Lorsqu'elles arrivèrent dans la cuisine, celle-ci était déserte. Le plafonnier qui l'éclairait créait une atmosphère froide quasi clinique. Elle était d'une propreté irréprochable. Une écœurante odeur de détergeant y flottait, faisant presque passer à Valentina l'envie de se sustenter.
— Ouvre les réfrigérateurs et prend ce qui te fait envie, il y a du sang frais dans celui-ci et des pailles là, lui indiqua Ophélie l'air de rien.
Valentina la vit disparaître par une autre porte, ne lui laissant pas le temps de s'insurger.
— Je t'attends dans le salon.
Et elle entendit les claquements secs et réguliers de ses talons s'éloigner. La porte se referma toute seule derrière elle. Trois énormes réfrigérateurs trônaient alignés côte à côte. Valentina ouvrit chacun d'entre eux à tour de rôle et découvrit les poches remplies de sang.
Elle eut spontanément un mouvement vers l'une d'elles, mais se ravisa. Elle n'était pas prête à céder de nouveau à cette pulsion morbide. Elle referma le réfrigérateur et en ouvrit un autre. Elle était persuadée qu'elle pouvait continuer à se nourrir comme une humaine normale.
Elle découvrit un rôti de bœuf tranché qui était recouvert de papier cellophane. Elle tenta d'en goûter un bout, et se rendit compte que ça passait à peu près. Elle en mît deux tranches dans une assiette, ajouta des cornichons et prit également des morceaux de boudin noir.
— Affreux, j'ai encore envie de sang ! Je prie le ciel pour ne pas me transformer en vampire, lâcha-t-elle, alarmée à l'idée de cette évolution répugnante.
Alors qu'elle refermait le frigidaire, elle croqua distraitement dans un cornichon. Ses mâchoires se crispèrent si violemment sous l'effet de l'acidité qu'elle ne put s'empêcher de le recracher dans sa main.
— Funeste confirmation ! balança-t-elle, dépitée.
Elle prit son assiette et se rendit dans le salon. Ophélie était près du feu avec Joseph, Martin et Éloïse. Elle comprit que son irruption venait de couper leur conversation. Il en résultait un silence gêné. Elle préféra s'installer sur la grande table et commença à picorer la viande avec les doigts.
— Nous te laissons seule avec Joseph, déclara Ophélie en se levant et en incitant les autres à la suivre.
Valentina s'abstint de répondre. Elle avait bien trop faim pour émettre la moindre réaction et bien qu'elle ne retira aucun plaisir de ces pièces de bœuf froides, elle sentit qu'elle reprenait des forces. Elle remarqua que Joseph tenait une boîte en ivoire sculptée de motifs complexes entre ses mains.
— Je voudrais te transmettre un certain nombre d'artefacts. En tant qu'inquisitrice, tu as des attributs spécifiques à arborer pendant les cérémonies. Comme j'ai pu te l'expliquer, je fais partie d'un cercle d'experts qu'on appelle les érudits. J'ai effectué une thèse de doctorat en histoire sur la fonction d'inquisitrice dans ce cadre spécifique. Aussi, suis-je aujourd'hui chargé de te transmettre ces attributs et de répondre à tes questions.
La curiosité de Valentina fut aussitôt piquée au vif. Elle avait hâte de voir ce que recelait la boîte.
— Par quoi souhaites-tu que je commence ?
— Je veux bien voir ce que contient la boîte.
Joseph eut un mouvement de brève hésitation avant de poser la boîte mystérieuse sur la table. Valentina repoussa son assiette sur le côté et fit glisser la boîte jusqu'à elle. Elle l'ouvrit doucement et aperçut immédiatement un collier auquel pendait une petite clé très ornementée. Son cœur se mit aussitôt à battre la chamade. Elle espérait que ce soit la clé qui lui manquait pour ouvrir la boîte qui se trouvait dans sa chambre. Elle la tira lentement et la prit dans sa main.
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Valentina et les vampires
VampirLa vie de Valentina est bouleversée le jour où elle découvre l'existence d'un mystérieux carnet. Enlevée par un homme aux pouvoirs de séduction fascinants, elle découvre l'existence d'un monde parallèle qui menace l'ordre humain : celui des vampires...