La Main de Silfurie

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Lorsqu'Altéria poussa à bout de souffle la porte qui menait au logement occupé par Camexen, elle constata qu'elle n'était pas la seule à être venue rendre visite au nahori ce soir-là. Assise dans l'unique chaise de la pièce, les mains croisées simplement sur ses genoux, et contemplant l'Enartien qui se tenait debout face à elle, se trouvait Uradiss.

Les deux semblaient avoir été interrompus dans une conversation à laquelle l'Enartien n'était pas heureux de participer. Les bras croisés sur le torse, adossé contre le mur le plus éloigné de la chaise où était assise Uradiss, l'expression de son visage était dure et fermée. Quel qu'ait pu être le sujet de leur conversation, il ne plaisait pas à Camexen. Son attitude se transforma à la seconde où Altéria pénétra dans le logement avec fracas, envoyant la porte claquer contre le mur, révélant une honnête inquiétude. Uradiss, en revanche, ne broncha pas, probablement trop habituée aux sautes d'humeur de la princesse impériale pour réagir plus que de raison. Elle tourna la tête vers la nouvelle arrivée et l'examina un instant en silence avant de s'adresser de nouveau à l'Enartien.

- Je pense que nous en resterons là pour ce soir, Mar Camexen, déclara-t-elle sans se départir de son calme, il semblerait que votre protégée ait besoin de vous. Mais peut-être aurons-nous l'occasion de reprendre notre conversation à une autre occasion.

- Je reste à votre disposition, Dame Uradiss, grinça l'autre avec réticence avant de tourner son regard opalin vers la novice essoufflée.

Sans prendre la peine de laisser la préceptrice quitter la pièce, Altéria se précipita vers son nahori qui n'eut que le temps de la rattraper avant que ses jambes ne se dérobent sous elle.

- Camexen, il y a... il y a eu... c'est Rev..., haleta-t-elle en peinant à reprendre sa respiration.

- Calme-toi. Je ne comprends rien à ce que tu me dis, répondit l'Enartien non sans jeter un coup d'œil vers la porte à travers laquelle disparaissait Uradiss, que s'est-il passé ? Où sont Rymian et Saosa ?

- En chemin... pour le palais..., continua de souffler Altéria entre deux inspirations saccadées, ils emmènent Rev... qui est blessé.

- Qui est Rev ?

- Un ami... un novice comme nous...

- C'est l'un des novices de Gunto avec qui vous deviez vous retrouver ce soir ?

- Oui.

La jeune femme ne put pas élaborer plus avant son explication tant il lui semblait que ses poumons abritaient un incendie que chaque inspiration ravivait un peu plus, brûlant sa poitrine et sa gorge d'une étreinte brûlante. Avec une aisance qui la stupéfia, Camexen la souleva du sol et vint la déposer sur l'unique lit caché dans la minuscule chambre sans fenêtre dont la porte s'ouvrait directement sur la pièce d'entrée. Au cours des derniers mois passés à s'entraîner sous sa direction, Altéria avait pu avoir un aperçu de la force du nahori qui parvenait sans peine à tenir les jumeaux en échec sans même user de ses dons qui restaient pour beaucoup un mystère aux yeux de ses pupilles. Elle n'aurait cependant jamais soupçonné qu'il puisse soulever avec autant de facilité une personne adulte sans même peiner à la relever.

- Je vais aller prévenir les gardes de les amener jusqu'à l'infirmerie du corps de garde lorsqu'ils passeront les portes.

- Non ! s'exclama la jeune femme en sautant au bas du lit pour attraper la manche du jeune nahori, il faut que tu ailles à leur rencontre !

- Altéria, répondit sobrement ce dernier, ils trouveront le chemin jusqu'au palais ça ne fait aucun doute. Mais si vous avez été attaqués je refuse de te laisser ici à la merci de quiconque voudrait vous poursuivre.

Le Joyau d'OrlegonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant