Ils semblaient être tous décidés à ne lui laisser aucun temps seule avec elle-même. Elle était sur le point de sortir du bain lorsqu'elle se mit à avoir de fortes acouphènes.
Elle entendait des bruits de voix, qui disparaissaient aussi subitement qu'ils avaient surgi. C'était comme une longueur d'onde radio mal réglée. C'était si désagréable qu'elle en eut mal à la tête. Elle resta tranquillement adossée le temps que ses oreilles retrouvent un semblant de calme, puis elle réessaya de se lever.
Malheureusement, elle perdit l'équilibre, glissa en tentant de trouver un appui et s'effondra sur le sol en se cognant la tête sur le rebord de l'évier au passage.
— Aïe ! lâcha-t-elle en se relevant tout en posant sa main sur l'endroit de sa tête qui venait d'être traumatisé.
Elle remarqua qu'elle saignait.
— Mince ! Il ne manquait plus que ça ! marmonna-t-elle en colère contre elle-même. Au moins, les acouphènes ont disparu, c'est toujours ça de moins.
Elle commença à se sécher et entendit frapper à la porte.
— Tout va bien ?
Valentina perçut immédiatement l'inquiétude dans la voix d'Éloïse.
— Je vais très bien. J'ai glissé, mais ça va.
— Je crois que tu saignes Valentina !
— En effet, je me suis cognée à la tête. Mais je t'assure que je vais bien...
Mais à ces mots, Valentina sentit que la tête lui tournait. Elle s'appuya sur le rebord du lavabo.
— En fait non, je ne vais pas bien tout compte fait...
— Assieds-toi au sol et adosse-toi à la baignoire. Je vais ouvrir...
Valentina se regarda dans le miroir et elle vit que ses pupilles s'étaient dilatées. Elle eut l'étrange impression de voir ses traits de visage changer.
Elle ferma ses yeux, prit une inspiration et se baissa lentement en se concentrant pour ne pas céder au mouvement de panique qui l'envahissait.
— Je vais très mal Éloïse... S'il te plaît, aide-moi, la supplia-t-elle.
Éloïse trafiqua la porte pendant quelques secondes et finalement, Valentina comprit qu'elle n'y arrivait pas. Sa vision était en train de se troubler.
Les acouphènes avaient recommencé et l'isolait lentement de son environnement. Elle reconnut la voix de Vladimir et comprit qu'il était en train de défoncer la porte qui finit par céder.
Vladimir s'approcha d'elle avec prudence, craignant qu'elle ne le rejette une nouvelle fois, mais ce fut loin d'être le cas. Valentina se sentit réconfortée par son odeur de miel si caractéristique.
Elle s'accrocha immédiatement à lui comme un singe l'aurait fait a une branche d'arbre. En cet instant, il représentait tout ce qui lui était le plus familier. Tout vacillait de nouveau autour d'elle et en elle.
Elle avait l'impression d'être prise dans un jeu de double miroirs dans lequel il n'y avait plus que vertige. Vladimir la remit immédiatement dans son bain, se mouillant jusqu'aux cuisses et jusqu'aux épaules.
— Qu'est-ce que tu fais ? s'inquiétèrent Éloïse, Joseph et Ophélie.
— Je crois qu'elle est piégée dans l'une phase des phases de sa métamorphose. Toutes ses perceptions sont en train de se détraquer. Je pense que l'eau pourrait calmer ses vertiges.
— Comment sais-tu qu'elle a des vertiges ? demanda Joseph incrédule.
— Ils ont échangé tout leur sang. Ils sont connectés l'un à l'autre, lui expliqua Ophélie.
— Tu veux dire que tu ressens tout ce qu'elle éprouve ? demanda Joseph qui marquait le coup.
— Je ressens tout, mais comme si c'était en toile de fond. Ça n'affecte pas directement mes perceptions à moi.
