La conductrice cherchait à semer leurs poursuivants. Elle conduisait vite, prenait des virages serrés, freinait, reculait, accélérait sans cesse.
— Nous y sommes presque Vladimir. Tenez-vous prêts.
— Décrochez votre ceinture, fit-il en se tournant vers Valentina qui le regardait avec une détresse impossible à cacher.
Il lui saisit alors la main, planta ses yeux dans les siens.
— Vous êtes en sécurité tant que vous restez avec moi. Me faites-vous confiance ? lui demanda-t-il.
— Non, répondit-elle sans détour.
La réaction de son ravisseur fut saisissante.
— Je vois que la métamorphose se poursuit...
Le véhicule pila un instant plus loin. Tristan ouvrit la portière et sortit immédiatement. Vladimir avait dégrafé sa ceinture de sécurité tout en continuant à fixer Valentina. Il saisit sa main. En dépit de sa modeste rébellion, cette dernière n'opposa aucune espèce de résistance.
Elle le suivit et aussitôt dehors, ils empruntèrent une porte cochère. Puis ils coururent jusqu'à la sortie qui se trouvait en face. Un véhicule noir aux vitres teintées les attendaient, ils s'y engouffrèrent tous trois semant ainsi définitivement leurs poursuivants. La jeune femme eut alors la surprise de découvrir que le conducteur n'était autre que monsieur Caldéry, le bibliothécaire qui lui sourit d'un air désolé.
— Vous ! ne put-elle s'empêcher de s'exclamer, soufflée par cette découverte.
Gêné, le bibliothécaire détourna les yeux.
— C'est un complot ma parole... pensa-t-elle, complètement désorientée.
— Joseph, conduisez-nous au manoir de Fontenay-aux-Roses.
— Bien Vladimir.
À ses côtés, se trouvait son fils, Martin, qui semblait tout aussi empoté que la dernière fois qu'elle l'avait croisé. Tous les gens qui se trouvaient dans sa vie n'étaient donc que des figurants, ennemis ou complices de son ravisseur ! Qu'avait-elle de si spécial pour qu'un tel dispositif ait été déployé autour d'elle ? Elle songea à sa famille, se demandant jusqu'où pouvait s'étendre ce délire.
— Nous ne sommes pas suivis, fit monsieur Caldéry quelques instants plus tard.
Valentina sentait l'insistance du regard du bibliothécaire peser sur elle à travers le rétroviseur intérieur. Elle faisait tout pour l'éviter. À mesure que le temps passait, la colère prenait le pas sur la détresse. Cette bande de timbrés était en train de faire voler sa vie en éclat. La réalité de son monde s'effritait douloureusement et elle en éprouvait une vive rancœur. La voix de Vladimir rompit le silence gêné qui s'était installé dans le véhicule pour répondre à un appel téléphonique.
— Nous arrivons bientôt au manoir. Rejoignez-nous dès que vous aurez semé les autres.
Vladimir raccrocha et appela alors un second numéro.
— Tu peux ouvrir le garage, on arrive.
Il raccrocha et glissa son téléphone dans l'intérieur de sa veste.
— Est-ce que je pourrais récupérer mon portable s'il vous plaît ? demanda Valentina.
— Non, trancha Vladimir sans ménagement.
— Je voudrais rassurer mes parents.
— Ils le sont. Éloïse les a appelés. Ils seront là dans quelques jours.
— Comment ça ils arrivent dans quelques jours ? répliqua-t-elle complètement éberluée.
Elle avait la sensation que le piège se resserrait un peu plus encore sur elle, l'engloutissant dans les sables mouvants du mensonge et de la trahison.
— Ne me dites pas que mes parents font partie de cette délirante machination ! Ce n'est pas possible... Non... pas eux...
— Ce n'est ni un délire ni une machination Valentina ! Nous sommes là pour vous protéger, intervint le bibliothécaire. La réalité n'est pas ce qu'elle prétend être. Nous comprenons que ce soit un choc pour vous. Mais je vous garantis qu'il n'y a aucun machiavélisme. Nous servons une cause qui mérite de nombreux sacrifices. Lorsque vous en saisirez les enjeux, je suis certain que vous vous rangerez à nos côtés.
— Je dois nager en plein cauchemar, ce n'est pas possible ! murmura-t-elle en commençant à s'agiter et à vouloir ouvrir sa portière pour s'enfuir.
Mais cette dernière était fermée, lui faisant réaliser qu'elle était bel et bien prisonnière. Vladimir posa sa main sur sa cuisse, la faisant tressaillir.
— Même si vous ne nous faites pas confiance, vous n'avez pas le choix. Vous devez nous suivre. Où iriez-vous ? Ne voulez-vous pas savoir pourquoi vous faites l'objet de tant de convoitise ?
Elle le regardait, interdite.
— Je pourrais aller voir les autorités françaises et vous dénoncer pour enlèvement. Je pourrais quitter Paris sur le champ et me réfugier quelque part en Chine ou dans une île du Pacifique !
— Et les héritiers vous retrouveraient et vous élimineraient. Ils ne laisseront jamais une inquisitrice en liberté.
— Une inquisitrice ! Mais de quoi parlez-vous ? C'est délirant !
— Nous arrivons. On répondra à vos questions plus tard, la coupa-t-il.
Ils se trouvaient devant un haut portail noir en fer forgé finement ouvragé qui s'était presque entièrement ouvert. Ils pénétrèrent instantanément et le portail se referma sur eux lentement. Ils se trouvaient engagés dans une allée caillouteuse bordée par des ifs communs et des cyprès. Au terme de l'allée se trouvait une vaste bâtisse bourgeoise.
L'entrée du manoir se trouvait en haut d'un imposant escalier de façade. Mais contrairement à ce qu'elle s'imaginait, le véhicule ne s'arrêta pas face à l'entrée.
Il contourna le bâtiment pour s'avancer vers un garage qui lui était adossé latéralement. Un vieil homme grisonnant les attendait. La porte du garage était déjà ouverte, et celui-ci la referma aussitôt qu'ils furent entrés. Monsieur Caldéry et son fils vinrent ouvrir leurs portières respectives et tous quittèrent le véhicule.
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À dimanche prochain pour la suite 🌚
B. 🖤🖤
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Valentina et les vampires
VampirosLa vie de Valentina est bouleversée le jour où elle découvre l'existence d'un mystérieux carnet. Enlevée par un homme aux pouvoirs de séduction fascinants, elle découvre l'existence d'un monde parallèle qui menace l'ordre humain : celui des vampires...