte les bras croisés avec sévérité.

L'enfant baissa la tête et resta muet. Altéria de son côté fut frappée de la ressemblance de l'enfant avec sa mère qui avait adopté un peu plus tôt la même position lorsqu'elle s'était emportée en parlant des menaces qui pesaient sur les Enartiens. Merim secoua doucement l'enfant pour l'inciter à répondre.

- Qu'est-ce que maman a dit ?

- Pas au palais les dons, marmonna Rig toujours la tête basse.

- Et ici on est ?

- Au palais, poursuivit l'enfant en continuant de regard la pointe de ses chaussures.

- Donc on reparlera de ta punition à la maison, conclut Merim en relâchant la pression sur les bras de l'enfant.

- Mais la princesse a dit que si je voulais vraiment être le capitaine de la garde après toi il fallait que j'utilise mes dons pour la défendre !

- La princesse sait pour toi ? s'étonna Lacemil en abandonnant son masque de sévérité pour une véritable inquiétude, comment ?

Rig baissa à nouveau la tête et joua un instant avec le bout de ses chaussures, comme pour se donner le temps de réfléchir à s'il avait encore moyen de se sortir du mauvais pas dans lequel il s'était fourré.

- Sire Lisni a ramené des feux d'artifice pour l'anniversaire de Dame Serim mais Uradiss ne voulait pas qu'on les utilise donc elle a confisqué tout ce qui pouvait faire du feu...

Le Joyau d'OrlegonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant