Valentina était loin de se douter que cette soirée marquait la fin de sa paisible vie d'étudiante. Un soir de novembre, peu avant la fermeture, alors qu'elle était assise à sa place habituelle dans la salle d'études de la bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris, Valentina, jusque-là très absorbée dans sa lecture d'un ouvrage d'histoire, releva la tête et fit quelques mouvements du cou pour le décrisper un peu.
Elle se rendit compte qu'il n'y avait plus beaucoup de monde autour d'elle. Son regard fut un instant attiré par les grandes fenêtres qui cernaient les hauteurs de la vaste halle studieuse. La bibliothèque Sainte-Geneviève était de ces bâtiments dessinés sur un plan basilical.
Elle offrait aux studieux une impression d'amplitude favorable à la lecture avec son grand volume avec sa hauteur de quinze mètres. Les arcs en plein cintre, utilisés pour la décoration et l'habillage, ajoutaient cette touche d'élégance, et les éléments de structures laissés volontairement visibles, étaient les témoins bavards d'une nouveauté pour l'époque désormais lointaine, celle de la révolution industrielle.
— Mademoiselle, la héla monsieur Caldéry, l'un des employés de la bibliothèque avec lequel elle avait sympathisé en raison de sa présence quotidienne jusqu'à vingt-deux heures.
— Je n'ai pas osé vous déranger. Quelqu'un a déposé ceci pour vous à l'accueil, lui dit-il en lui remettant un petit carnet recouvert d'un intrigant protège-livre en vieux cuir élimé, cerclé d'un fin ruban soyeux de couleur rouge.
Elle le regarda avec de grands yeux interdits.
— Pour moi ? Vous êtes sûr qu'il n'y a pas d'erreur ?
— J'en suis certain. Il vous a montrée du doigt et m'a dit être trop pressé pour pouvoir prendre le temps de vous le remettre en mains propres. Il m'a dit que c'était important. Il vous a écrit un mot à l'intérieur.
Elle attrapa le carnet qu'il était en train de lui tendre. Son air de surprise ne s'effaça pas, ce qui amusa le bibliothécaire.
— Et je suis désolé, mais la bibliothèque ferme ses portes. Je vais vous demander de replier vos affaires, lui dit-il avec une attitude navrée.
— Si ça ne tenait qu'à moi, je vous laisserais bien étudier ici toute la nuit, mais j'ai des obligations vous comprenez ?
Elle acquiesça sans répondre.
— Je voulais également vous dire que deux emprunteurs viennent de rendre les ouvrages que vous m'aviez demandé. Si vous voulez, je vous les réserve et je vous garde une place pour demain.
— S'il vous plaît oui, répondit-elle distraitement, réfléchissant à la personne qui avait bien pu déposer ce carnet pour elle.
Valentina prit un instant pour observer le carnet, elle se rendit compte qu'il y avait deux lettres gravées en tout petit sur la première de couverture du protège-livre se trouvait la marque du triple cercle, symbole de la trilogie existentielle : naissance, vie, mort. Sur le rabat intérieur du protège-livre, en petits caractères, étaient discrètement gravées les lettres V et T. Ces dernières étaient finement dorées dans une élégante écriture gothique. Elle s'apprêtait à l'ouvrir lorsqu'une annonce retentit dans toute la halle de lecture. Il était l'heure de partir.
Elle se releva lentement, rangea ses affaires dans son sac à dos, but une gorgée d'eau défraîchie du matin dans sa gourde qu'elle s'assura de bien refermer avant de la glisser dans une pochette prévue à cet effet et après avoir observé une nouvelle fois le petit carnet sous toutes les coutures avec une moue dubitative, elle le glissa au milieu de ses autres livres sans prendre la peine de l'ouvrir.
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Valentina et les vampires
VampireLa vie de Valentina est bouleversée le jour où elle découvre l'existence d'un mystérieux carnet. Enlevée par un homme aux pouvoirs de séduction fascinants, elle découvre l'existence d'un monde parallèle qui menace l'ordre humain : celui des vampires...