La voie des Anges - Partie 1 (A Supernatural Story)

Chapitre 19

Dans un petit sursaut, Sam rouvre les yeux et c'est comme s'il découvrait son environnement pour la première fois. A moitié allongé sur le fauteuil du salon, bien trop petit pour lui, il remarque le reste de la petite troupe joyeusement rassemblée dans les environs. Il jette un coup d'œil à sa montre : 8 heures et demie. Bon, il a dormi environ une heure. La dernière fois qu'il a regardé par la fenêtre avant de s'endormir, le soleil était déjà levé.

Ces derniers temps, Sam ne dort pas très bien. Il ne sait pas trop ce qui a déclenché tout ça ; ou plutôt, il le sait mais il essaie de l'ignorer. Ces derniers jours, il voit et revoit le visage de Maeve dans ses rêves, entouré d'un feu brûlant s'emparant d'elle de toutes parts. Et si Maeve, je veux dire par là la vraie Maeve, ne sait pas de quoi sont faits les cauchemars de son ami, elle a une petite idée de la raison pour laquelle il semble si fatigué. Elle aimerait pouvoir trouver les mots, pouvoir lui dire qu'il ne doit pas s'en faire pour elle. Mais ces mots-là sont toujours si difficiles à trouver.

-Alors...? demande Sam les yeux embrumés. Des nouvelles de Castiel ?

-Toujours pas, non, grommelle Dean. Mais on a une affaire.

A l'évocation de ces mots, Maeve tend légèrement la tête comme pour pouvoir mieux se concentrer sur ce qui suit.

-Une femme a été assassinée à son domicile, à Spencer dans l'Iowa. C'est qu'à deux heures de route, même moins que ça, si Bébé le veut bien.

Dean offre un clin d'œil à Maeve, qui esquisse un sourire.

-Je parle de la voiture.

-J'avais compris, le rassure la jeune femme.

-Dean, argue Sam, c'est pas le moment de partir en chasse. On a autre chose à faire.

-Bien sûr que c'est le moment.

Les frères Winchester se tournent vers Maeve, un peu surpris.

-Comme l'a dit Dean, votre "chasse" n'est qu'à deux heures de route. Moi, je pense qu'on doit y aller.

-Attends deux secondes, l'arrête Dean. "On" ? Mais tu crois quoi, petite, que tu vas venir avec nous ?

-La petite n'a que quatre ans de moins que toi, grommelle Maeve pour toute réponse. Elle a l'âge de ton frère, d'ailleurs.

Bobby choisit cet instant pour entrer dans la conversation.

-Vous devriez y aller, les garçons, ça c'est sûr. Pour ce qui est de la princesse... Moi, je dis que c'est à elle de choisir.

-J'ai pas trop envie d'avoir les démons au cul, grommelle Dean.

-D'après ce que j'ai compris, argue Maeve, les démons ne peuvent pas me faire grand-chose, du moins c'est ce qu'ils pensent. A mon avis, il faut s'attendre à quelque chose de gros s'ils veulent me faire la peau. Ils ne vont pas se montrer comme ça ; et puis je suis autant en sécurité avec vous deux hors de cette maison, qu'ici seule avec Bobby. Le prend pas mal, Bobby.

-Pas de souci pour moi, grogne Bobby en partant se chercher une bière.

Maeve se lève de la chaise sur laquelle elle était assise, puis part dans la cuisine. Elle récupère les gamelles de Bunny, qu'elle remplit d'eau et de croquettes, puis se tourne vers Bobby.

-De l'eau et des croquettes pour Bun-Bun, pas de la bière et des cacahuètes ! S'il en mange une, il pourrait mourir. Tu es prévenu.

Puis elle attrape sa veste et regarde Sam et Dean, lesquels n'ont pas bougé d'un centimètre depuis qu'elle a commencé à virevolter par-ci par-là.

-Eh, chuchote Dean, c'est vrai pour les cacahuètes ?

-Non. Mais Bobby n'a pas besoin de le savoir. Bon, alors on y va ou quoi ?

Les garçons suivent donc Maeve à l'extérieur, encore abasourdis. Dean se réveille comme par magie quand elle prononce sa prochaine phrase.

-Je peux conduire ?

-NON. Maintenant ferme-la, et assieds-toi derrière.

Une fois tous installés dans la voiture, le moteur tournant, Dean se tourne vers son frère et murmure aussi bas que possible.

-Elle nous a roulés là, non ?

-J'en ai bien l'impression, soupire Sam à demi-sourire.

Pendant le trajet en voiture, Dean finit de faire le topo à Maeve et à Samy. Une femme d'une trentaine d'années a été assassinée à son domicile, aucune entrée par effraction n'a été repérée. Sa fille était sur place ; leur père dit qu'il était en déplacement ce soir-là, mais la police l'a arrêté en le voyant en ville le lendemain de l'agression ; à savoir, ce matin. Apparemment, il nie les faits.

-Si on n'était pas si proches, dit Sam, je ne suis pas sûr qu'on aurait enquêté sur cette affaire.

-Ah non ? demande Maeve. Pourquoi ?

-Parce que tout désigne le mari, répond Dean. Un meurtre conjugal, qu'il a regretté et où il nie les faits : classique.

-J'en sais rien, soupire Sam, je pense que ça vaut le coup d'aller voir.

-Et puis ça nous fait une sortie, sourit Maeve. Moi, je suis contente d'aller à ma première chasse. Et je vous vois déjà venir, mais ne vous en faites pas : je ne vais pas me mettre inutilement en danger. J'ai envie d'aider, c'est tout. D'ailleurs, je pense avoir un plan.