Valentina et les vampires

Chapitre 41 - Une entrée dans le monde remarquée

L'un des majordomes les escorta jusqu'au vaste salon où de nombreux convives conversaient dans une atmosphère soutenue par un orchestre d'harmonie qui jouait un répertoire classique. Des serveurs et serveuses défilaient avec des plateaux recouverts de petits fours d'une sophistication qui rivalisait avec la somptuosité du décor. Alors que Valentina se concentrait pour ne pas glisser sur le parquet posé en chevrons ciré, Vladimir tenta de la rassurer en posant son bras autour de sa taille.

— Vladimir, grogna-t-elle.

— N'y vois aucune autre intention que celle de te soutenir, mon petit astre.

Elle le regarda avec méfiance.

— C'est quoi ces sobriquets ridicules ?

— Tu préfères lequel ? Mon petit astre, mon rayon de lune, mon âme éternelle ? plaisanta-t-il en la fixant d'une manière si pénétrante qu'elle s'en trouva troublée.

— Arrête ça, veux-tu ?

Il lui lança un sourire si plein de charme que son cœur palpita. Lui aussi était d'une grande élégance dans son ensemble de smoking tiré à quatre épingles. Elle nota le raffinement du gilet satiné, de ses boutons de manchette et de ses chaussures vernies. Elle sentit qu'elle s'empourprait et décida de détourner le regard.

— J'espère que tu me réserveras la première danse, lui glissa-t-il, sa voix empreinte d'une étrange vibration.

Elle l'observa du coin de l'œil, vérifiant qu'il ne se moquait pas d'elle.

— Je suis tout ce qu'il y a de plus sérieux. Tu es la reine de la soirée. À en juger par les regards braqués sur toi, tu devrais rester peu assise ce soir, sourit-il.

— Franchement, toute cette scène est d'un cliché ! J'ai l'impression d'être dans un mauvais film, maugréa-t-elle.

— Tu n'as pas tort, c'est ton entrée dans le monde. Les codes sont empruntés, mais ne sous-estime pas l'importance de cette soirée. Aux yeux de mes cousins, nous lançons les hostilités.

Valentina se tourna vers lui catastrophée.

— Et tu me dis ça maintenant ? Je ne suis pas prête du tout. Je ne sais rien faire. À part mes yeux qui ressemblent à des phares perdus au milieu de la nuit et de je ne sais quel océan, je n'ai aucune compétence. Et toi, tu me jettes dans l'arène comme ça ! C'est monstrueux !

— Tu ne t'en es pas aperçue, mais l'autre soir, tu as sauvé l'adolescente que Tugdual retenait prisonnière.

— De quoi tu parles ?

— Je pense même qu'il a dû être quelque peu égratigné... ajouta-t-il avec un sourire impressionné.

— Tu me fais marcher. Je n'ai rien fait du tout. Si elle s'est enfuie, elle l'a fait toute seule.

— Non ! Détrompe-toi ! Tu l'as libérée de son joug. Elle a retrouvé ses esprits et elle a profité de l'explosion pour leur échapper.

— Comment le sais-tu ? lui demanda-t-elle en se retournant vers Hector qui conduisait Ophélie et Éloïse, comme pour vérifier si ce que Vladimir lui disait était juste.

Elle ne put s'empêcher d'admirer les deux vampires qu'elle trouvait resplendissantes. À côté d'elles, Valentina pensa qu'elle avait décidément l'air d'une empotée. Alors qu'ils continuaient d'avancer dans le cœur de la vaste salle de bal, un homme d'un certain âge, portant de longues moustaches élégamment tournées et vêtu d'un inimitable costume de tweed, s'avança vers eux d'un pas assuré. Il claqua des doigts et trois serveurs s'approchèrent, proposant des coupes de champagne et des mignardises salées à ses invités.