La voie des Anges - Partie 1 (A Supernatural Story)

Chapitre 36

Castiel a fait une promesse à sa fille, il y a déjà plusieurs semaines. Et désormais il compte la tenir. Et la tenir maintenant. C'est ainsi que le bel Ange à l'imper beige tient la main de sa fille pour la guider jusqu'à un sanctuaire un peu différent des autres. Et en toute honnêteté et depuis qu'il en a eu connaissance, il s'agit de l'un des préférés de Cas.

Une fois arrivés devant une drôle de porte colorée, Castiel se tourne vers Maeve.

-Tu es prête ?

-Oui, répond-elle d'un demi-sourire.

-Alors je vais te laisser.

-Attends.

Maeve retient Castiel du bout des doigts, et celui-ci s'arrête. Il se tourne vers sa fille, un air de curiosité dans le regard.

-J'aimerais que tu viennes avec moi. Que tu rencontres... le reste de ma famille.

Castiel ne saurait dire à quel point il est touché par cette requête. Aussi, c'est naturellement qu'il garde le silence et suit sa fille de l'autre côté de la porte, redoutant néanmoins cette rencontre importante.

La première chose qui frappe Maeve, ce sont les couleurs. Des tonnes de lumières à LED rouges, vertes et blanches sont disposées dans la pièce, une pièce bien assez grande pour réunir une vingtaine de personnes ; pourtant, il n'y en a que deux. Au fond de la pièce, aux pieds d'un gigantesque sapin décoré de magnifiques boules de toutes les couleurs et d'étoiles brillantes, se trouvent Louis Clarke et sa mère. Lorsqu'elle les voit, Maeve avance dans leur direction d'un pas ferme, mais pas trop rapide. Comme si elle avait peur que ses mouvements fassent s'envoler en fumée le magnifique tableau qui se dresse devant elle. Quand finalement son frère entend du bruit derrière lui, il penche la tête et s'arrête de bouger. Audrey lève la tête, sourit. Elle pose alors la main sur l'épaule de son fils, lequel se tourne à son tour.

Louis n'a pas changé. Maeve voit, en le regardant, le même petit garçon que lorsqu'il était tout jeune. Ses cheveux blonds, bouclés, contrastant avec la noisette de ses yeux retombent contre ses épaules dans un rebond. Ses yeux d'ailleurs, parlons-en : ils brillent. De quoi ? D'excitation, peut-être. Pas de peur, en tout cas. Il est loin derrière, le dernier souvenir que Maeve croyait posséder de son frère, celui où ses beaux yeux avaient tourné au noir.

Doucement, Louis se relève. Il regarde sa sœur, ne semblant pas croire ce qu'il voit. Celle-ci, comme pour détendre un peu l'atmosphère, tend le menton vers le sapin.

-Noël 2001, dit-elle, le soir où maman nous a offert deux billets pour le parc aquatique de Chicago Sud. J'avais dix-huit ans, ça ne me plaisait pas tant que ça d'aller faire de la bouée et du toboggan. Mais pour mon petit frère, je serais allée plonger dans le plus profond des ravins s'il l'avait fallu.

-Oh, Maeve...

Louis s'agrippe à sa grande sœur, si fort que celle-ci aurait pu s'étouffer. Pourtant, elle resserre son étreinte à son tour et un immense sourire se dessine sur son visage. Après une minute peut-être, Louis et Maeve s'éloignent un peu l'un de l'autre et cette dernière peut prendre sa mère dans ses bras. Puis, elle recule légèrement, et tend la tête vers Castiel.

-Voici Louis et Audrey, comme tu l'avais sûrement deviné. Louis, Maman, c'est...

-Castiel, murmure Audrey. C'est vous.

-Bonjour Audrey, répond celui-ci en hochant la tête. Je suis ravi de faire officiellement votre connaissance. Même si j'ai déjà pu voir, grâce aux souvenirs de Maeve, à quel point vous étiez incroyable de votre vivant. Merci. Merci d'avoir veillé sur elle pour nous deux.

Maeve explique rapidement à Louis que Castiel est son véritable père. Son frère l'informe qu'Audrey lui a déjà tout raconté ; il est ravi pour Maeve.

-Tu as une famille vraiment spéciale, lui dit-il en souriant. Et je suis heureux de savoir que tu as encore quelqu'un avec toi, pour partager tout ce qui t'arrive sur Terre.

-Castiel n'est pas le seul à me venir en aide, rétorque Maeve. Il y a aussi... les frères Winchester.

Tandis qu'Audrey esquisse un sourire satisfait, Louis écarquille le regard.

-Attends, tu déconnes ?! Tu parles bien de... Sam ? Sam Winchester ?

-Hm hm, confirme Maeve.

-Oh la vache. J'y crois pas ! J'espère qu'il a conscience de l'or qu'il a entre les mains.

-Ne t'en fais pas, petit frère. Sam est tout à fait conscient de la situation.

"Tout comme moi", se dit silencieusement Maeve.

Finalement, la conversation s'éloigne des Winchester et des atouts non négligeables de l'intrépide Samy. Louis, Audrey, Maeve et Castiel profitent simplement d'un nouvel instant hors du temps, autour du sapin de Noël 2001, expliquant au dernier arrivé les traditions familiales et se racontant tour à tour des anecdotes les éloignant, de très loin, des préoccupations de Maeve et de son père quant à leur avenir. Durant quelques minutes, quelques heures peut-être plus rien ne compte, si ce n'est le bonheur que connaît cette famille enfin réunie.

Malheureusement, le bonheur n'est que de courte durée. Et ce qui est voué à arriver, alors, dépasse de loin les pires scénarios que Maeve aurait pu s'imaginer.