Épisode 32 - Un peu de légèreté dans un monde de brutes

11 0 0
                                    

Alors que Valentina était sur le point de quitter le salon en laissant le pauvre Joseph derrière elle désemparé, Vladimir fit son entrée accompagné de Hector.

— Vous nous dérangez, se permit aussitôt de dire Joseph.

— En es-tu si sûr ? répliqua Vladimir en regardant l'inquisitrice en fronçant les sourcils.

Vladimir s'approcha de Valentina et fixa ses yeux de près. Il l'attrapa alors doucement par le poignet et la tira derrière lui.

— Vladimir ! Je n'ai pas terminé. J'ai encore des informations importantes à lui transmettre.

Le vampire ne prit pas même le soin de lui répondre. Ils franchirent le seuil de la cuisine, Valentina se laissant conduire docilement, heureuse que l'érudit lui fiche enfin la paix. Ils s'arrêtèrent en face des frigidaires et le vampire attrapa une poche de sang, la vida dans un verre, et y planta une paille avant de le tendre à Valentina. Celle-ci hésita. Joseph était à peine entré que Vladimir lui fit un petit signe pour lui demander de ressortir, ce qu'ils fit en soupirant.

— Bois ! Tu en as besoin. Ne t'inquiète pas. Ton état n'est que passager. C'est mon sang qui t'intime de te nourrir comme si tu étais vampire. Mais tu peux être rassurée, tu n'en es pas une. Tu es l'inquisitrice. Ton sang finira par résorber le mien.

Il s'approcha d'elle, et son sang se mit aussitôt à bouillir, son visage à rougir et son souffle à s'accélérer.

— Ma présence produit encore de l'effet sur toi. Tu rêves encore de moi ?

Elle le tapa sur l'épaule, agacée par le sous-entendu qu'il laissait planer.

— Je suis flatté d'être irrésistible à tes yeux Inquisitrice, lui susurra-t-il.

Valentina le frappa de plus belle, le vampire se replia en riant. C'était la première fois qu'elle l'entendait rire de la sorte. La légèreté de ce moment lui fit beaucoup de bien. Elle se rendit compte qu'elle en avait un besoin presque vital et il l'avait compris.

— Vas-y bois ! insista Vladimir et celle-ci but le verre d'un trait sans plus se poser de question.

Contrairement à ce qu'elle aurait pu croire, elle ne fut ni dégoûtée, ni écœurée et sentit que c'était bien ce que son corps lui réclamait. Elle se rassura en se disant que c'était un sang qui n'avait pas été volé sur une victime mais qui venait de donneurs. Elle ne chercha pas à savoir comment ils se l'étaient procurés. Pour l'instant, c'était déjà trop pour elle. Ne venait-elle pas de se nourrir de sang humain après tout ? Il y a une semaine, aurait-elle pu s'imaginer que sa vie prenne une telle tournure ?

— Acceptes-tu de me suivre ? J'aimerais te faire découvrir notre monde. Nous serons en voiture. C'est Hector qui conduira. Je te promets que tu ne craindras rien.

Valentina hésitait. Elle serra la clé qui pendait au niveau de sa poitrine. Elle avait hâte de découvrir ce que Clémence lui avait laissé dans la boîte et partir avec Vladimir et Hector pour la soirée signifiait qu'elle allait devoir encore attendre pour aller au bout de son exploration.

— Tu hésites n'est-ce pas ? Ça te changera les idées. Nous ne partirons pas longtemps.

En cet instant, il lui paraissait plus sympathique. Peut-être était-ce lié au fait qu'il venait de l'arracher aux griffes de Joseph. Il eut un petit regard insistant qui la fit craquer.

— Hector ! appela-t-il avant qu'elle ne change d'avis.

Ce dernier ne tarda pas à entrer. Ses cheveux, habituellement rangés en rideau autour de son visage laissaient dépasser le haut de son oreille droite. C'est alors que Valentina remarqua qu'elle était coupée en biseau. Hector aperçut son regard et remit aussitôt ses cheveux en place.

— Un souvenir de Frédégonde... dit-il en se postant près de Vladimir, tout disposé à l'entendre.

— Ce soir, nous faisons faire une visite à Valentina. Je voudrais que tu nous conduises à la friche, dit-il d'un air entendu.

— Nous pourrions terminer par l'hôtel particulier des héritiers ? Qu'en dis-tu ? Évidemment, on se tiendra à bonne distance.

— Ça pourrait être une idée, répliqua Vladimir ouvert à cette suggestion.

Joseph entra, l'air un peu gêné.

— Au fait, Valentina a essayé la bague. Vous a-t-elle dit ce qui s'est passé pour ses yeux ?

Vladimir observa la jeune femme se raidir.

— Laisse-la tranquille, tu ne vois pas qu'elle n'a pas envie d'en parler ? Je crois que tu lui en as dit assez pour aujourd'hui. Elle a besoin de temps pour digérer.

— Tu ne leur en a pas parlé ? s'étonna Joseph, l'incompréhension se peignant sur ses traits.

— N'insiste pas Joseph. On sort. Elle a vraiment besoin de prendre l'air.

— Pour sa sécurité, prends au moins ses attributs, réagit Joseph avec gravité.

— Pas d'inquiétude, je les prends.

— Je ne porterai pas cette bague, trancha Valentina, surprenant tout le monde par la véhémence de son ton.

— Tu ne la porteras que si tu le souhaites. On ne te forcera pas, je te le promets, tenta de la rassurer Vladimir qui voyait qu'elle s'était davantage tendue encore.

— Comment peux-tu lui faire une telle promesse ! répliqua Joseph avec consternation.

— Plus tard, trancha le vampire agacé de le voir insister. Nous partons.

Vladimir devança Hector et Valentina.

— Tes habits ne te vont plus ? constata Vladimir sans la regarder.

Elle se fendit d'une moue atterrée. Il se tourna et eut un petit rictus amusé. Sans s'arrêter, il arracha un manteau en fourrure et un cache-nez qui étaient accrochés à un porte manteau et les lui jeta dans les bras

— C'est pour compléter ton style unique, la railla-t-il.

— Je ne vais pas mettre ça ! Déjà que je n'ai l'air de rien...

Il se tourna vers elle, mit ses mains sur ses épaules, et la regarda avec un tel air de sincérité qu'elle en frissonna.

— Tu es la meilleure version de toi-même Valentina ! Ne doute jamais de toi, tu es l'inquisitrice.

Elle sentit ses joues rosir. Le parfum de miel de Vladimir saturait ses narines, elle sentait son souffle sur sa peau et ne put s'empêcher de fermer les yeux pour se contenir. Il leva son menton vers lui avec un petit geste délicat.

— Arrête de te faire des idées, ironisa-t-il en lui parlant tout bas.

Elle ouvrit ses yeux et eut un élan qu'il repoussa.

— Notre premier baiser n'aura pas lieu comme ça, se moqua-t-il.

Elle se redressa et le sonda curieusement. Vladimir lui faisait toujours le même effet. Elle n'avait jamais autant désiré quelqu'un que lui. Sa proximité suffisait à allumer un brasier. Savoir que ce n'était qu'un artifice l'attristait. Une fois que son sang aurait résorbé celui du vampire, elle n'éprouverait certainement plus rien pour lui.

— La voiture est dehors. Nous pouvons y aller, les interrompit Hector en se raclant la gorge.

Vladimir poussa Valentina devant lui et au moment où ils s'apprêtaient à franchir le seuil d'entrée du manoir, Joseph héla le vampire pour lui confier la boîte contenant les artefacts destinés à l'inquisitrice. Le vampire tapota l'épaule de l'érudit et lui glissa un mot à l'oreille. Joseph eut un air entendu et s'en retourna à l'intérieur du manoir avec la boîte. La voiture ne tarda pas à démarrer et à sortir du domaine pour s'engouffrer dans les artères de la ville. Il faisait nuit. Valentina ouvrit la fenêtre. Elle avait l'impression de respirer.

*************************************

Merci d'avoir lu !

B.🩸

Valentina et les vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant