Chapitre 43

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Maeve n'a pas été battue, torturée une seule fois depuis sa première rencontre avec le Roi de l'Enfer. Elle ne reçoit même plus la visite d'autres démons, Crowley étant le seul à venir la voir tous les jours à heure fixe ; aussi, elle a pris l'habitude de se baser sur ses visites pour avoir quelques repères temporels. Elle s'est plusieurs fois demandé pourquoi les démons qui venaient avant ne le faisaient plus, se demandant ce que cela pouvait bien signifier. Si les choses se passent ainsi, ça ne peut pas être sans raison. Pourtant au bout d'un moment, Maeve a décidé d'arrêter de se poser des questions. Après tout, peu lui importe ce qui arrivera plus tard ; pour le moment elle n'a plus mal, elle ne pleure plus, ne souffre plus. Et elle sait s'en contenter.

Aujourd'hui pour leur réunion quotidienne, Crowley amène une chaise près de celle de Maeve et trouve son plaisir du jour dans une tasse de thé à l'odeur étrange, une tasse dont il boit le contenu en bonne compagnie. Lui aussi a décidé d'arrêter de se poser des questions. Tant qu'aucun de ses sujets ne le voit dans cette situation, Crowley n'a rien à craindre. Flirter avec les limites, ça l'excite.

-Pour toi, dit-il en tendant de l'eau à Maeve.

La dernière fois qu'il lui a rendu visite, Crowley a modifié la position de ses menottes pour que la jeune femme puisse être libre de ses mouvements, du moins de ceux de ses bras. Elle attrape donc la bouteille, hoche doucement la tête, gardant toujours cette méfiance à l'encontre du Démon bien trop courtois à son goût.

-Pourquoi... ose-t-elle. Pourquoi est-ce que vous venez me voir si souvent ?

-Je m'ennuie, lui répond Crowley en haussant les épaules. Alors vas-y, distrais-moi. Voyons voir...

Crowley penche la tête d'un air de curiosité, avant de lever le doigt en l'air. Il a trouvé le sujet de conversation du jour.

-Dis-moi, ma jolie, tu as de la famille en Ecosse ?

Maeve trouve la question très étrange, mais ne s'ose pas à l'évoquer. Au lieu de ça, elle répond simplement à Crowley avec les informations qu'elle a en sa possession.

-Ma famille maternelle a débarqué d'un bateau provenant de l'Ecosse au milieu du dix-huitième siècle, avec la colonie du Projet Darien. D'après ce que j'en sais, ça a été laborieux mais mon ancêtre femme et sa fille ont réussi à survivre au voyage.

-Les colonies étaient merdiques à cette époque, acquiesce Crowley en buvant son petit thé. Et tu es déjà retourné sur les terres de tes ancêtres ?

Maeve fait non de la tête.

-Dommage, reprend Crowley. Le pays est bien mieux maintenant qu'au dix-septième siècle, tu peux me croire : moins pourri, moins de vermines. Mais toujours autant de cornemuses ! Enfin, peu importe.

Pendant que Crowley parle de ses souvenirs de l'Ecosse, de la guerre et de la famine, Maeve se demande ce qui est en train de lui arriver. Elle se demande s'il s'agit d'une ruse de Crowley pour qu'elle lui accorde sa confiance, pour qu'elle baisse sa garde. Et il devient de plus en plus difficile pour elle de ne pas tomber dans le panneau...

Car le fait est que Maeve ne trouve pas Crowley aussi horrible qu'elle s'y attendait. Elle a au contraire l'impression que c'est surtout... un homme, avant tout. Un homme qui s'est vu contraint de fuir sa nature profonde parce qu'il avait trop souffert, et par peur de souffrir encore. Un homme qui s'est réfugié dans la débauche, puis dans le mal. Peut-être même a-t-il aimé quelqu'un, un jour.

Mais ici et maintenant, en le regardant parler, allant presque jusqu'à sourire en contant ses histoires, Maeve se pose une question. Si lui a déjà aimé quelqu'un, quelqu'un l'a-t-il aimé en retour ?

La voie des Anges - Partie 1 (A Supernatural Story)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant