Les ombres dans la nuit

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Saosa et Rymian avaient déjà dégainés les dagues qu'ils gardaient en permanence à leurs ceintures quand la voix de l'un des hommes qui maintenaient Zao'wi au sol s'éleva.

- Si vous approchez, elle meurt ! annonça-t-il en tirant la tête de la jeune femme, offrant son cou au fil de sa lame, alors déposez vos armes et lancez-les vers moi !

- Faites ce qu'il dit ! lança Rev à l'adresse de ses camarades.

Sous ses doigts, l'homme plaqué au mur continuait de se débattre pour chercher de l'air, ruant et frappant Rev des poings et des pieds sans même faire bouger le jeune homme. Les thénéites prirent le temps d'analyser la situation puis durent se rendre à l'évidence qu'ils étaient tous trop loin pour venir en aide à leur camarade sans la mettre en danger. Avec reluctance, ils s'exécutèrent et firent glisser leurs armes dans l'allée en direction de leurs agresseurs.

- Ça vaut pour toi aussi ! continua l'homme, lâche-le ou je dessine un joli collier dans le cou de ta copine.

Il appuya un peu plus la lame de sa dague sur le cou de son otage et les novices purent entendre le gémissement retenu de Zao'wi qui parvenait pourtant à maintenir un calme surprenant dans sa situation. Après un regard dans sa direction, Rev hésita un instant avant de finalement relâcher sa prise, laissant sa victime s'effondrer au sol avec une respiration sifflante entrecoupée de quintes de toux. Apparemment satisfait, le meneur relâcha la pression sur la gorge de Zao'wi et, tandis que deux de ses acolytes continuaient de menacer cette dernière, il s'avança vers l'Enartien qui lui faisait face. Aux côtés d'Altéria, Rymian pivota brusquement vers l'entrée de la ruelle où ils se trouvaient.

Suivant son mouvement, la jeune femme vit trois autres silhouettes émerger de l'ombre pour leur barrer toute option de fuite. Elle sentit son cœur s'accélérer dans sa poitrine tandis qu'elle réfléchissait à toute vitesse aux options qui leur étaient encore proposées. La plus évidente était forcément de faire usage de leurs dons mais pouvaient-ils agir de sorte à protéger tout le monde. Zao'wi était à l'heure actuelle la plus vulnérable et elle était trop éloignée pour que l'un d'entre eux vienne à son secours sans craindre de réaction de ceux qui la maintenaient encore au sol. Les flammes de Saosa étaient trop imprécises encore pour tenter une attaque sans risquer de brûler leur camarade et les quelques flaques dispersées dans la rue ne permettraient pas à Altéria de faire quoi que ce soit d'utile pour le moment. Rymian pouvait récupérer rapidement son arme à l'aide du don de topaze mais la surprise de se retrouver face à des Enartiens ne suffirait probablement pas à empêcher les hommes d'attaquer. La jeune femme dut se rendre à l'évidence, pour l'instant ils ne pouvaient rien faire.

L'homme continua de s'approcher de Rev à la manière d'un prédateur ayant trouvé une proie dont il se méfierait encore trop pour baisser sa garde. Il s'agissait d'un homme trapu au visage déformé de plusieurs cicatrices. Large d'épaule, il compensait en masse musculaire ce que la nature ne lui avait pas offert en hauteur. Son apparence rappela à Altéria les chiens de garde qui protégeaient les habitations les plus aisées de Saisio.

- Voilà qui est mieux, déclara-t-il et un sourire particulièrement disgracieux vint marquer son visage, ce n'est pas comme ça qu'on salue de vieilles connaissances normalement.

- Nous sommes des marchands itinérants, pardonnez-moi que je ne me souvienne pas de toutes les têtes que je croise, rétorqua Rev qu'Altéria peinait à distinguer parfaitement dans la pénombre du mur.

- Non non non, pas à moi, ricana l'homme, tes compagnons sont peut-être des marchands mais toi... Toi !

Il s'immobilisa à quelques pas du jeune homme et Altéria put capter l'éclat de sa lame sous la lumière de la lune.

Le Joyau d'OrlegonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant