Valentina retira délicatement sa main de la poignée de la porte du salon qu'elle venait de refermer. Puis elle se tourna à demi de manière à épier leur conversation. Elle n'avait pas remarqué la présence de Vladimir. Le vampire était adossé au mur mitoyen.— Ce n'est pas bien d'écouter des conversations auxquelles tu n'es pas conviée.
Elle sursauta et rougit honteusement. Il s'approcha d'elle et elle sentit immédiatement son cœur s'emballer dans sa poitrine.
— Alors comme ça, tu ne veux plus rien avoir à faire avec moi, chuchota-t-il en la sondant.
Elle leva ses yeux vers les siens. Ils étaient gris et ombrageux comme un ciel d'orage. Ils se dévisagèrent silencieusement, observant l'ambivalence des émotions qui les traversait l'un l'autre. Valentina le détestait pour tout ce que le vampire lui avait fait subir et en même temps, elle était irrésistiblement attirée par lui.
Pourtant, elle se rendait compte que la nature de son trouble avait déjà changé. Ce n'était plus aussi franc que les premières fois qu'elle l'avait croisé. S'habituait-elle déjà au pouvoir d'emprise que le vampire exerçait sur elle ? Le combat entre sa raison et ses émotions s'équilibrait et n'en devenait paradoxalement que plus violent.
Contrairement à ce que Vladimir semblait penser, elle résistait de mieux en mieux à son charme. Alors qu'elle se faisait ces réflexions à elle-même, approfondissant encore le regard qu'elle posait sur lui, elle sentit un espace se déployer en elle, tel un miroir.
Intriguée par cette apparition, elle se concentra dessus et se rendit compte que les yeux du vampire s'y reflétaient. Les nuages qui les ombrageaient une minute auparavant se dispersèrent et elle se retrouva propulsée dans une séquence étourdissantes d'images appartenant visiblement au passé.
Elle se retrouva d'abord dans un château fortifié cantonné de tours en encorbellement. Une femme d'un âge avancé, aux traits durs, montait un escalier en colimaçon modestement éclairé.
Elle portait une robe de velours rouge-bordeaux, surplombée d'un long voile à guimpe maintenu par une couronne dorée sertie de joyaux rouges et verts indiquant qu'il s'agissait peut-être d'une reine.
Dans l'une des quatre tours du château, une salle de torture séquestrait une dizaine de personnes de tout âge et sexe. Les pauvres gens hurlaient de douleur sous le joug d'appareillages tous plus abjects les uns que les autres lesquels étaient activés par un homme grand et tout gringalet qui n'était autre que l'amant de la reine.
La reine avait un petit atelier attenant dans lequel elle pratiquait des expériences, mélangeant toutes sortes d'éléments et liquides aux couleurs et textures douteuses auxquels elle mélangeait du sang frais qu'elle prélevait directement sur les infortunés martyrs. Elle consignait les recettes dans un grimoire aux pages irrégulières et jaunies.
Son écriture était à peine lisible. Elle le rangeait derrière dans une boîte rangée derrière des pierres qu'elle déplaçait à chaque fois. Elle l'observa faire et refaire son breuvage, et à le tester sur ses prisonniers les plus véloces qui mourraient tous dans d'atroces souffrances.
Parmi les victimes de ses expériences, elle aperçut Hector en train d'absorber de force l'écœurant mélange puis se tordre de douleur sous le regard impassible de la terrible reine.
Alors qu'elle venait de quitter la tour, elle aperçut une silhouette tapie dans l'ombre. Il s'agissait d'une jeune femme apprêtée et coiffée d'une crépinette qui profita d'être seule pour libérer le pauvre Hector agonisant.
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Valentina et les vampires
VampireLa vie de Valentina est bouleversée le jour où elle découvre l'existence d'un mystérieux carnet. Enlevée par un homme aux pouvoirs de séduction fascinants, elle découvre l'existence d'un monde parallèle qui menace l'ordre humain : celui des vampires...