— Étonnant ! C'est très intéressant ! Si tu veux bien Vladimir, j'aimerais beaucoup documenter ce processus. Il y a des textes qui existent autour de ce phénomène avec des êtres humains ordinaires, mais pas avec des inquisitrices.
Vladimir ne répondit pas. Il était trop occupé à s'occuper d'installer Valentina correctement avec Éloïse en soutien. Une fois son corps mis en place, Vladimir sortit du bain et se posta non loin d'elle tout en restant à distance. Éloïse avait dégagé les mèches mouillées de son visage et tenait sa main dans la sienne.
— Elle va mieux. Les battements de son cœur se sont apaisés, dit Éloïse dont les mèches rousses rebondissaient avec une parfaite souplesse autour d'elle.
Elle observa la bosse qui s'était formée sur l'angle droit de son front et vérifia si elle s'était blessée ailleurs.
— C'est étrange, je suis certaine d'avoir senti son sang tout à l'heure, pourtant, il n'y a aucune blessure.
— Tu as raison. J'ai bien saigné quand je me suis cognée tout à l'heure.
Valentina ouvrit alors ses yeux qui surprirent tout le monde autour d'elle par sa couleur d'un bleu devenu phosphorescent.
— Se pourrait-il qu'elle... commença à dire Ophélie en se tournant vers Vladimir, ses yeux trahissant son inquiétude.
Vladimir fixait Valentina qui le regardait intensément en retour. Il ferma alors les yeux et quitta la salle de bain sans un mot. Valentina ferma alors un instant ses paupières. Ils observèrent tous cet échange de regard énigmatique comprenant tous que quelque chose venait de se jouer entre eux.
— Merci Éloïse ! fit-elle en retirant sa main tout en la regardant droit dans les yeux.
Éloïse se redressa alors. Elle recula, manquant de trébucher sur Ophélie qui se trouvait derrière elle.
— Je voudrais sortir de mon bain. Souhaites-tu rester pour pouvoir étudier l'anatomie d'une jeune inquisitrice ? ajouta-t-elle en regardant Joseph avec un rictus empli d'ironie.
Ophélie porta le dos de sa main devant sa bouche, retenant un sourire. Valentina la regarda à son tour et son regard la glaça. Il était d'une froideur arctique. L'intensité qui émanait de ses iris luminescents lui donnait un côté scrutateur particulièrement désagréable.
— Sortons, réagit cette dernière en prenant Éloïse par le poignet et en faisant un large geste des bras pour inciter Joseph à quitter également la pièce.
Ce dernier était si gêné, qu'il avait l'air d'être planté au milieu de nulle part, ne sachant pas du tout comment se comporter suite à la remarque confondante qui lui avait été adressée quelques instants plus tôt.
— Appelle-nous si tu as besoin de nous, dit Ophélie avec une révérence si inhabituelle pour quiconque la connaissait qu'Éloïse se tourna vers elle avec un air de sidération qui ajouta encore au malaise ambiant.
— J'aimerais rester seule. Je voudrais prendre mes marques dans ma nouvelle chambre. J'ai compris que je vais y demeurer longtemps, vous ne me contrarierez pas sur ce point, n'est-ce pas ?
Ophélie se contenta d'acquiescer d'un léger mouvement de tête. Et ils quittèrent la salle de bain. Ils s'adossèrent tous à la porte. Vladimir se trouvait dans la chambre, faisant des aller-retour.
— Suivez-moi, je crois que nous avons à parler, fit ce dernier, et Valentina les entendit tous quitter sa chambre.
+++++++
Merci d'avoir lu !!!!
À dimanche prochain, 🌚
Brune. 🖤
VOUS LISEZ
Valentina et les vampires
VampirgeschichtenLa vie de Valentina est bouleversée le jour où elle découvre l'existence d'un mystérieux carnet. Enlevée par un homme aux pouvoirs de séduction fascinants, elle découvre l'existence d'un monde parallèle qui menace l'ordre humain : celui des vampires...