Épisode 6 - L'enlèvement

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Valentina et son ravisseur s'enfoncèrent longuement dans le sous-sol de l'immeuble et finirent par rejoindre une galerie souterraine dont la hauteur sous-plafond était suffisante pour qu'ils se tiennent à peu près debout sans se courber. Ils marchèrent ainsi pendant plusieurs dizaines de minutes. Sans le téléphone de son ravisseur, elle aurait été bien en peine d'estimer l'heure qu'il était et de s'orienter dans ce dédale obscur.

La galerie qu'ils empruntaient avaient d'abord été étroite, ses parois latérales étaient crayeuses et irrégulières. Elle devina qu'ils se trouvaient dans le réseau des galeries d'inspection des carrières de Paris.

Son père lui en avait beaucoup parlé car il se passionnait pour les cryptes et les catacombes des diverses capitales européennes. Elle n'aurait jamais imaginé visiter les sous-sols de Paris de cette manière et sans lui surtout. Tout ce qui lui arrivait était hautement improbable. À vrai dire, elle n'en revenait toujours pas. Depuis qu'elle était à Paris, sa vie n'était rythmée que par ses études. Elle n'avait guère fait autre chose jusqu'à récemment.

— Pressez-vous, ils nous suivent, fit son ravisseur qui revenait régulièrement près d'elle avant de s'éloigner de nouveau.

— Et pourquoi devrais-je vous faire davantage confiance à vous ?

— Quand je vous disais que je représente un moindre mal pour vous, je ne plaisantais pas.

— Si vous le dites... Nous en avons encore pour longtemps ?

Elle n'obtint aucune réponse. Son ravisseur avait déjà disparu. Elle expira bruyamment de dépit et continua sa progression en pestant contre son ravisseur. Le téléphone qu'elle portait dans sa main se mit alors à vibrer, annonçant la réception d'un sms.

Jacquard - 04h20 :
Monsieur, ils ont trouvé l'escalier de service. L'un de vos cousins s'est déplacé en personne. Ils sont après...

Elle aurait bien aimé lire la suite, mais l'appareil était verrouillé et elle ne disposait évidemment pas du code. Elle fut étonnée de voir que le téléphone captait, car jusqu'à présent, il n'y avait aucun réseau. Elle pensa appeler la police, mais pour leur dire quoi au juste ? Je suis piégée sous Paris avec un psychopathe ?

— Vous êtes là ? lança Valentina, sa voix résonnant lugubrement contre les parois de la galerie obscure.

— Chut, entendit-elle près de son oreille, le souffle de son ravisseur l'électrisa, ravivant immédiatement l'ardeur d'un désir qu'elle pensait éteint.

— Vous avez reçu un message de monsieur Jacq... bafouilla-t-elle, perdant lamentablement ses moyens.

À peine avait-elle commencé sa phrase qu'il lui arracha son téléphone des mains. Il lut le message, regarda autour de lui avec inquiétude, vitupérant à bas bruit. Il eut quelques mouvements d'hésitation, partant dans une direction, revenant, piétinant.

Puis, il finit par attraper sa main et la tira derrière lui sans ménagement. Ils empruntèrent bientôt une petite voie étroite qui déboucha sur une porte métallique en métal un peu rouillé. Ils la franchirent sans difficulté et s'engouffrèrent alors dans une galerie souterraine qui était sans aucun doute celle d'une ligne de métro.

Ils marchaient à grandes enjambées, bordant l'un des rails, qu'ils longèrent pendant une dizaine de minutes, non sans difficulté. Valentina ne cessait de buter sur de petits obstacles. Elle entendait son ravisseur pester contre sa maladresse et sa lenteur. Elle finit par trébucher et par s'effondrer sur lui, manquant de le faire tomber à son tour.

— Votre condition physique est déplorable. Même pas foutue de courir sans se vautrer, pesta-t-il.

D'où il me parle comme ça ? songea-t-elle, agacée. En cet instant, elle n'avait qu'un seul désir : le planter avec sa bande de poursuivants fantômes. Elle voulait retrouver sa vie paisible, sa petite chambre de bonne froide et inconfortable et tous ses livres silencieux et bienveillants. Mais son ravisseur en avait décidé autrement. Ils se remirent à progresser à une allure très soutenue. Valentina avait si mal aux pieds et aux jambes, que les crampes ne la quittaient plus. Des ampoules rendaient chacun de ses pas douloureux. Et par dessus tout, elle sentait que sa gorge grattait. La saleté et la poussière s'étaient à tel point imprégnées dans ses vêtements, qu'ils s'étaient mis à la démanger. Le pire fut l'apparition d'une pointe de côté qui avait commencé à la harceler, l'empêchant de reprendre correctement son souffle.

Valentina et les vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant