Épisode 13 - Le goût du sang

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Après quelques minutes à rester agenouillée, Valentina se releva et enfila son pull. Elle rehaussa son chignon de fortune à l'aide de sa pince et entreprit de retourner dans sa chambre. Vladimir n'était toujours pas revenu et la desserte avait disparu. Son ventre grogna, lui rappelant qu'elle avait faim. Elle rêvait de manger un bon steak saignant. Pour se changer les idées, elle s'avança vers le bonheur-du-jour et s'assit sur le petit tabouret en bois précieux recouvert de la même soierie que le large fauteuil à la reine, puis elle entreprit d'explorer plus méticuleusement chaque étage et chaque compartiment du petit meuble.

Elle pressentit que des compartiments secrets pouvaient se cacher, et, inexplicablement, elle savait qu'elle trouverait un double fond dans le troisième tiroir à partir de la gauche. Malheureusement, des pas résonnèrent à l'extérieur de la chambre, l'incitant à remettre à plus tard son exploration secrète.

Elle refermait le tiroir lorsqu'elle entendit le cliquetis de la serrure. Charles, le serviteur, fit son entrée, suivi de Vladimir, dont le regard était empreint d'une froide indifférence. Il la frôla en se dirigeant vers l'une des hautes fenêtres, dont les doubles rideaux tamisaient la lumière. Charles avait poussé une nouvelle desserte qui comportait des plats d'une toute autre nature. Valentina était venue s'asseoir sur le fauteuil, prête à découvrir ce qui lui avait été réservé.

— Monsieur m'a demandé de vous apporter un menu plus carné. Veuillez me faire savoir si ces mets vous conviennent madame.

— Je vous remercie monsieur, lui retourna Valentina.

— Vous pouvez m'appeler Charles, mademoiselle, sourit-il.

— Dans ce cas, appelez-moi Valentina.

Il ne répondit rien et regarda Vladimir avec une expression embarrassée, espérant qu'il se porte à son secours.

Ce n'est pas la coutume. Ici, vous avez un statut très particulier. Vous êtes la future inquisitrice. Il lui est défendu de s'adresser à vous avec familiarité. Comme tout le personnel de maison, il apprécierait que vous observiez les convenances. Ne percevez-vous pas sa confusion ? fit-il avec agacement.

Ne la fâchez pas monsieur, elle n'est pas accoutumée aux usages de cette maison, répliqua Charles avec un air de contrition.

Vous pouvez nous laisser. Je vous ferez appeler si j'ai besoin de vos services.

— Bien, monsieur, répondit-il avec une révérence, quittant rapidement la chambre de Valentina.

— Ces personnes ne sont pas à votre égale. Vous leur êtes supérieure.

Et en quoi leur suis-je supérieure ? Cette manière de considérer les autres ne fait pas partie de mon éducation et de ma façon de concevoir les relations humaines.

— Charles n'est pas humain. C'est un descendant. Il a un rang et vous devez respecter l'ordre qui régit notre monde.

— Vous voilà de nouveau reparti avec vos histoires de vampires. Si vous en êtes un, dans ce cas, vous ne supporterez pas la lumière, ironisa-t-elle tout en fonçant vers la fenêtre où elle tira l'un des épais rideaux de velours.

Il se précipita derrière elle pour retenir son geste, et dès que son poignet entra en contact avec un rai de lumière, il se mit à devenir translucide. La surprise fut si saisissante qu'elle hoqueta. Comment était-ce possible ? Cela défiait complètement les lois physiques de la matière. Elle saisit son poignet, le palpa pour s'assurer de sa matérialité, et s'étonna de sa froideur. Elle se tourna vers lui. Il la regardait sans ciller.

— Comment faites-vous cela ?

Il fit un petit geste sec pour dégager son poignet de l'emprise de la jeune femme. L'effet de translucidité n'avait toujours pas disparu. Il tira la manche de son pull par dessus et s'éloigna d'elle.

Valentina et les vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant